— Communiqués —

NON au contournement Nord-Ouest de Vichy

FNE ALLIER se positionne contre!

Contribution de France Nature Environnement Allier à l’Enquête publique

L’autorité Environnementale (A.E.) préconise de « mieux étayer les hypothèses de trafic ». Elle remarque également « qu’aucun autre choix parmi les solutions étudiées ne présente davantage d’incidences sur le milieu naturel dont 35 ha sont consommés ».
L’A.E. soulève « les insuffisances relatives à la démonstration de l’intérêt public majeur de la variante choisie »

Elle aurait même pu ajouter que les projections faites sur le trafic futur tiennent beaucoup plus de l’époque des 30 glorieuses … alors qu’il s’avère que nous sommes engagés dans une course contre la montre :
– ouragans, inondations, sécheresses, … partout sur la planète une nature en souffrance brûle, disparaît.

Notre Monde bascule dangereusement. Nous vivons l’effondrement des systèmes qui constituent le support de la vie sur terre, et c’est un changement rapide, imprévisible, sans précédent à ce rythme dans notre histoire. La crise climatique, la fin du pétrole bon marché, nos besoins en terres agricoles (à multiplier par 7 si nous relocalisons notre économie car 80 % de notre alimentation est mondialisée, entraînant des besoins insensés de transports) imposent une vraie transition énergétique et un débat de fond sur les transports : la totale dépendance au pétrole, le leurre de l’électrique ou de l’hydrogène en maintenant le tout-voiture et le tout-camion, c’est fini.

Il faudra donc à l’avenir se déplacer moins, mieux, autrement, en articulant besoins, offres et contraintes (environnementales, économiques, sociales, …). Notre modèle actuel est un modèle frustrant, mensonger, gaspilleur, suicidaire.

Par ailleurs, l’A.E. demande de « contribuer à l’atteinte de l’objectif zéro artificialisation nette » ou encore de « rendre cohérente l’évaluation socio-économique et d’exposer comment le projet s’inscrit dans les objectifs de neutralité carbone de la France ».
De quoi rêver ! C’est bien au promoteur de ce projet antiécologique de prouver qu’il n’est pas possible de faire autrement. Or une association locale a mené une enquête auprès des chauffeurs routiers sur une aire de repos. Les résultats sont consternants : sur 20 chauffeurs interrogés, 2 seulement sont concernés par la desserte locale (1 sur Paris-Brugheas et 1 sur Commentry-Bellerive). Donc 18 poids-lourds sur 20 violent allègrement la signalisation routière pourtant bien présente interdisant la D6 et la D209 aux plus de 7,5 t alors qu’il existe pour eux un itinéraire adapté sud-nord ou sud-est par l’A75, l’A71 et la RCEA (A79). Il est vraiment triste que la DREAL, dont le premier souci doit être l’environnement, n’ait pas penser à enquêter de ce côté-là, ce qui était pour le moins élémentaire.

Que penser de tout ça ? Peut-être le secteur du BTP, toujours en recherche d’activité, pèse-t-il beaucoup trop sur les décisions à prendre ? Peut-être le GPS calcule-t-il toujours au plus court et guide les camions sans tenir compte des interdictions ? Les chauffeurs routiers ont en fait déclaré que cela leur permettait d’éviter de payer les autoroutes, sur lesquelles, en outre, les aires de repos leur semblent insuffisantes.

Nous pouvons également pointer les carences des élus et de la police qui laissent faire.
Si 90 % des camions empruntaient les voies dédiées existantes, les riverains de la D6 seraient extrêmement soulagés et le projet CNOV n’aurait de ce fait plus lieu d’être.

