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Si une nappe d’eau souterraine sous Grenoble est fortement polluée, celle, voisine, qui alimente la métropole en eau potable reste vulnérable. Pour préserver la ressource en eau, la Ville de Grenoble a lancé des recours judiciaires contre les industries chimiques.
En 2023, un rapport a révélé que la masse d’eau FRDG372 sous Grenoble, en rive droite du Drac faisait partie des plus polluées de France. Son eau, notamment contaminée par la présence de solvants chlorés et de pesticides, est impropre à tout usage (arrosage, baignade, etc.). La masse d’eau FRDG371, qui fournit 40% de l’eau potable de l’agglomération, est quant à elle de bonne qualité. Cependant, le risque de transferts d’eau entre ces deux masses d’eau n’est pas écarté malgré des systèmes de protection mis en place. Des traces de chlorates, perchlorates, mercure et toluène ont été détectées sur des points de captage, ce qui appelle à la vigilance. La préservation de la ressource en eau est d’autant plus importante que celle-ci tend à se raréfier avec le réchauffement climatique. Le bon état des eaux fixé par la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE) doit aussi être atteint d’ici 2027.
Les responsables de ces pollutions sont connus : les activités passées et actuelles des plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. Située à proximité des champs captants, l’usine Arkema de Jarrie rejetterait 83 000 m³, soit 33 piscines olympiques, d’effluents pollués chaque jour. Elle bénéficie d’autorisations préfectorales de déversement qui rentrent pourtant en contradiction avec la déclaration d’utilité publique (DUP) de 1967. Celle-ci interdit, en effet, tout rejet d’eaux usées ou polluées chimiquement dans le périmètre des champs captants. En 2023, le militant écologiste Raymond Avrillier avait, ainsi, demandé au tribunal administratif de suspendre ces dérogations. Mais sa requête avait été rejetée par le juge des référés pour « défaut d’urgence ». Les industriels nient toute responsabilité dans ces pollutions et mettent en avant leurs procédures de surveillance et de sécurité.
Face à cette situation, la Ville de Grenoble a engagé trois procédures judiciaires. Elle a d’abord saisi le préfet pour retirer les autorisations accordées à Arkema. La commune s’est constituée partie civile dans deux informations judiciaires ouvertes par le procureur de la République en février 2023. L’une concerne les rejets de polluants du site d’Arkema, l’autre les « activités irrégulières » de carriers dans le lit du Drac. Elle a également porté plainte contre X afin de déterminer la responsabilité pénale des industriels pollueurs. Les élus grenoblois veulent l’application du principe pollueur-payeur et faire reposer la charge de dépollution sur les industriels. Le coût de celle-ci s’élèverait à 80 millions d’euros. Par ailleurs, la métropole a proposé de modifier ses statuts afin d’élargir ses compétences sur l’eau. En plus de l’assainissement et de la GEMAPI*, elle surveillerait et protégerait la qualité des eaux superficielles et souterraines de son territoire.
Publié par FNE Isère
Le Mardi 09 avril 2024
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/pollution-de-leau-a-grenoble-la-ville-reagit/
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