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Priorités vitales #5 : Un cadre de vie apaisé

Martine Chatain, Vice-présidente de FNE AuRA, nous livre ses conseils pour favoriser un cadre de vie plus apaisé et durable.

La pandémie de Covid-19 a pointé du doigt les failles de notre société. C’est une injonction à bâtir de nouvelles bases qui respectent notre santé et la nature. Dans un précédent article, FNE AuRA s’est penché sur la question en affirmant ses priorités. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Martine Chatain, Vice-présidente de FNE AuRA. Elle participe dans l’association à la rédaction des avis et recours concernant les projets d’aménagement et d’urbanisme. Retrouvez ses conseils pour adapter notre cadre de vie aux enjeux actuels, et à toutes les échelles. Une priorité vitale pour lutter contre le changement climatique, les pollutions multiples, la baisse de la ressource en eau, etc.

Comment FNE AuRA agit-elle concrètement pour favoriser le développement d’un cadre de vie apaisé et durable ?

Lutter contre le changement climatique en adaptant notre cadre de vie est devenu inéluctable. Les dégâts sont multiples : températures caniculaires, pollution atmosphérique, nuisances sonores, inondations, baisse de la ressource en eau et de la biodiversité.

Pourtant, depuis plus d’une trentaine d’années, se succèdent déclarations politiques, lois et réglementations sur ces sujets. Ceci sans obtenir les succès attendus.

Avec les moyens dont elle dispose aux niveaux régional et départemental, FNE AuRA se mobilise depuis longtemps sur ces sujets. 

Nos actions visant à promouvoir un urbanisme durable

Pour préserver nos biens communs, FNE AuRA promeut des territoires durables où les équilibres environnementaux-économiques et sociétaux sont respectés. L’urbanisme doit y être peu consommateur en espaces naturels et agricoles, économe en eau et résilient aux risques naturels. Il doit également être adapté aux températures excessives, accueillant pour la biodiversité et peu polluant (en limitant notamment les déplacements). Pour cela, les documents d’urbanisme, ScoT*, PLU* ou PLUi*, constituent des étapes clés porteuses du devenir des territoires. Ils ne peuvent désormais viser le seul développement économique. Plusieurs lois l’ont d’ailleurs successivement affirmé et réaffirmé.

Pour atteindre ces objectifs, FNE AuRA intervient dans les commissions de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF). Elle y demande que les SCoT et PLU (ou PLUi) protègent les milieux naturels et les corridors biologiques et limitent l’artificialisation des sols. Elle demande également qu’ils définissent des orientations d’aménagement et de programmation (OAP) réellement respectueuses de la biodiversité. Notre voix y est plus ou moins entendue selon les départements. FNE AuRA intervient également dans les enquêtes publiques pour exprimer ses désaccords vis à vis de projets destructeurs. Enfin, faute d’être entendus, nos recours juridiques sont l’ultime étape lorsque les enjeux environnementaux  sont clairement bafoués. Ce qui entraîne notamment nos recours contre le SCoT et certains PLU de Maurienne (73).

Ces actions sollicitent plusieurs niveaux d’expertises (juridique, biodiversité, fonctionnement des écosystèmes, transports, nuisances sonores, pollutions et santé, etc.). Les complémentarités des compétences – de nos salarié(e)s et de nos bénévoles – sont alors indispensables. Elles ne sont pas toujours faciles à mobiliser. C’est pourquoi, nous nous efforçons d’organiser des formations et des échanges d’expériences inter-départementales.

Toutes nouvelles compétences sur ces sujets sont nécessaires et bienvenues de la part de nos adhérents ou de nouveaux bénévoles !

Nos actions de conseil, promotion ou développement de méthodes et guides

Nous intervenons aussi pour conseiller et définir des solutions adaptées aux besoins d’aujourd’hui.

  • Depuis longtemps, nous proposons des inventaires de milieux naturels et la gestion de ces espaces.
  • En participant en amont des projets, nous pouvons éviter des solutions particulièrement nuisibles à l’environnement. Nos conseils limitent alors les pertes de temps et les recours juridiques inutiles et coûteux.
  • La nature en ville et le maintien d’une trame noire font partie de nos préoccupations et expertises plus récentes. Nous aidons ainsi les collectivités à sensibiliser le public et les acteurs sur ces nouvelles thématiques.
  • Promouvoir et gérer la nature en ville et lutter contre les îlots de chaleur mettent en jeu des compétences multiples. Il ne s’agit pas d’installer des mares où l’eau stagnante permettra le développement de moustiques. Ni même de planter des espèces qui demain nécessiteront des arrosages quand la ressource en eau sera devenue rare. Ou encore, favoriser des corridors biologiques vecteurs d’espèces invasives. Ces sujets sont complexes. Ils nécessitent donc parfois des partenariats organisés avec d’autres associations.