Les alertes viennent même des pouvoirs publics eux-mêmes : Le CERTU (Centre d’Etudes sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques, au Ministère de l’Equipement et de l’Urbanisme) déclare « il est maintenant établi que les réalisations d’infrastructures nouvelles génèrent systématiquement des besoins supplémentaires de déplacement et ne permettent pas de résoudre la
congestion du réseau ».
De même la COP 24 : « Pour garder la hausse des températures en-deçà des 2°C, les Etats devront tripler d’ici 2030 le niveau de leurs engagements lors de la COP21 – et même les multiplier par 5 pour éviter de dépasser les 1,5°C souhaitables. Sinon c’est 4°C d’augmentation de la moyenne des températures et des nations entières, des écosystèmes, des peuples et des modes de vie qui pourraient tout simplement cesser d’exister » d’après la Haute Commissaire Mme Bachelet.
François Hollande le 20/09/2013 plaidait pour « Réduire de 50 % notre consommation d’énergie finale en 2050, développer les transports alternatifs à la route. »
Mme Borne alors Ministre des Transports : « Il convient de se déplacer différemment pour polluer moins, faire un effort vers le fret ferroviaire ».
La Montagne du 20/10/2022 : « Le CNRS prévoit un réchauffement pire que prévu : +3,8°C en 2100 ».
L’ADEME tient le même discours en 2021.
Transition 2050 : « une réduction drastique des mobilités pour atteindre la neutralité carbone ».
La Commission Européenne annonce comme enjeu majeur le climat, avec en corollaire les questions suivantes : quelle économie ? Pour quoi faire ? Pour qui ? À quel coût ? Pour arriver où ?
Le SCOT Vichy 2013, auquel nous avons participé, dit :
– vers une société décarbonée, solidaire,
– nécessité de la protection de l’environnement avec arrêt impératif du bétonnage,
– maintien des terres agricoles,
– initiatives pour favoriser et développer le transport à la demande.
Aucune de ces belles paroles n’a été suivie d’effet !

Une politique laxiste, qui peut éventuellement se comprendre, a provoqué un exode de la ville vers les campagnes environnantes : terrains moins chers, lieux de vie plus agréables, … mais cette politique a entraîné une augmentation rapide des transports individuels, l’offre collective étant notoirement insuffisante, offre collective qui favoriserait tout le monde, riverains de la D6 comme personnes travaillant
sur l’agglomération Vichy – Cusset – Bellerive.

En octobre 2022 les grèves, qui ont entraîné des queues aux pompes à essence pour aller au travail, ont révélé cette rigidité de nos comportements, le mauvais choix de nos infrastructures et le manque d’alternatives.

Ce Projet n’est donc pas d’utilité publique puisqu’il accentue l’artificialisation des sols, impacte les milieux naturels, les zones humides, augmente la pollution et ceci en complète contradiction avec toutes les préconisations gouvernementales et locales, telles celles du Plant Climat Air Energie Territorial (PCAET) pour l’autonomie énergétique et la neutralité carbone, ou celles des TEPOS (Territoires à Energie Positive).
Ceci ne va pas non plus dans le sens d’un développement des transports collectifs, ceux-ci représentant à ce jour un taux très faible sur le territoire de Vichy Communauté (5%).

Pour ce qui concerne les milieux naturels :
Les 3/4 du Projet sont concernés par la trame verte et bleue identifiée par le SRADDET. Les nombreuses recommandations de l’A.E. révèlent le peu d’intérêt manifesté par le porteur du projet pour les milieux naturels. Un lobbying intense a-t-il existé dans les locaux de la DREAL ?

On nous a fait travailler en 2012 sur le SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique). On allait se préoccuper officiellement du fonctionnement écologique des espaces et des espèces. Au-delà de la biodiversité remarquable, c’est la biodiversité ordinaire qui devait être considérée. L’idée avance que les hommes ne peuvent pas vivre sans la nature, et que si elle est un capital naturel, elle est également un capital économique. Des chiffres sont avancés pour le Massif Central : 1,2 milliards d’euros pour la forêt, 3,6 milliards pour les prairies, 13 à 14 milliards pour la ressource en eau.
Une volonté forte se manifeste : « Les collectivités ou groupements de communes devront prendre en compte le SRCE pour l’élaboration et la révision des plans, documents et projets d’aménagement. SCOT, PLU ne pourront remettre en cause les orientations du SRCE.

