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Mystérieux chat forestier
Minuit. La lune balaye la clairière d’un étrange halo lumineux. Un bosquet de fougères frémit légèrement à l’orée de la forêt. Une silhouette s’en détache lentement. Discrète, féline, gracieuse… Le chat forestier part en chasse.
Mystérieux chat forestier
Ne vous méprenez pas. Malgré sa forte ressemblance avec son cousin domestique, le chat forestier est une espèce sauvage à part entière. Depuis toujours, il convoite les forêts françaises pour le gîte et les zones plus ouvertes pour le couvert. Jusqu’au milieu du 20ᵉ siècle, sa discrétion et ses mœurs furtives alimentent l’imaginaire collectif et façonnent injustement l’image d’un animal féroce et nuisible.
Pourtant, composé presque essentiellement de campagnols, mulots et souris, son régime alimentaire fait de lui l’un des meilleurs alliés de l’Homme. Il régule activement les « rats taupiers », tant redoutés par le monde agricole et jardinier. Les bienfaits économiques et environnementaux que présente sa préservation ne sont plus à démontrer.
Discret chat forestier
Si le chat forestier demeure si méconnu, c’est en raison de ses mœurs discrètes. Nocturne, sa forte ressemblance avec Felis Catus, son cousin domestique également tigré, brouille les pistes. Il s’en distingue toutefois par plusieurs critères morphologiques :
• une fourrure épaisse et des membres robustes lui confèrent un aspect plus trapu,
• une large queue touffue et arrondie, surmontée d’un manchon terminal et de trois à cinq anneaux noirs bien marqués,
• une ligne dorsale noire courant de la nuque jusqu’à la naissance de la queue,
• une robe de couleur fauve à grise, aux rayures beaucoup moins marquées que chez le chat domestique.
Son hybridation possible avec son cousin domestique participe également à l’amalgame général. Autre confusion courante, celle avec le chat haret qui n’est autre qu’un chat domestique retourné à l’état sauvage.
Rare chat forestier
Il était autrefois chassé pour sa fourrure et ses habitats détruits. À partir de 1979, son inscription sur les listes d’espèces protégées contribue à la stabilisation de ses populations. Depuis lors, le chat forestier semble en expansion en France, bien présent dans tout l’ouest ligérien. Toutefois, les populations demeurent fragiles.
Collision routière, disparition des haies et des prairies, hybridation possible avec le chat domestique constituent autant de menaces qui planent sur le chat forestier. Elles font de lui une espèce à suivre et à protéger.
Sa préservation passe avant tout par son suivi scientifique. Elle passe aussi par la conservation des belles forêts parsemées ou bordées de clairières et de prairies. Sans oublier deux stratégies capitales :
– le maintien des lisières forestières et des zones de fourrés et de friches associées,
– la restauration des continuités écologiques entre les différents massifs forestiers.
Cet animal sensible et si emblématique de nos forêts devrait ainsi pouvoir continuer de chasser sous la lune…
Crédit photo de l’en-tête : © Wikimedia