Fermeture du tunnel du Mont Blanc pour travaux : le rail pour sortir de l’impasse

D’après France 3 : « En raison d’importants travaux, le tunnel du Mont-Blanc va devoir fermer. Deux options sont envisagées : une fermeture quatre mois par an pendant 18 ans ou trois à quatre ans de fermeture totale« .  Ce sont les gouvernements français et italiens qui vont devoir trancher. Le tunnel est régulièrement fermé la nuit pour travaux et une première période de fermeture de 3 semaines à l’automne 2022 a déjà eu lieu. La voûte et la chaussée sont en effet à remplacer.

Le spectre d’un 2e tube réapparaît

Côté italien, des voix s’élèvent à nouveau pour demander la création d’un deuxième tube au tunnel du Mont-Blanc, comme le relate motor1.com. Cette demande est récurrente, côté italien, mais le projet a fermement été abandonné, côté français, suite à la forte mobilisation des citoyens dans la vallée de l’Arve depuis les années 1990. Cette solution resterait intolérable et serait par ailleurs irresponsable face à l’urgence climatique et sanitaire liée à la pollution de l’air.

La galerie de sécurité du Fréjus convoitée

La transformation de la galerie de sécurité du tunnel du Fréjus en 2e tube de circulation routière serait tout aussi inacceptable. C’est pourtant ce qui est prévu, alors que l’enquête publique et la déclaration d’utilité publique portaient uniquement sur une galerie de sécurité, jugée indispensable pour assurer la sécurité des usagers, depuis la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc qui coûta la vie à 39 personnes en 1999.

Transporter les marchandises par le rail

Ces périodes de fermeture doivent au contraire être l’occasion d’amorcer enfin le report vers le rail d’une partie du transport de marchandises à travers les Alpes. Des solutions existent :

1. Des capacités ferroviaires sont disponibles d’après SNCF Réseau

Le trafic fret sur la ligne existante du Mont Cenis est tombé à environ 3 millions de tonnes (Mt) de marchandises par an, par rapport aux 10 Mt d’il y a 20 ans. SNCF Réseau Auvergne Rhône-Alpes nous a confirmé, lors d’une rencontre en juin 2022, que des capacités fret étaient disponibles sur la ligne ferroviaire existante du Mont Cenis, bien que limitées entre autres par les travaux sur la ligne.

Des marges existent donc pour amorcer dès aujourd’hui et sans attendre le report d’une partie des poids lourds vers le rail. Des travaux sont à prévoir pour augmenter ces capacités et sont à l’étude actuellement. Le rapport de SNCF Réseau est attendu pour la fin de l’année 2022.

2. Des incitations peuvent mettre les marchandises sur la bonne voie

Les associations du mouvement France Nature Environnement proposent de favoriser le recours au rail grâce à plusieurs dispositifs qui permettront d’inciter les entreprises à franchir les Alpes par le rail : la création d’un système de bonus-malus expérimental pendant 3 ans, le triplement de l’aide à la pince pour le transport combiné, et une campagne de communication sur les autres aides disponibles, comme les Certificats d’économie d’énergie pour l’achat ou la location de containers, ou la nouvelle aide aux transports par wagons isolés.

Non au doublement des tunnels routiers, oui au report vers le rail à court terme

Pour nos associations, la politique du tout-routier doit marquer le pas et ouvrir la voie à des solutions multi-modales, où le fret ferroviaire pourra jouer tout son rôle. Il est crucial de ne pas céder à la tentation de la solution purement routière en proposant le doublement d’un des tunnels routiers alpins. La galerie de sécurité du Fréjus doit conserver son rôle premier et ne pas être ouverte à la circulation routière. De la même manière, le doublement du tunnel du Mont-Blanc doit être écarté. Seul le ferroviaire est capable de répondre aux besoins du secteur des transports tout en respectant les objectifs de réduction de la pollution de l’air, de lutte contre le changement climatique, de sobriété et de décarbonation de l’économie.

Retrouvez ci-dessous nos propositions détaillées :

Crédit photo : Christophe Boillon