EAU, BIEN COMMUN EN DANGER : S’ORGANISER POUR LA PRÉSERVER
La crise de l'eau sera permanente et durable
La sécheresse affecte chaque année notre département et menace la pérennité de notre ressource en eau. Les problèmes de disponibilité de l’eau se traduisent par des restrictions d’accès à l’eau. Ce dernier est réglementé par des arrêtés préfectoraux « sécheresse », adaptés selon les cinq secteurs géographiques de l’Ain.
Ces sécheresses sont emblématiques des conséquences systémiques du bouleversement climatique qui s’aggrave. Cela met aussi en valeur le décalage entre l’adaptation réellement mise en œuvre dans l’urgence et celle qu’il serait nécessaire de planifier. En effet, les climatologues ont déterminé que les activités humaines expliquent les bouleversements climatiques à plus de 97 % [1].
C’est dans ce contexte que, par exemple, des réunions de concertation sur la ressource en eau sont organisées par la Préfecture de l’Ain et d’autres acteurs/actrices du département [2]. Elles visent à chercher des solutions pour améliorer nos pratiques actuelles d’usage et de protection des masses d’eau.
La ressource inépuisable, c’est fini !
Certain.ne.s élu.e.s n’ont pas encore pris conscience de la gravité de la situation : ainsi, quand Jean-Yves Flochon, vice-président du Conseil départemental de l’Ain en charge des ressources naturelles, déclare à la radio « nous avons plusieurs décennies pour nous adapter » [3], cela révèle une croyance selon laquelle nous pourrions puiser l’eau sans limites.
Les scientifiques sont pourtant très clair.e.s : si nous ne faisons rien dans la présente décennie, en 2050, il fera + 3,3° l’été ici, dans l’Ain et il y aura 10 fois plus de jours de canicule, soit 20 jours par an… [4]
De même, la course à l’équipement pour l’irrigation agricole par les eaux du fleuve Rhône empêche des changements de pratiques agricoles indispensables dans le contexte de réduction de l’eau disponible : de janvier à juin 2023, Météo France a annoncé un déficit de pluie de 200 mm à Ambérieu-en-Bugey par exemple.
Rappelons que ce même fleuve Rhône est aussi utilisé pour refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey. L’augmentation de la température des eaux du Rhône provoque ou risque de provoquer l’arrêt de la production d’électricité : c’est le cas en ce mois de juillet 2023 pour le réacteur n°3 par exemple [5]. A l‘heure où le président de la République a décidé la construction de 2 EPR supplémentaires, d’aucun.e.s s’interrogeraient de savoir si ce risque ne va pas être décuplé à l’avenir et rendre problématique la production d’électricité par ce procédé à cet endroit. C’est ce genre de question que pose la Cour des Comptes dans son avis du 17 juillet dernier [6].
Il va donc bien falloir arbitrer entre tous les besoins en eau !
Il faut agir ensemble !
Créée il y a plus de 50 ans, France Nature Environnement Ain travaille avec une multitude de partenaires : Agence de l’Eau, élu.e.s des territoires, services de l’État, syndicats de rivière, paysan.ne.s, autres associations locales… Nous participons à de nombreuses concertations avec ces acteurs/actrices, afin de limiter l’impact des activités sur l’eau. En 2022, FNE Ain a ainsi participé à 31 commissions sur l’Eau ; nous portons à leur connaissance nos observations de terrain et celles que nous font remonter les Aindinois.e.s du réseau Sentinelles de la Nature.
Nous agissons directement pour protéger mares, haies, zones humides… qui hébergent une biodiversité indispensable. Et lorsque la loi sur l’eau de 1992 n’est pas respectée, nous portons le cas devant les tribunaux afin que le droit prévale.
FNE Ain agit pour faire entendre la voix de l’eau et de la biodiversité, car il n’est plus possible de raisonner à court terme, ni de se crisper sur d’anciennes pratiques désormais obsolètes, quand il existe des solutions alternatives. L’eau et la biodiversité qui en dépendent ne sont ni illimitées ni même des « biens » à notre service… Apprenons à les respecter, pour toutes et tous et pour elles-mêmes.
A FNE Ain, nous estimons que l’équilibre entre nos modes de vie et la ressource en eau doit être recherché et qu’il est nécessaire de modifier notre approche de manière générale. Nous pensons que nous devons nous organiser en conséquence, pour mener les actions qui s’imposent à tou.te.s, en s’appuyant sur une connaissance approfondie de l’eau.
Nous sommes pour la mise en place de projets de territoire pour la gestion de l’eau : une démarche reposant sur une approche globale de la ressource en eau sur un périmètre cohérent, co-construite avec l’ensemble des acteurs/actrices. Nous demandons la généralisation à tous les territoires du département la mise en place de ces projets locaux pour la gestion de l’eau.
Nous approuvons la mise en place d’une tarification de l’eau progressive, visant notamment à différencier les usages domestiques indispensables des consommations de confort. Ceci nous semble être une manière d’envisager l’eau comme une ressource finie et d’engager des modifications profondes et désormais incontournables quant à son utilisation.
Contact PRESSE :
Bernadette THIÉBLEMONT
Mail : bernadette.thieblemont@orange.fr
Téléphone : 06 31 12 04 10
[1] : source = Agnès DUCHARN E (Directrice de recherche CN RS UMR METIS – IPSL Sorbonne Université) colloque de LDH et ABCD « Eau, bien commun » à l’antenne de l’université Lyon2 à Bourg-en-Bresse, le 15 octobre 2022
[2] : https://www.sauvonsleau.fr/jcms/e_28217/gestion-de-l-eau–la-dombes-se-projette-en-2050
[3] : Jean-Yves Flochon interrogé par Xavier Jacquet de RCFPdA le 28/4/2023 émission Invité du jour
[4] : source = Samuel VINCENT (Directeur Interrégional Adjoint de Météo-France Centre-Est), colloque à Jujurieux du 25 avril 2023, diapo n°41
[5] : Le Progrès du 15 juillet 2023.
[6] : Rapport de la Cour des Comptes : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-gestion-quantitative-de-leau-en-periode-de-changement-climatique
Publié par FNE Ain
Le Mercredi 02 août 2023
https://www.fne-aura.org/communiques/ain/eau-bien-commun-en-danger-sorganiser-pour-la-preserver/
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