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Les emballages dits biodégradables sont-ils écologiques ?

Avec l’essor des critiques contre le plastique pour le désastre écologique qu’il engendre, les chercheurs tentent de plus en plus de reproduire du plastique biodégradable qui n’est pas dérivé du pétrole, tout en possédant les avantages de cet emballage controversé : léger, compact, incassable et peu cher ! Mais ces emballages sont-ils réellement écologiques et biodégradables ?

Emballage biodégradable et emballage compostable

Un emballage compostable est forcément biodégradable. En revanche, un emballage biodégradable n’est pas forcément compostable. Quelles sont les différences entre ces deux types d’emballages ? 

Tout d’abord, un emballage biodégradable est un emballage qui, sous l’effet de conditions externes telles que la lumière, l’air, l’humidité ou des microbes, va venir se dégrader en composants naturellement présents dans la terre sans y laisser de traces toxiques. En revanche, il n’apportera pas forcément de minéraux valorisables pour la terre. Un emballage n’est biodégradable que s’il se décompose en l’espace d’une seule génération et ne laisse derrière lui que de l’eau, du dioxyde de carbone, des minéraux naturels et de la biomasse.

Au contraire, l’emballage compostable viendra se décomposer en nutriments bénéfiques pour le sol : c’est ce que l’on appelle le compost. Pour qu’un emballage soit compostable, il doit être mis dans un environnement spécifique qui obéit à certaines conditions de température, de pression, d’oxygène, etc.  

Cependant, l’utilisation du mot biodégradable pour les différents emballages est controversée car elle peut être parfois trompeuse et induire les individus en erreur. En effet, tous les matériaux sont en fait biodégradables dans le sens général du terme, même les plus nocifs pour l’environnement qui mettent des centaines d’années à se désintégrer tout en libérant des toxines dans le sol. 

Y a-t-il une norme qui régit les emballages biodégradables ?

La norme EN 13432 de l’Union Européenne est appliquée en France sous le nom (NF EN 13432) et elle permet d’obtenir des certificats.

Que dit cette loi ? 

  • Un matériau, pour être considéré comme biodégradable, doit se dégrader à 90% en l’espace de 6 mois.
  • Il doit aussi atteindre un niveau de désintégration (disparition visuelle) élevé : il doit rester au maximum 10% de résidus ne mesurant pas plus de 2mm.
  • Le matériau doit avoir une faible concentration en métaux lourds et fluor et avoir une bonne qualité de compost.
  • Les paramètres chimio-physiques (azote, phosphore, magnésium, potassium, contenu salin, niveau solides-volatiles) doivent rester inchangés une fois le matériau dégradé.
  • L’absence d’effet négatif sur le déroulement du processus de compostage.

Le bioplastique : pas si écologique ?

Le plastique biosourcé est composé entièrement ou en partie (minimum 40%) de matière première végétale, tel que l’amidon de maïs, la canne à sucre, ou encore à base d’algues. L’autre partie peut être composée de pétrole. 

Bien que la matière végétale soit en général compostable, ce type de plastique soulève tout de même plusieurs questions. 

Tout d’abord, qu’en est-il de son mode de fabrication ? Produire du plastique à base de végétaux signifie produire à grande échelle et souvent en monoculture. Cela nécessite beaucoup d’eau, d’énergie, et cela empêche aussi l’utilisation de ces terrains à des fins alimentaires. Nous pouvons aussi nous questionner sur l’utilisation de ressources alimentaires pour fabriquer des emballages. Cependant, si celui-ci est fait à partir de résidus végétaux, le bilan environnemental pourrait être acceptable, dû à la valorisation des déchets. 

De plus, si la totalité du plastique biosourcé est fait de matière première végétale, nous pouvons nous inquiéter de la présence de pesticides ou d’engrais chimiques sur les champs, ce qui nuit à la biodiversité et à la nature en général. 

Ainsi, le préfixe « bio » ne veut pas dire que le produit est issu de l’agriculture biologique et qu’il n’est pas inoffensif pour l’environnement. Cette appellation a tendance à porter à confusion.

L’utilisation du mot biodégradable qui induit en erreur

Il est important de rappeler que, même si certains des emballages que nous achetons sont biodégradables, ils ne le sont que dans des conditions précises (température entre 50° et 70°, taux d’humidité suffisant, présence de micro-organismes, oxygène…). Bien souvent, ces conditions ne sont atteintes que lors de conditions industrielles. 

De plus, selon une étude réalisée par une agence environnementale allemande, les plastiques, même s’ils sont biodégradables, finissent rarement dans des systèmes de compostage appropriés, mais plutôt dans des décharges, sans les conditions adéquates pour leur décomposition. Les emballages doivent être correctement recyclés afin d’être collectés et compostés. Cependant, en Europe, il n’y a pas de réseau de collecte des emballages biodégradables ni de système de tri optimal pour ces derniers, ce qui rend très difficile la distinction d’un plastique normal d’un plastique biodégradable dans les chaînes de tri. C’est le cas par exemple des plastiques faits de PLA (acide polylactique) qui finissent incinérés car ils ne sont pas reconnus par les machines dans les centres de tri. 

Par ailleurs, les Labels tels que OK Biobased certifié en Europe permettant de guider les consommateurs peuvent également induire en erreur. Dans le cas des emballages compostables le consommateur risque de confondre le label « compostable industriellement » et le label « compostable à la maison » sans y prêter grande attention. Sans un manque de communication autour de ces labels et sur la manière de les utiliser, les consommateurs risquent de composter des emballages non biodégradables sans l’aide industrielle et ainsi de polluer les sols. 

Enfin, utiliser l’appellation biodégradable peut avoir des répercussions négatives. C’est par exemple le cas des filtres de cigarettes dits « biodégradables » qui, même s’ils se dégradent effectivement bien dans la nature, sont tout de même très néfastes pour l’environnement. Ces filtres servant à bloquer les substances toxiques et cancérigènes pour l’être humain de la fumée de cigarette. Beaucoup de ces substances se retrouvent donc dans les filtres biodégradables, telles que de l’aluminium, du plomb, du titane, du mercure ou encore de l’arsenic, et viennent polluer les sols et l’eau lorsque ceux-ci sont jetés au sol. De plus, le fait de savoir que ces filtres sont biodégradables peut inciter les individus à davantage les jeter au sol au lieu de les jeter dans un contenant adapté. 

En conclusion

Plusieurs facteurs remettent en question ces emballages biodégradables : la condition quasi obligatoire de la dégradation en condition industrielle, les problématiques de collecte, de transport des déchets, la difficulté pour les recycler ou les incinérer, ainsi que la mauvaise communication autour de l’appellation « biodégradable ». 

Bien que les recherches continuent et le progrès avance en terme de matériel biodégradable, la meilleure solution est d’éviter tout type d’emballage ! Et lorsqu’il est compliqué d’éviter les emballages, il est préférable de réutiliser ceux que nous possédons (bocaux en verre, sacs plastiques, etc.) avant de les jeter ou de les mettre au recyclage. Essayez de leur donner une seconde vie !  

Publié par FNE Isère

Le Jeudi 25 février 2021

https://www.fne-aura.org/actualites/isere/les-emballages-dits-biodegradables-sont-ils-ecologiques/

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