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Portraits de bénévoles : Jacques

Les mots de Jacques… « Le fait générateur de mon engagement, a été la destruction des rivières. Je ne l’ai pas accepté et je ne l’accepte toujours pas. Surtout pour faire des bêtises. Si encore ça sauvait des vies, mais au contraire ça a plutôt tendance à en mettre en danger. Je ne suis pas de la « deep écology » et je ne reconnais pas de valeur en soi à la Nature, je ne suis pas un « décroissant ». Je ne crois pas à l’écologie punitive, mais à la nécessaire décroissance de l’empreinte de l’homme sur la nature ».

Pour la sauvegarde des rivières…

Jacques Pulou est né en 1954, il est Toulousain et passionné par la pêche. Il a réalisé la plus grande partie de sa carrière à Orange en tant qu’Ingénieur Recherche et Développement. Avant de prendre sa retraite, il représentait l’entreprise dans des conseils scientifiques, des comités de pilotages, des projets collaboratifs locaux, etc. C’est le Monsieur Rivière de FNE Isère. Il y est bénévole depuis le début des années 80. Son arrivée à FNE Isère, s’est faite naturellement : il faisait déjà partie d’une association de pêche qui elle-même était adhérente. Convaincu que la protection des rivières ne pouvait être laissée uniquement aux pêcheurs, FNE Isère lui semblait et lui semble toujours le lieu adéquat pour s’occuper de cette question : « Je suis venu à FNE Isère parce que j’étais pêcheur et sensibilisé à la nature. Je pensais qu’il ne fallait pas laisser les pêcheurs s’occuper tous seuls de la pêche et des poissons, il fallait élargir le rapport de force ».

Ce qui a avant tout poussé Jacques à s’engager à FNE Isère, c’est le constat que les projets qui venaient abîmer et perturber les rivières n’apportaient que peu d’avantages et étaient réalisés dans des logiques politiques : « Je voyais qu’il y avait des rivières qui diminuaient en qualité, qui étaient agressées, abîmées et que c’était un potentiel que l’on détruisait souvent pour des choses qui se révélaient inintéressantes. Le bilan coûts-avantages des destructions étaient pour la plupart mauvais, voire très mauvais ». Il a de plus toujours été sensibilisé aux problématiques hydro-électrique, notamment lorsqu’il était jeune, remarquant, lorsqu’il vivait dans les Pyrénées les rivières asséchées et le manque de réaction des gens face à ce problème.

Ainsi, il s’est dans un premier temps occupé de divers dossiers de pollution des eaux, participant activement à la Commission eau de FNE Isère. Il est ensuite rentré au bureau et s’est vu confier rapidement la fonction de président. De par ses obligations professionnelles, il n’est pas resté engagé tout au long de son parcours avec la même intensité à FNE Isère. Mais lorsqu’il est mis en pré-retraite, Jacques souhaite de nouveau prendre plus de responsabilité à FNE Isère, actuellement il en est le vice-président et s’investit de nouveau au sein de la Commission eau. Il fait notamment beaucoup de travail gestion : animation des CODIR au niveau de FNE Isère, échange avec les autres membres du bureau, fonctionnement administratif, etc.

Compréhension, transparence et pertinence : les leitmotivs de Jacques

Ce qui motive avant tout Jacques c’est vraiment le fait que pour beaucoup de projets ayant des conséquences sur l’environnement, les décisions sont prises un peu trop rapidement sans vraiment faire le point sur leurs avantages et leurs inconvénients. C’est ce contre quoi il lutte. Il le dit lui-même, il est curieux et n’aime pas particulièrement les « vérités révélées »,  il aime connaître les tenants et aboutissants d’un projet et s’assurer de sa nécessité et des motivations de ceux qui le plébiscitent. Il déplore que les externalités (notamment les impacts sur les milieux naturels, sur l’air, sur l’eau, sur le bruit et parfois la santé) ne soient en majorité pas prises en compte dans les projets, ainsi que le peu d’informations données aux citoyens sous une forme compréhensible : « Il y a aussi un gros problème avec l’éducation de nos concitoyens que l’on maintient souvent à des années lumières des problématiques réelles qui se posent ».

