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Des papillons de nuit… en plein jour !

Par une belle journée d’été, vous vous promenez au bord d’une prairie fleurie, tous les sens offerts à la nature. Vous remarquez les ballets multicolores des papillons et vous vous dites que, décidément, ils se font de plus en plus rares. Grrrr, ces pesticides !

Vous avez raison ! Mais avez-vous également remarqué les discrets papillons qui volettent de façon hésitante avant de se poser contre une tige à la verticale, repliant les ailes en toit au-dessus de l’abdomen ? Leur présence est souvent éclipsée par les paons du jour, cuivrés et autres « petits bleus ». Et pourtant…

Ce sont bien des papillons, ou Lépidoptères, avec leurs quatre ailes couvertes d’écailles et leurs pièces buccales transformées en trompe pour aspirer le nectar des fleurs et autres liquides qui composent leur alimentation. Pourtant, ils appartiennent au sous-ordre des Hétérocères, improprement appelés « papillons de nuit ».  Contrairement aux Rhopalocères (ceux auxquels on pense quand on évoque les papillons) qui ont tous des antennes terminées en massue, les Hétérocères présentent une grande diversité d’antennes. En particulier, elles peuvent être filiformes mais aussi, pour les mâles, en peigne ou plumeuses. Cela leur permet de détecter les moindres traces de phéromones émises par les femelles car pour eux, l’odorat est roi…

Papillon « de jour » ou papillon « de nuit » ?… Tout est dans les antennes !
Rhopalocères (« cornes en massue ») ou Hétérocères (« cornes différentes ») ?

Nombreux sont les Hétérocères à posséder des antennes filiformes.

Des antennes en massue, typiques des Rhopalocères.

Attention : piège ! Les zygènes sont des Hétérocères mais l’épaississement de leurs antennes est trompeur.

Avec ses antennes pectinées, ce papillon est assurément un mâle d’Hétérocère (ici, Ematurgia atomaria).

Discrets, les Hétérocères… et pourtant ils sont plus de 5 200 espèces en France métropolitaine, contre « seulement » 257 espèces de Rhopalocères. Si nombreux sont ceux qui sont effectivement actifs la nuit, 40 % des Hétérocères sont en réalité partiellement ou totalement diurnes. Sans compter ceux que l’on découvre par hasard en observant les lichens d’un tronc voire que l’on dérange en plein sommeil, en marchant dans les hautes herbes. Si la majorité d’entre eux ne dépassent pas quelques millimètres, certaines espèces d’Hétérocères diurnes peuvent atteindre plus de 6 cm !

Cherchez le papillon…

La tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) sous… une feuille de chêne.

La phalène de l’aulne (Phigalia pilosaria) est parfaitement adaptée à son environnement.

La délicate brocatelle d’or (Camptogramma bilineata).

Vous vous dites peut-être que, bien que nombreux, ces papillons ne sont pas très beaux… Bien au contraire !

La famille d’Hétérocères la plus active de jour est celle des zygènes. Un coup d’œil trop furtif pourrait laisser penser qu’elles possèdent des antennes en massue alors qu’il n’en est rien : leurs antennes s’épaississent progressivement en s’éloignant de la base. Vous les avez sûrement déjà vues : le plus souvent vêtues de rouge et noir, elles peuvent se rassembler à plus de dix sur les fleurs pour butiner.

La zygène de la filipendule (Zygaena filipendula), une des plus communes.

Trio de zygènes de l’esparcette (Zygaena carniolica).

La zygène de l’esparcette (Zygaena rhadamanthus), une méditerranéenne.

Les zygènes ne sont pas les seuls Hétérocères à arborer des couleurs vives…

Ça scintille chez la tordeuse de l’œillet (Olethreutes arcuella) !

Une chenille ornée d’une « corne » ?
C’est une chenille de sphinx ; ici, celui de l’euphorbe (Hyles euphorbiae).

Un petit sphinx de la vigne (Deilephila porcellus) en plein repos diurne…

La très commune phalène picotée (Ematurgia atomaria) présente une grande diversité de formes.

L’écaille marbrée de rouge (Callimorpha dominula), entre smoking noir & blanc et livrée rouge vif.

Une panthère à écailles (Pseudopanthera macularia).

Si beaucoup d’Hétérocères sont adeptes des tons bruns ou gris, c’est pour soigner leur camouflage afin d’échapper aux prédateurs. Mais prenez le temps de les observer de près : lignes délicates, motifs dignes du test Rorschach, livrée de panthère, taches nacrées, dessins d’yeux plus vrais que nature… ils n’ont rien à envier aux Rhopalocères !

La bien-nommée doublure jaune (Euclidia glyphica).

Le mi (Euclidia mi) est strictement diurne ; il est un peu commun que la doublure jaune.

Une des plusies les plus communes : le gamma (Autographa gamma).

La phalène de l’ansérine (Scotopteryx chenopodiata).

Un papillon du genre Epirrhoe. Quant à connaitre l’espèce…

Un accouplement de tordeuses de l’oeillet (Cacoecimorpha pronubana) ; bien visible ici, la femelle.

Alors, prêt.e.s à fouiller la végétation pour admirer ces merveilles lors de votre prochaine sortie ?

Ensuite, vous n’aurez qu’une envie : participer à un inventaire nocturne pour découvrir l’univers fascinant de tous les autres Hétérocères…

Une brocatelle d’or (Camptogramma bilineata) au grand jour

Publié par FNE Ain

Le Mercredi 06 juillet 2022

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