Nos actions d’éducation et de sensibilisation du public

Promouvoir un cadre de vie apaisé et durable, c’est aussi intervenir pour sensibiliser, éduquer et impliquer les habitants. Grâce aux financements accordés, nos salarié(e)s organisent des actions pour tous types de public (sorties, ateliers, conférences, chantiers éco volontaires). De nombreux sujets (eau, déchets, biodiversité, forêt, etc.) sont alors abordés avec des techniques pédagogiques adaptées au public concerné (dont de nombreuses écoles et collèges).

Comment les citoyens peuvent-il agir en faveur d’un urbanisme durable ?

Agir au moment de la planification ou lors des décisions concernant les projets nuisibles

Au-delà des intentions affichées dans les Documents d’Orientations et d’Objectifs des SCoT ou les Projets d’Aménagement et de Développement Durable des PLU ou PLUi, des progrès importants restent à faire pour atteindre les objectifs affichés par le gouvernement de « zéro artificialisation nette des sols » et « zéro perte nette de biodiversité » ! Heureusement, une participation active des citoyens est légalement possible lors de l’élaboration des documents d’urbanisme.

Les documents de planification traduisent les choix politiques d’utilisation des sols. Ils décident ainsi de l’avenir de la ville et de nos territoires.  Préservent-ils les milieux naturels ? Prévoient-ils la multiplication des zones industrielles ? Planifient-ils l’extension de l’urbanisation au détriment des zones agricoles et des paysages ?  Quelles règles seront définies et applicables en matière d’usage des sols, de volumétrie et d’implantation des constructions ? Ou encore en matière de stationnement ou de transports ? Les citoyens doivent donc être vigilants et exprimer leurs attentes en termes de cadre de vie dès les premières étapes. Nos fédérations départementales peuvent alors les aider à s’exprimer.

Agir dans sa vie de tous les jours, s’exprimer, apprendre, partager

Les comportements « éco-responsables » sont les clés d’une réelle maîtrise des ressources et des usages en ville. De nombreuses possibilités sont ainsi offertes aux citoyens pour contribuer à la réussite d’une ville durable. Ils peuvent :

  • exprimer leur soutien aux politiques choisissant des orientations favorables à l’environnement et au développement durable ;
  • aider nos fédérations porteuses d’informations et d’innovations nécessaires dans ces domaines (financièrement ou sous forme de bénévolat) ;
  • exprimer leurs attentes dans les réunions organisées pour impliquer les habitants dans la conception ou la gestion de leur quartier ;
  • participer à des conférences, expositions, ateliers, sorties, chantiers éco volontaires, etc. Ils sont généralement consacrés à la gestion des déchets ou encore à la mise en œuvre de jardins familiaux, à la connaissance de la faune et de la flore, etc. Ils permettent de s’informer, d’échanger des expériences, d’apprendre pour agir seul, en famille ou en commun.
  • favoriser l’usage des transports en commun, respecter les limitations de vitesse en cas de pic de pollution…

Comment un élu, un organisme, une collectivité peuvent-ils agir sur notre cadre de vie ?

Aujourd’hui, il est urgent de concevoir de façon innovante la mise en œuvre d’un urbanisme « apaisé » et durable. Pour cela, les décisions de nos élus sont déterminantes.

Le sujet est certes complexe. Cependant, beaucoup de solutions sont désormais largement expérimentées et documentées, à l’étranger comme en France. Certes, les réticences économiques et sociétales sont puissantes, mais la demande citoyenne est de plus en plus présente.

Le public constate dans sa vie de tous les jours les limites de l’urbanisme actuel. Il est responsable de l’extension démesurée des zones d’activités et zones commerciales, de la pollution de l’air, des nuisances sonores, de la menace sur les ressources en eau et de leurs implications sur notre santé. Les citoyens constatent également le poids croissant dans leur budget des transport domicile-travail. Ils déplorent la disparition des oiseaux, des insectes, le changement du climat avec ses épisodes de canicule et d’inondations. Ils ont donc de plus en plus conscience qu’il est grand temps d’agir.

Il est certes difficile de changer nos habitudes, en témoignent toutes les réticences actuelles. Mais, nos élus ont maintenant des décisions courageuses à prendre. Ils peuvent cependant compter sur les compétences disponibles au sein de leurs services techniques et des services de l’État. Ils ont également la possibilité de s’appuyer sur nos associations en lien direct avec les citoyens.

 

 

Glossaire :

SCOT * : Schémas de COhérence Territoriale.

PLU * : Plans Locaux d’Urbanisme.

PLUi* :  Plan Local d’Urbanisme Intercommunal.

 

Pour aller plus loin sur la thématique de l’urbanisme durable :

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Mardi 15 septembre 2020

https://www.fne-aura.org/actualites/region/priorites-vitales-5-un-cadre-de-vie-apaise/

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