— L'essentiel —

Où sont les eaux de mars ?

On nous raconte les fameuses pluies d’automne et d’hiver censées faire déborder les cours d’eau et regorger les nappes phréatiques d’une eau qu’il n’y aurait plus qu’à pomper dans les bassines des maïsiculteurs irrigants. Ce conte de fées n’a pas vu le jour et les eaux de mars se font désirer elles aussi…

L’eau si précieuse vient à manquer. Pourquoi ? Tout simplement parce que les années sèches, il ne pleut pas l’hiver et les nappes sont vides. Du coup, on ne peut pas pomper les millions de mètres cubes nécessaires au remplissage des monstrueuses bassines imaginées par une poignée d’irrigants industriels, avec la complicité active d’un ministère de l’agriculture aux ordres et d’un ministère de l’environnement aux abonnés absents (il y a un ministre au fait).

La constitution d’énormes réserves d’eau est un mirage ! Elle aggrave la sécheresse hydrologique, c’est à dire l’absence d’eau dans les nappes et les cours d’eau. Elle gaspille entre 30 et 40 % d’une ressource précieuse par évaporation. Et la stagnation, couplée à la pollution et à la chaleur, entraîne un risque sanitaire avec la prolifération de cyanobactéries ! Alors pourquoi s’entêter pour ce modèle mortifère qui, cerise sur le gâteau, est source de conflits ?

O Irresponsabilité ?
O Incapacité ?
O Inféodation ?
O Croyance ?
O Champ de vision rétréci ?
O Absence de créativité ?
O Conflit d’intérêt ?
O Autre ?
Ø Je n’ai pas la réponse à cette question.

Il est évidemment de bon sens de créer des réserves d’eau pour le maraîchage, l’arboriculture et l’abreuvement du bétail mais leur volume (quelques milliers de m3) est sans commune mesure avec les besoins du maïs (des millions de m3).

Il est aussi urgent d’utiliser les Solutions fondées sur la Nature comme :

  • La protection et la restauration des zones humides, précieux tampons des crues et des étiages(1).
  • La protection des ripisylves et forêts alluviales, qui ralentissent l’écoulement de l’eau en période de crues et évitent son réchauffement en période d’étiages.
  • Augmenter la teneur en humus des sols pour augmenter leur capacité de rétention d’eau.
  • Planter des haies pour ralentir le ruissellement, favoriser l’infiltration des pluies, faire de l’ombre, etc.

Ne faudrait-il pas désimperméabiliser les sols et multiplier les dispositifs d’infiltration de l’eau (noues et fossés) ? Ne serait-il pas utile de ralentir la circulation de l’eau par l’ingénierie écologique (reméandrage des cours d’eau, zones d’expansion des crues, réseaux séparatifs avec bassins de rétention/infiltration, etc.) ?

C’est le moment d’inactiver les milliers de kilomètres de drains agricoles enterrés, qui accélèrent l’assèchement printanier et imposent d’arroser l’été.

C’est le moment ensuite de réorienter les productions agricoles et d’investir dans les filières offrant un débouché à ces productions. Ne faudrait-il pas adapter les pratiques d’élevage en tenant compte des sècheresses estivales nécessitant un affouragement et donc plus de surface par tête de bétail ?

C’est le moment surtout d’améliorer la gouvernance de l’eau en imposant dès maintenant une couverture complète du territoire par des Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) permettant de réglementer les usages.

Toutes ces choses nécessitent analyse, réflexion et planification en tenant compte de la ressource en eau pour adapter nos besoins. Évitons ensemble la guerre de l’eau à venir.

Eric Feraille
Trésorier et pilote du Réseau Montagne

(1) Baisse périodique des eaux (d’un cours d’eau) ; le plus bas niveau des eaux.

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Mardi 21 mars 2023

https://www.fne-aura.org/essentiel/region/ou-sont-les-eaux-de-mars/

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