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Les ripisylves du Guiers Vif

Mieux connaître les milieux naturels et leur biodiversité est indispensable pour améliorer leur préservation. FNE Savoie a évalué le potentiel écologique d’une ripisylve sur les rives du Guiers Vif et partage ses résultats.

Les boisements localisés sur les rives des cours d’eau sont appelés ripisylves. Ces milieux accueillent une biodiversité riche et assurent des rôles fonctionnels importants qui nous rendent de nombreux services. L’atténuation des dommages des inondations, la protection des berges contre l’érosion en sont des exemples. Cependant, ces habitats sont soumis à de nombreuses menaces liées aux activités humaines (urbanisation, agriculture intensive…).

Evaluer la biodiversité et la connectivité des ripisylves

FNE Aura, en collaboration avec l’INRAE et le CNPF, a créé un outil de diagnostic de l’état écologique des ripisylves : l’IBCR (Indice de Biodiversité et de Connectivité des Ripisylves). Librement accessible, il s’accompagne d’autres outils techniques : feuille de relevé, guide méthodologique, guide de gestion pour l’amélioration de l’état écologique des ripisylves. Cette boîte à outil s’adresse principalement aux structures de gestion des milieux aquatiques, aux propriétaires forestiers riverains et aux associations de protection de l’environnement. Facile à prendre en main, nul besoin d’être un naturaliste chevronné pour l’utiliser !

Concrètement, cet indice permet d’attribuer une note sur 100 à un linéaire de ripisylve grâce à 15 facteurs. Ces derniers s’attachent au peuplement, au contexte, aux perturbations et à la connectivité de la ripisylve.

Mise en pratique sur la ripisylve du Guiers Vif

Cet automne, FNE Savoie a évalué deux portions de rives du Guiers Vif au niveau du site Rivier’Alp, sur la commune des Echelles. Ce site a été choisi car les zones humides de la plaine du Guiers ont été identifiées dans le cadre de la Stratégie Aires Protégées (SAP). L’objectif de la SAP est d’atteindre un niveau de protection de 30 % du territoire national, dont un tiers sous protection forte. Actuellement, la région Auvergne-Rhône-Alpes est protégée sur 36,22 % de son territoire, mais sous protection forte sur seulement 3,03 % (nettement en deçà de l’objectif national de 10 %). Les inventaires réalisés pourraient ainsi permettre d’appuyer la mise en protection de linéaires de ripisylves dans le cadre de la SAP.

Linéaires étudiés : amont (tracé bleu) et aval (tracé jaune)

L’analyse critique des prospections

Le linéaire amont décroche une assez bonne note (53/100) tandis que le linéaire aval obtient une note très basse (30/100). Les deux sites présentent principalement des essences d’arbres à bois tendre avec des individus assez petits (nombreux jeunes saules). Ils sont également dégradés par un certain nombre d’espèces exotiques envahissantes. Ces dernières sont des plantes très concurrentielles (développement rapide, graines nombreuses, capacité de dispersion importante, etc.) qui peuvent couvrir rapidement les berges des rives au détriment des essences locales.

Sur la partie amont, le site a récemment fait l’objet d’une restauration écologique nécessitant le déplacement du lit de la rivière pour éviter un seuil. Cela a permis de rendre la dynamique fluviale plus active et de recréer des sortes de petits méandres. Au nord, une population de saules s’est ainsi développée autour d’un bras mort. En raison de ce peuplement jeune, le linéaire comporte très peu de gros arbres vivants, porteurs de micro-habitats et d’arbres morts. Or, ces éléments sont essentiels pour accueillir une biodiversité riche.

Secteur amont (photo : Laetitia Leger)

La partie aval est beaucoup plus artificialisée et le développement de la ripisylve très limité en raison des ponts, des enrochements de berges, de l’urbanisation. Au vu de ces contraintes, l’amélioration de la qualité écologique de cette portion de ripisylves par des mesures de gestion adaptées n’est seulement possible que sur la moitié du linéaire.

Secteur aval (photo : Laetitia Leger)

Des évolutions encourageantes pour le milieu

Le secteur de Rivier’Alpes fait l’objet d’une gestion beaucoup plus favorable à la biodiversité depuis sa restauration (création de mare, bois mort laissé au sol, etc.) mais il faut être patient pour mesurer les résultats à l’échelle d’un peuplement. Nul doute que d’ici plusieurs dizaines d’années, la ripisylve y sera bien plus fonctionnelle et riche en espèces !

 

 

Ce projet a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. L’agence de l’eau est l’établissement public de l’Etat qui œuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations) selon les priorités inscrites dans son programme « Sauvons l’eau 2019-2021 ». Plus d’informations sur www.eaurmc.fr

Publié par FNE Savoie

Le Lundi 20 février 2023

https://www.fne-aura.org/actualites/savoie/les-ripisylves-du-guiers-vif/

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