Un engagement profond et à plusieurs échelles :

Jacques a participé à de nombreuses initiatives en tant que délégué FNE Isère, notamment à la fondation des Conservatoires Départementaux des Espaces Naturels à la fin des années 80. L’aboutissement de cette démarche est d’ailleurs d’après lui une des plus belles réussites de son parcours de bénévole : dans le département de l’Isère, le riche réseau de l’ENS en témoigne. Il a aussi particulièrement apprécié de participer, au côté d’autres acteurs, aux démarches ayant abouti à la création d’espaces naturels protégés : « Je pense que si les associations n’avaient pas été là, il n’y aurait pas eu la réserve des Hauts Plateaux du Vercors, celle des hauts de Chartreuse non plus. Je pense que l’on aurait eu des Parcs Naturels Régionaux, parce que ça rassemble un consensus initial plus grand. Mais au niveau protection de la nature, ce n’est quand même pas une solution complète. Par contre, un Parc Naturel Régional avec de grandes réserves naturelles à l’intérieur, c’est quelque chose qui est plus équilibré ».

L’engagement de Jacques ne s’arrête d’ailleurs pas au niveau de FNE Isère, il siège aussi depuis 1999 au Comité de Bassin¹, dont il est aujourd’hui le vice-président du sous-collège des « non-économiques » (pêcheurs, usagers, associations de protection de l’environnement). De plus, il est le pilote du réseau eau à FNE AURA, activité bénévole qu’il a maintenu même lorsqu’il travaillait : « Là aujourd’hui j’ai deux casquettes. Je suis aussi devenu administrateur régional. J’ai une casquette fonctionnelle en tant qu’administrateur régional, délégué par la FNE Isère et une casquette opérationnelle, qui est le réseau eau ».

Sa définition du bénévolat ?

Le bénévolat pour Jacques c’est d’abord un moyen de s’ouvrir à d’autres domaines et à d’autres problématiques de l’environnement et de sa protection :
« Mon engagement ne s’est pas réduit mais au contraire a été conforté. Je me suis aperçu en côtoyant FNE Isère, que les rivières c’était un problème, mais qu’il y en avait pleins d’autres ».
Il a appris énormément de choses, notamment des connaissances juridiques. Il a aussi acquis une meilleure vision du fonctionnement de notre société : « Ça  m’a permis de prendre du recul, de voir les forces sociales en jeu, de relativiser des notions comme la justice. Grâce à tout ça, je sais bien comment marche la société. J’ai participé à beaucoup de réunions houleuses, dans de pays ruraux où les associations de protection de la Nature ne sont pas forcément les bienvenues : tout ça, ça épaissi le cuir ». Son activité bénévole lui a aussi permis de rencontrer beaucoup de monde : le tissu bénévole de FNE Isère étant très riche et les gens venant de milieux différents et appartenant à de nombreux microcosmes : « C’est-à-dire qu’à la FNE Isère, dans les années 80, il y avait quand même un spectre très important au niveau des professions, des origines sociales et de l’âge ». Il déplore d’ailleurs aujourd’hui une perte de vitesse en matière d’engagement. À son sens, l’un des enjeux actuels de FNE Isère est le bénévolat : l’engagement des jeunes et la question de passer la main, pour maintenir la force des associations et des corps intermédiaires. Cela parce que, pour Jacques, le bénévolat c’est surtout ce qui donne de la force à une association, du dynamisme et la possibilité de toucher le plus de milieux sociaux possibles.

Et qu’est-ce qu’il faut pour faire un bon bénévole ?

« La première chose est de se faire plaisir, il faut faire, du moins au début, ce que l’on a envie de faire, bien y  réfléchir, bien comprendre ce que fait la FNE Isère. Pour savoir pourquoi on y va et en quoi ses actions nous plaisent. Il ne faut pas se forcer quand on est bénévole, du moins au début ! Se faire plaisir ! C’est vraiment essentiel. Et regarder ce qui fait agir les autres ».

 

¹ https://www.eaurmc.fr/le-bassin-rhone-mediterranee/le-comite-de-bassin-rhone-mediterranee.html

Publié par FNE Isère

Le Jeudi 06 décembre 2018

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