— Nos avis —
Cette note a pour objet de faire connaître à la presse et au grand public les remarques que notre association agréée, FNE 43, souhaite porter dans le cadre de sa participation à la réflexion générale sur les problématiques liées aux conséquences du réchauffement climatique sur la disponibilité de la ressource en eau.
Le réchauffement climatique et les périodes de sécheresse de plus en plus longues qu’il génère influent considérablement sur la ressource en eau. Au delà de la baisse générale des débits des cours d’eau en période d’été, nous constatons une baisse croissante de la pluviométrie en automne et au printemps. La reconstitution des stocks d’eau dans les nappes phréatiques n’est plus assurée. Des communes de nos territoires sont encore ravitaillées en eau de manière artificielle, même en Auvergne (depuis l’été dernier, Le Bouchet St Nicolas est toujours ravitaillé en eau par camion citerne). Durant l’été 2022, la presse nationale s’est largement faite l’écho des difficultés d’approvisionnement en eau en région PACA (une cinquantaine de commues touchées par la pénurie d’eau et des restrictions imposées aux usagers), et plus récemment à Volvic. Les données récentes sur l’état des nappes phréatiques sont très préoccupantes sur une bonne moitié du territoire national.
Or, l’eau est un bien commun, auquel tout citoyen doit avoir également accès. Sa rareté est donc l’affaire de tous. Dans une démocratie qui se veut moderne, il paraît insensé de penser que nous vivions une « guerre de l’eau ».
En ce sens, la décision de l’Etat de favoriser, par des aides financières très importantes, la constitution de réserves d’eau à des fins privatives, sans concertation, sur l’initiative privée de quelques uns, notamment pour l’agriculture mais il en serait de même pour tout autre domaine, interroge quelque peu.
En effet, cette initiative soulève des interrogations légitimes auxquelles tous les citoyens devraient pouvoir apporter leur part de réponse, comme par exemple, si l’eau devient plus rare:
Depuis le printemps 2021, alors qu’elle avait été conviée aux discussions départementales sur l’avenir de l’eau et la rédaction d’un protocole sur les retenues d’eau à usage agricole, protocole qui fut ensuite signé par le Ministre de l’agriculture et les organes représentatifs de l’agriculture en haute-loire, et dans toutes les régions, mais dont FNE43 avait été écarté, l’association avait mis en avant plusieurs aspects primordiaux, notamment :
Mais rien n’en fut retenu, le protocole définitif préférant suggérer de « veiller…ou , éviter… » là où l’intérêt général aurait nécessité plus de fermeté. Il avait validé le principe de déroger aux règles de périodicité des prélèvements pour remplissage des retenues autorisées habituellement par le SDAGE « …à compter du 1er novembre et jusqu’au 31 mars » pour permettre la possibilité de prélèvements dérogatoires « …en cas d’étiage exceptionnel automnal du 1er avril au 31 mai. »
Fidèle à ce que prévoit très clairement le code de l’environnement, FNE43 avait marqué fermement son désaccord sur ce protocole. Il nous apparaissait également qu’il n’était pas interdit de penser que puisse à l’avenir correspondre à une nouvelle donne climatique, d’éventuelles modifications de ces dispositions, décisions que seules les autorités juridiquement compétentes pourraient alors prendre.
De façon générale, nous affirmions :
Or, deux années plus tard, ce n’est toujours pas l’approche qui est faite par le pouvoir : on continue de privilégier l’initiative privée, on ne se soucie que des motivations économiques individuelles sans chercher à connaître l’impact sociétal des projets, on y consacre beaucoup d’argent public et on oublie l’intérêt général.
FNE43 préférerait que ces débats soient menés de manière démocratique et solidaire, au sein des instances habilitées et légalement constituées et au regard des nombreuses données scientifiques dont nous disposons, dans une perspective de respect de l’intérêt collectif et du vivant.
Il est, particulièrement, essentiel que la concertation sur l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation restent, compte tenu des enjeux actuels, ouverte à la réflexion collective.
Dans ce contexte, et afin d’éviter toute sur-utilisation de la ressource en eau dont la biodiversité serait la première victime, le stockage et l’irrigation devraient être régulés collectivement de telle manière que l’existant des ouvrages soit pris en compte, ainsi que l’analyse par territoires et par cultures des besoins liés à l’évolution du climat et des besoins alimentaires.
Ce point de vue écologique ‒ largement partagé désormais‒ a toute sa place dans le cadre d’une évolution climatique certaine. Les citoyens qui prennent part à ce débat, qui leur est confisqué, ne font qu’agir en respect la démocratie. Les qualifier de « terroristes de la pensée » et tenter de les faire taire, par la violence institutionnelle ou la menace de procédures judiciaires, relève d’une profond mépris pour le débat démocratique et d’une perte dommageable du sens des réalités collectives.
Article du CNRS du 13/09/2023 : « Les mégabassines ne résoudront pas la crise de l’eau »
Publié par FNE Haute-Loire
Le Jeudi 11 mai 2023
https://www.fne-aura.org/nos-avis/haute-loire/note-de-fne-43-concernant-la-creation-de-retenues-deau-a-usage-agricole/
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