Aimez-vous le maïs ? On en a mis partout !

Partout dans l’espace

Après un terroir savoyard traditionnel (la polenta), le maïs a conquis en France des territoires où l’été apporte la chaleur, mais aussi l’eau, grâce à la pluie ou par irrigation : Alsace et Sud-Ouest, ainsi que la Bresse. A un autre niveau, il a conquis beaucoup de marchés : non seulement les aliments pour bétail (avec importation de soja, d’où le défrichement de la forêt amazonienne) mais l’alimentation des jeunes enfants : les mères de famille savent-elles que la mention « glucose » cache le fait que l’amidon du maïs a subi en usine un traitement chimique à l’acide chlorhydrique, pour remplacer le sucre de canne ou de betterave (cultures traditionnelles par ailleurs menacées) ?

Partout dans le temps

En Rhône-Alpes, le maïs a depuis longtemps nourri les « ventres jaunes » de la Bresse et leurs volailles, avant que sa voisine, la Dombes « sous-développée », bénéficie de la même manne (avec pesticides et force engrais) au milieu des étangs ou par leur mise en assec, surtout depuis les années 1960. Le bocage et la production laitière en ont fortement souffert, tout comme l’avifaune indigène et la biodiversité. Tout récemment, en Auvergne, le maïs (fourrage) a grimpé jusqu’à 1 240 m, superposé à une « zone montagne » qui débute à 800 m ! La lentille du Puy (appellation AOC) en souffre, ni dopée ni subventionnée, contrairement au maïs.

Partout dans l’espace-temps

Une sécheresse avérée et généralisée vient de porter un coup fatal à une monoculture coûteuse et polluante, soumise à un échec cuisant non prévu par les professionnels, privés et publics. Le maïs a donc désormais son avenir (et le nôtre) derrière lui. Une véritable économie, intégrant des contraintes écologiques et sociétales croissantes, est le seul remède à la fuite en avant d’un système agro-alimentaire soumis aux puissances de l’argent.

Une réponse « politique », et non politicienne, est donc nécessaire…

Philippe Lebreton (Officier du Mérite Agricole)