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Un printemps sans chasse ?

La Préfecture de l'Ain veut (encore !) prolonger la chasse au sanglier ! On vous explique pourquoi on a donné un avis défavorable à ce projet d'arrêté et on vous donne les clés pour participer à la consultation du public !

On vous dit tout sur le fameux projet d’arrêté pour prolonger la chasse au sanglier !

Pressé.e ? Les informations essentielles sont en bleu !
Curieux.se, pointilleux.se ? Les détails sont entre les lignes…

Pour un printemps sans chasse ?!

Petite devinette : après l’hiver vient ? … aaaaaaah mais oui, le printemps ! Bravo.
Les jours s’allongent, la nature renaît, les oiseaux chantent, les morilles pointent le bout de leur chapeau. C’est aussi l’occasion pour bon nombre d’entre nous de retrouver plus souvent, plus longtemps, les joies des activités de plein air. À ce tableau bucolique, il risque bien de falloir rajouter les jappements des chiens, vrombissements de 4×4 et autres symphonies des coups de carabine.

En effet la Préfecture de l’Ain veut (encore !) prolonger d’un mois la chasse au sanglier, jusqu’au 31 mars (au lieu du 28 février).

http://www.ain.gouv.fr/projet-d-arrete-modifiant-la-date-de-fermeture-de-a6525.html

Le projet a été présenté en Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS), présidée par le Mme la Préfète, le 28 janvier dernier. Cette assemblée regroupe les représentants des différents acteurs concernés, dans des proportions hélas fort variables : l’Etat, le monde agricole, les forestiers, les piégeurs, les chasseurs et (un peu) les association de protection de la nature et les scientifiques. FNE Ain, la Ligue pour la Protection des Oiseaux, l’Office National des Forêts et la Réserve Naturelle Nationale de la Haute-Chaîne du Jura ont ainsi émis un avis défavorable, mais les représentants cynégétiques, majoritaires à la CDCFS, ont emporté l’avis favorable de la commission.

Aujourd’hui, le public est appelé à s’exprimer, préalablement à la décision de Mme la Préfète. Il y a beaucoup à dire sur les consultations du public et leur impact réel sur les décisions des autorités administratives. Il nous paraît néanmoins important de montrer aux services de l’Etat que ce ne sont pas seulement quelques structures de protection de l’environnement qui s’opposent à ce projet, mais également de nombreux citoyens dont nous portons la parole.

Participez à la consultation en ligne sur la prolongation de la chasse au sanglier

Nous vous invitons donc à répondre à la consultation en ligne et envoyer votre avis sur la question à ddt-spge-fspc@ain.gouv.fr avant le 19 février.

Parmi les informations que nous pensons importantes, et sur lesquelles nous avons basé notre avis défavorable, notons que :

  • la problématique du sanglier est d’abord liée plus globalement aux pratiques agricoles et de chasse actuelles.
  • la relation de la plupart des chasseurs de gros gibier à l’espèce n’en fait pas les meilleurs régulateurs :
    ➡ beaucoup de sangliers : ce sont des parties de chasse réussies, et la possibilité d’attirer des invités – éventuellement payants – sur les territoires giboyeux ;
    ➡ tirer trop de sangliers : c’est au contraire risquer de le faire diminuer sur son territoire de chasse.
  • le tir du sanglier a déjà été autorisé 9 mois en 2020 :
    ➡ jusqu’à fin mars 2020 (au lieu de fin février : dérogation +1 mois) et depuis le 15 août 2021 (au lieu du 13 septembre : dérogation + 1 mois) [source]
    ➡ depuis le 1er juin sur autorisation (pour les chasseurs) [source]
    ➡ depuis le 1er juillet dans le cadre de tirs de destruction (espèce classée ESOD = « nuisible ») (pour les louvetiers, les gardes particuliers, les agents de l’OFB et des Réserves Naturelles, voir plus bas) [source]
    ➡ pour rappel, des dérogations ont aussi été accordées pour réguler le sanglier lors des épisodes de confinement appliqués à la population française
  • cette dérogation n’a pas d’utilité en termes de gestion : les chasseurs de sangliers sont de toute façon peu actifs en fin de saison car les hommes sont fatigués, les chiens ont souvent été blessés voire tués, et avec la mise-bas les laies défendent leur portée avec ardeur, multipliant les risques pour les traqueurs et leurs animaux. Le bilan de la dérogation de mars 2020 est éloquent à ce titre : 83 bêtes tuées (dont plus de la moitié sur la seule Unité de Gestion 3, en Dombes) sur un total de 5035 au 15 janvier 2021, soit 1,65% du bilan annuel provisoire de cette année. Honnêtement, cela justifie-t-il une dérogation générale ?
  • en cas de soucis avérés, le sanglier peut encore être tiré jusqu’au 30 juin au moins par les personnes habilitées (lieutenants de louveterie, agents de l’Office Français de la Biodiversité et des Réserves Naturelles, gardes particuliers, plus éloignés des conflits d’intérêts lié au sanglier que les chasseurs locaux).
  • cette dérogation pose en revanche problème pour l’environnement : en mars, c’est la saison de reproduction pour de nombreuses espèces d’oiseaux, de reptiles … susceptibles d’être dérangées par les parties de chasse. Comme le rappelle la LPO, qui s’intéresse aussi à la faune sauvage non chassable, « ce n’est pas un hasard si la chasse n’est habituellement pas autorisée au printemps et en été ». [source]
  • comme l’homme fait tant bien que mal partie de la nature, n’oublions pas l’immense majorité de la population, qui ne chasse pas et attend les beaux jours pour profiter de son environnement ; tandis que les chasseurs ont bénéficié de dérogations pour le confinement et occupé l’espace, y compris les mercredis et week-ends, depuis l’été dernier, leur présence au printemps pour des raisons mal fondées risque logiquement d’exacerber les tensions et conflits d’usage, sans parler des éventuelles problèmes de sécurité 

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Publié par FNE Ain

Le Mardi 09 février 2021

https://www.fne-aura.org/actualites/ain/printempssanschasse/

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