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Autonomie alimentaire ou entrepôts logistiques, il faut choisir !

Après la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine, au-delà de son lot d’atrocités, nous a brutalement rappelés à la réalité : à cause de la mondialisation et grâce aux transports longue distance, notre pays est devenu ultra-dépendant des importations, y compris pour ce qui nous est vital, notamment notre agriculture.

Les lobbies de l’agriculture industrielle, FNSEA en tête, n’ont pas attendu. Ils ont profité de la caisse de résonance du Salon de l’Agriculture pour brandir la nécessité de produire plus, donc d’intensifier encore plus pour nourrir le monde ! Quel beau slogan quant il s’agit surtout de se remplir les poches avec des cours mondiaux de céréales au plafond ! Notre ministre de l’agriculture et notre président-candidat n’ont pas tardé à emboîter le pas…

Arrêtons-nous quelques instants pour un état des lieux sommaire. Sommes-nous dépendants en céréales ? Non, nous les exportons massivement à bas prix en raison des subventions européennes de la PAC. Manquons-nous de viande ? Non, et nous en mangeons beaucoup trop (ce qui nuit gravement à notre santé – maladies cardiovasculaires, maladies rénales, cancers…) et nous exportons de nombreux bovins vivants. Manquons-nous de laitages ? Non plus, nous exportons même du lait débarrassé du lactose pour que les chinois, massivement intolérants à ce sucre, puissent nous imiter ! Alors pourquoi l’agriculture française n’est-elle plus en mesure de nourrir sa population et accuse-t-elle désormais un déficit commercial ? Parce que nous importons massivement de l’alimentation, notamment du soja mais aussi d’autres oléagineux, pour nourrir nos élevages intensifs de volailles, de porcs et de bovins ! Ce sont le poulet tout mou dégoulinant de gras, le foie gras de canard industriel, le porc sans saveur et le lait insipide en brick qui sont responsables de cette anomalie. C’est aussi parce que nous ne produisons plus assez de fruits et légumes, ni d’oléagineux pour nous nourrir. En résumé, nous exportons des denrées bon marché subventionnées et nous importons des oléagineux, des protéagineux et des fruits et légumes à forte valeur ajoutée. Sans compter qu’engrais azotés mais aussi potasse et phosphate sont massivement importés, de même que les pesticides qui arrosent les cultures !

Lorsque l’on a cela en tête, on se dit que si l’on veut s’en sortir dans un monde devenu hostile, il va falloir retrouver notre autonomie et ce n’est pas en épandant massivement des engrais chimiques et des pesticides fabriqués à l’étranger que l’on va y arriver (voir l’article du Monde : « Vouloir produire plus au nom de l’indépendance agricole, c’est comme vouloir mettre plus d’automobiles sur les routes au nom des économies d’énergie »). Nous avons des milliards à disposition pour transformer notre agriculture, reconnecter l’élevage à la terre et abolir cette tache sur notre humanité qu’est l’élevage industriel, rebâtir un système basé sur la polyculture/élevage plutôt que d’immenses monocultures, reconstruire les ceintures maraîchères autour de nos villes…

Mais, nous devons une bonne fois pour toutes réaliser que la terre est ce qui nous nourrit et arrêter cette destruction insensée de nos meilleures terres agricoles pour construire d’immenses entrepôts logistiques, symbole de cette mondialisation qui se désintègre sous nos yeux, et des routes inutiles car qui peut croire que l’on roulera autant à l’électricité chère qu’avec le gasoil à bon marché ? Nous ne pouvons plus nous permettre de détruire la surface d’un département tous les 10 ans. Le « zéro artificialisation nette » ne doit plus être slogan mais devenir réalité et c’est tout le sens de l’action qui nous anime chaque jour, rejoignez-nous, aidez-nous !

Eric Feraille
Président de FNE AURA
Édito de la newsletter mensuelle

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Lundi 28 mars 2022

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