En fait l’intérêt des élus et des administrés se rejoignent dans les enjeux de la préservation de la biodiversité :

  • un grand système régulateur : cycle de l’eau, photosynthèse, chaînes alimentaires, cycle du carbone, formation des sols, circulation atmosphérique, …
    Les services rendus sont nombreux :
    * approvisionnements (nourriture, eau, combustibles, matériaux, …)
    * ressources énergétiques
    * régulation du climat, des maladies, des inondations, purification de l’air, de l’eau, …
    * apports culturels, esthétiques, loisirs, repos, …

La trame verte et bleue :

Le respect de cette trame recouvre des objectifs écologiques :

– réduire la fragmentation des habitats des animaux
– permettre le déplacement des espèces
– préparer l’adaptation au changement climatique
– préserver les services rendus par la biodiversité
– améliorer le cadre de vie des habitants
– améliorer la qualité et la diversité des paysages
– prendre en compte les activités économiques tout en favorisant un aménagement durable du territoire

Or tout dans ce projet est en opposition frontale avec ces objectifs : outre son inutilité, nous notons 7,5 ha de zones humides détruites (et même beaucoup plus si l’on tient compte des effets collatéraux), une artificialisation importante des terres agricoles, aucune réflexion sur une autre mobilité, sur une remise en cause de notre fonctionnement énergétique, …

En outre la trame verte et bleue évoque 8 grands enjeux :
1 – Sensibiliser, connaître, accompagner. (absent du projet)
2 – Les infrastructures, les équipements et les projets d’aménagement peuvent contribuer au développement régional, tout en occasionnant des impacts importants sur la biodiversité. Le projet n’en prend pas acte ni ne le mesure.
3 – Tourisme, et activités de pleine nature peuvent générer des incidences sur les espèces, leurs habitats et les continuités. Il s’agit donc d’acquérir une nouvelle culture.
4 – Urbanisme et planification territoriale demandent beaucoup de rigueur.
5 – La mosaïque des milieux (forêts, zones humides, prairies, cultures, landes, …) constitue un élément majeur.
6 – Les milieux boisés : il convient de favoriser la diversité génétique des peuplements et d’éviter l’homogénéisation des milieux.
7 – La surveillance des milieux ouverts gérés par l’agriculture.
8 – Les milieux aquatiques et humides liés à la qualité et la quantité de la ressource en eau. Ceci implique de maintenir ou rétablir l’intégrité morphologique et la dynamique fluviale des cours d’eau, maintenir l’intégrité des zones humides.

Rappelons ici que la rivière Allier présente un état écologique moyen, voire médiocre ou mauvais. Il serait prudent de ne pas en rajouter !

Le milieu humain :

L’étude sur le TMJA (trafic moyen journalier annuel) semble dater et ne tient absolument pas compte des avis des scientifiques ni des nombreux évènements récents (pics pétroliers ou gaziers, déplétion des métaux) – il y a eu autant de métaux extraits en une génération qu’en toute l’histoire de l’humanité, obsolescence programmée ou production « junkie » émissions croissantes de gaz à effet de serre,
dégradation et effondrement des écosystèmes, crise climatique, crise écologique, économique, sociale, culturelle, anthropologique .

L’avenir de notre territoire mérite bien mieux que ce projet archaïque.
Alors que rechercher une économie durable suppose une véritable métamorphose de tous nos modèles mais il va nous falloir énormément innover.

Autres remarques de l’A.E. :

– L’objectif de soulager la traversée de Charmeil n’est que partiellement atteint par ce projet.
– La largeur est insuffisante pour les itinéraires piétons et cyclables.
– Les recommandations pour limiter les atteintes sonores ne sont pas respectées pour Charmeil.
– Pollution de l’air : la pollution anthropique cause une perte d’espérance de vie de 6 à 18 mois à l’âge de 30 ans. L’étude de ce projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu ; elle propose une analyse de la pollution ne respectant pas les nouvelles règles ; elle semble également ignorer les notes relatives aux études « air et santé ».
– Paysages : le projet altèrera des paysages jusque-là préservés.
– Sites NATURA 2000 : le projet ne tient pas compte des habitats naturels d’intérêt communautaires… ni de la mortalité par collision ou écrasement.
– Les aménagements fonciers devraient être mis en cohérence avec l’AFAFE (Aménagement foncier, agricole, forestier et environnementale)
– L’analyse économique devrait mettre en cohérence les coûts dus aux pollutions et nuisances avec la valeur nette socio-économique ; le résultat risque d’être fort instructif !
– Consommation énergétique et GES : comment ce projet va-t-il s’inscrire dans les objectifs de neutralité carbone fixés par la France ?
– Ce projet est incompatible avec certains PLU.

En conclusion, nous considérons que ce projet est totalement inutile et néfaste et nous nous y opposons formellement.

Pour France Nature Environnement Allier
Le Président honoraire
René CHANAUD

Publié par FNE Allier

Le Jeudi 09 mars 2023

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