Protéger les zones humides de son territoire : l’exemple de Thonon Agglomération

Zones humides, zones utiles

Les milieux humides remplissent des fonctions primordiales en termes de préservation de l’environnement et de résilience vis-à-vis du changement climatique. Nous n’allons pas développer tous ces aspects ici, mais voici deux rôles essentiels joués par les zones humides : leur fonction hydrologique et écologique.

D’abord, ce sont des “éponges naturelles” qui reçoivent de l’eau, la stockent et la restituent. Par cette fonctionnalité, les zones humides permettent :

• de réguler les crues et de ralentir les débits en période pluvieuse, en stockant l’eau et en retardant ainsi le ruissellement vers les cours d’eau situés en aval. Elles jouent ainsi un rôle dans la prévention contre les inondations.
• de recharger les nappes phréatiques, par infiltration des apports d’eau stockés par la zone humide. Ces processus ne peuvent avoir lieu que sur des substrats perméables ou semi-perméables, tout au long de l’année. Elles limitent ainsi l’assèchement des nappes phréatiques en période chaude.
• de servir de soutien d’étiage pour les cours d’eau en période de sécheresse (d’étiage = période de basses eaux), en restituant progressivement  l’excès d’eau stocké en période pluvieuse. Ce type de mécanisme est généralement associé à un ensemble de zones humides situées sur un bassin versant, plutôt que par une zone humide isolée.

Ensuite, les zones humides constituent aussi de véritables réservoirs de biodiversité : 30 % des espèces végétales remarquables et menacées vivent dans les milieux humides et environ 50 % des espèces d’oiseaux dépendent de ces zones. A titre d’exemple, en Rhône Alpes, les tourbières ne recouvrent que 0,25 % du territoire mais abritent le tiers des espèces rares et protégées. Une zone humide, c’est donc essentiel pour le maintien de la biodiversité.

Pour aller plus loin : https://fne.asso.fr/actualite/en-quoi-les-zones-humides-sont-elles-d-utilite-publique

Rien qu’avec ces quelques fonctionnalités non exhaustives, on peut percevoir l’importance et l’urgence de préserver ces milieux. C’est bien le sens des actions menées par Thonon Agglomération à ce sujet.

Du contrat de rivière au contrat de territoire

En 2004, Thonon Agglomération a dressé le constat d’une dégradation des rivières du bassin versant du sud-ouest lémanique : manque d’entretien des berges et des rivières, artificialisation de leur lit, zones humides laissées à l’abandon, manque de valorisation de ces espaces auprès du grand public.
A travers un premier Contrat de Rivière (2006-2012), un programme d’actions pluriannuel est alors mis en œuvre sur les douze affluents du territoire.

Le bilan dressé suite à cette démarche a mis en avant l’intérêt d’une gestion globale des milieux aquatiques à l’échelle d’un bassin versant et la nécessité d’une concertation entre les acteurs de l’eau.

Dans la continuité des efforts menés depuis 2006, les élus du territoire du sud-ouest lémanique ont alors souhaité poursuivre la gestion de leurs rivières à travers un nouvel outil : le Contrat de territoire. Ce contrat de territoire a pour but de mettre en œuvre une politique globale de préservation et de valorisation des milieux aquatiques : les cours d’eau, les zones humides, les rives du Léman.

Ainsi, depuis 2004 et à travers deux contrats de milieux (contrat de rivières et de territoire), on peut parler d’une gestion des milieux aquatiques sur le territoire de Thonon Agglomération.

La prise en compte des zones humides

Et les zones humides dans tout cela ? A travers les études préalables au montage du Contrat de Rivière du sud-ouest lémanique, une étude a été menée en 2004 sur la valorisation des zones humides d’après les données disponibles de l’époque (inventaire des zones humides réalisé par Asters-CEN74 en 2000). Cette première étude a permis un travail de hiérarchisation des intérêts patrimoniaux et fonctionnels sur 182 zones humides soit 470 hectares.

L’idée était de hiérarchiser les zones humides les plus intéressantes objectivement sur les plans du patrimoine, du fonctionnement hydraulique, des activités socio-économiques et des menaces qui pèsent sur elle. Ce faisant, cela a permis d’analyser l’opportunité d’une gestion de ces zones humides. A noter qu’en 2016, Asters a réactualisé l’inventaire départemental des zones humides, permettant de recenser au total 285 zones humides de plus de 1 000m² sur le territoire de Thonon Agglomération.

Vers une action structurée en faveur des zones humides

Ces plans de gestion s’accompagnent d’une partie « suivi », avec des inventaires faunes-flores. Ces suivis permettent de jauger de l’efficacité des mesures et de suivre l’évolution des sites.

Compte tenu du rapide développement du territoire du sud-ouest lémanique, Thonon Agglomération a lancé en 2021 une étude pour uniformiser les connaissances sur les zones humides du territoire, avec pour ambition de concilier les activités socio-économiques et la préservation des milieux humides

Cette volonté se concrétise aujourd’hui à travers l’élaboration d’un plan de gestion stratégique des zones humides sur le territoire de Thonon Agglomération, qui va s’accompagner d’une phase de concertation. L’objectif est bien de structurer l’action en faveur des zones humides, et d’avoir une vision stratégique de la gestion des zones humides à l’échelle du bassin versant.