Ascenseur valléen de Saint-Gervais : un projet pour rien

Le projet d’ascenseur valléen entre la gare du Fayet et le bourg de Saint-Gervais est en réalité double. Il comprend une nouvelle infrastructure jusqu’au pied des remontées mécaniques et le renouvellement de la télécabine du Bettex, le tout financé par d’importants fonds publics. Pourtant, pour répondre aux besoins de mobilité de l’ensemble des habitants, l’aménagement du tramway du Mont Blanc en tramway urbain serait une solution plus ingénieuse, permettant de surcroit d’éviter des dommages environnementaux additionnels.

Beaucoup d’argent public pour le mauvais projet

L’étude complémentaire d’octobre 2022, qui avait été exigée par le Commissaire enquêteur, avait démontré que la solution d’aménagement du Tramway du Mont Blanc en transport urbain était la plus pertinente pour la mobilité. Puisqu’il traverse le bourg de Saint Gervais (avec 2 arrêts), le tramway pourrait desservir 50% de populations permanentes et touristiques supplémentaires par rapport à l’ascenseur valléen.

L’ascenseur valléen est en réalité un équipement d’intérêt touristique, pour acheminer les usagers vers le domaine skiable. Le coût exorbitant et sans cesse réévalué du projet s’élevait à 45 millions d’euros début 2023. Soit 18,5 M€ pour l’ascenseur valléen et 26,5 M€ pour la télécabine du Bettex. L’enveloppe des subventions publiques culmine à 31,2 M€ (21,2 M€ du Département et 10 M€ de la Région), les 13,8 millions restants sont à la charge de la Société des téléportés du Bettex-Mont d’Arbois (STBMA).

Trois recours non jugés

La volonté des porteurs du projet d’ascenseur valléen de Saint-Gervais est d’aller vite, très vite, sans attendre le jugement sur fond des recours lancés contre cet aménagement. Pendant les vacances d’été, la justice a décidé qu’il n’y avait pas d’urgence à faire cesser les travaux, pourtant trois recours pèsent encore sur ce projet pour un jugement sur le fond.

En décembre 2022, FNE Haute-Savoie a déposé un recours contre l’autorisation de défrichement accordée par le Préfet de Haute-Savoie, dans le but de protéger la biodiversité et tout particulièrement les continuités écologiques. L’association Saint Gervolaine Agir éco raisonnable a quant à elle déposé deux recours contre les documents et autorisations d’urbanisme, notamment pour insuffisance de l’étude d’impact et l’absence de projet d’intérêt général.

Les leçons de la microcentrale de Sallanches, jugée illégale par la justice après sa réalisation, n’ont pas été apprises. La justice finira-t-elle par ordonner la remise en état du site de l’ascenseur valléen également ? La sagesse voudrait d’attendre le verdict de la justice avant de lancer les travaux et d’engager de telles dépenses d’argent public.

Une meilleure solution existe

Il convient de revenir à la raison et d’utiliser l’infrastructure existante du Tramway du Mont Blanc au lieu de créer une nouvelle infrastructure et ses impacts environnementaux supplémentaires. En complément , des navettes entre la gare du bourg et celle de la télécabine du Bettex pourraient permettre d’acheminer les skieurs et randonneurs jusqu’aux remontées mécaniques en saison à moindre coût. Or, oser s’opposer à un projet de l’édile de Saint-Gervais n’est pas une mince affaire, y compris pour les journalistes, qui font l’objet de critiques violentes lorsqu’ils ont l’affront d’évoquer des avis contraires à celui de celui du maire, comme a pu le faire Le Messager dans un article intitulé « Saint-Gervais : plusieurs recours déposés devant la justice contre le projet d’ascenseur valléen » en août 2023.

Crédits

• Radio Mont-Blanc
• Mairie de St-Gervais