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Lynx : un petit clic pour sauver un grand félin

Le ministère de la transition écologique vient d’ouvrir une consultation publique sur le plan national d’actions en faveur du lynx, espèce menacée. France Nature Environnement vous invite à donner votre avis sur le site web du ministère avant le 27 octobre 2021.

Le lynx, le plus grand félin sauvage d’Europe

Comme le loup et l’ours, le lynx est un grand carnivore. C’est un félin au corps relativement court avec un pelage constellé de petites ou grandes taches plus ou moins sombres en forme de points ou d’ocelles. Ses pattes sont longues et ses pieds larges. Le lynx est reconnaissable à sa tête arrondie et à son museau court, aux pinceaux de poils noirs au bout des oreilles, aux favoris, ces longs poils qui ornent le cou, et à une queue courte terminée par un manchon noir. Il se déplace généralement au pas, avec l’allure souple propre aux félins.

En France, le lynx fréquente essentiellement les forêts de montagne où il va chasser à l’affût ses proies, principalement des chevreuils et des chamois. A l’exception de la période de rut (février-mars) et de l’élevage des jeunes pour la femelle (naissances en mai, séparation de la mère au 10ème mois), le lynx vit seul sur un territoire assez important de 100 à 400 km2.

Pourquoi faut-il se mobiliser en faveur du lynx ?

Le lynx a progressivement disparu de France entre le 17ème et le début du 20ème, suite à la régression des forêts, à la raréfaction de ses proies et aux persécutions directes dont il a été la cible. Grâce à des réintroductions menées en Suisse dans les années soixante-dix, l’espèce a recolonisé lentement le Jura, puis les Alpes. Des réintroductions ont aussi été conduites dans les Vosges dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, mais ont échoué, essentiellement à cause des tirs illégaux de la plupart des animaux relâchés.

En dépit de son statut d’espèce protégée au niveau national et de son classement en tant qu’espèce « En danger » de disparition sur la liste rouge de l’UICN, le lynx boréal reste aujourd’hui très menacé : par les collisions avec les véhicules sur les routes, par des axes de transport et constructions humaines qui empêchent les différentes populations de se rencontrer ou de se disperser, par les destructions illégales qui perdurent, par un rejet d’une partie du monde de la chasse qui le considère comme un concurrent et par des éleveurs qui craignent de voir leurs élevages menacés, même si les prédations du lynx sur les ovins sont rares.

A quoi va servir le plan national d’actions en faveur du lynx

Les données de suivi de terrain et les expertises scientifiques ont révélé que la population de lynx en France est particulièrement inquiétante, l’espèce étant même considérée en voie d’extinction dans le massif des Vosges.

L’objectif du plan national d’action est de mettre en œuvre une stratégie sur 5 ans dans un premier temps, pour rétablir la population de lynx dans un bon état de conservation en mobilisant les différents acteurs concernés (scientifiques, administrations, socio-économiques, associatifs) autour d’actions clés permettant d’améliorer les connaissances sur la biologie et le comportement du lynx, définir les menaces et les actions à mettre en place selon les massifs où l’espèce est présente, informer les acteurs concernés et le public, améliorer la prise en compte de l’espèce dans les activités humaines et permettre une meilleure cohabitation avec l’élevage ovin en aidant les éleveurs à mettre en place des mesures de protection adéquates.

Comment participer à la consultation ?

Rendez-vous avant le 27 octobre sur la page web de la consultation pour avoir plus d’informations et postez votre commentaire sur la page prévue à cet effet. Il est important de personnaliser votre réponse et de ne pas faire un simple copier-coller des arguments proposés, pour que votre réponse soit bien comptabilisée lors de la synthèse de cette consultation.

Que dire ?

Nous vous invitons à répondre à la consultation en donnant un avis favorable à ce plan national d’actions en reprenant les réserves et remarques énoncées ci-après.

  • Les recommandations exprimées par le Conseil national de protection de la nature dans son avis du 6 juillet 2021 doivent être impérativement mises en œuvre.
  • Le projet de plan national d’actions mentionne explicitement le rejet de toute régulation du lynx (tirs légaux). Cette mention doit impérativement être conservée dans la version finale du plan national d’actions.
  • Certaines actions prévues dans le plan national d’actions ne sont toujours pas budgétisées et leur financement n’est pas encore assuré. Il est surprenant que l’Etat, qui se targue sur la scène internationale d’être mobilisé pour sauver la biodiversité, fasse appel à des fondations et des financeurs privés pour boucler son budget. L’Etat doit prendre ses responsabilités en consacrant des moyens financiers et humains importants pour assurer la mise en œuvre rapide et efficace des différentes actions prévues dans ce plan national d’actions.
  • Face aux réticences de chasseurs et d’éleveurs, les opérations de réintroductions sont conditionnées, y compris dans le noyau vosgien où l’espèce est pourtant en voie d’extinction, à la mise en place d’une part d’une expertise scientifique et d’autre part à l’adhésion de tous les acteurs. L’Etat a déjà beaucoup tardé avant de proposer ce plan national d’actions. Il faut impérativement que l’expertise scientifique sur les réintroductions soit lancée au plus vite. Conditionner les opérations de réintroductions à l’accord unanime de toutes les parties invite les chasseurs et les éleveurs à camper sur leurs positions. Au regard de la situation critique du lynx, il faut que l’Etat prenne une décision courageuse en dépit des blocages. Le lynx n’aura pas le temps d’attendre le changement des mentalités.
  • En réponse aux destructions illégales de lynx qui perdurent, l’Etat doit montrer que ces destructions renforcent sa motivation et son engagement en procédant dans les meilleurs délais au remplacement des animaux détruits illégalement, notamment dans le massif des Vosges. Les enquêtes conduites pour retrouver les auteurs des faits sont compliquées (découverte tardive des cadavres, omerta, …), mais ces difficultés ne doivent pas être renforcées par une insuffisance de moyens humains et financiers alloués à l’Office français de la biodiversité, chargé de la police de l’environnement.
  • Sans les résultats de l’étude sur l’impact du dérangement du lynx et ses habitats par les activités humaines (chasse, tourisme de nature, exploitation forestière, aménagement, …), la création des zones de tranquillité ne doit pas être écartée ce que demandent pourtant massivement les chasseurs dans la présente consultation.
  • L’accompagnement des éleveurs à la présence du lynx, la généralisation des moyens de protection et leur adaptation à la variété des conditions locales doit être une priorité. Cette généralisation est utile à plusieurs titres : elle permet d’éviter les rares attaques du lynx mais aussi les prédations par les chiens ou les vols de brebis, et de préparer les éleveurs au retour du loup dans les secteurs où le canidé est aujourd’hui absent.

Crédit photo : Charles METZ

Contribution associative déposée par plusieurs fédérations FNE
https://www.fne-aura.org/uploads/2021/10/reponse-fne-consultation-pna-lynx.pdf

Publié par FNE Haute-Savoie

Le Vendredi 22 octobre 2021

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