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Les boisements alluviaux de l’Isère en Combe de Savoie
Un espace de forêt alluviale et de ripisylves subsiste de nos jours sur les communes de Porte-de-Savoie et Laissaud. Sur les berges de l’Isère, on retrouve une riche biodiversité. L’intérêt écologique de ces milieux mobilise FNE Savoie pour leur protection. Découvrez les animaux discrets qu’ils abritent.
De fortes pressions sur la rivière et les boisements
Localisation des boisements alluviaux au sud de la Combe de Savoie (Source : Géoportail, IGN)
La rivière Isère est lourdement impactée par l’Homme. Au sud de la Combe de Savoie, comme ailleurs, son espace de bon fonctionnement est réduit. L’aménagement de digues, le développement de routes et l’exploitation de gravières en sont à l’origine. Ce secteur de plaine est également attractif pour les activités agricoles et l’installation de zones d’activités comme Alpespace à Porte-de-Savoie. L’exploitation forestière constitue aussi une menace pour ces milieux.
L’Isère avec des chenaux multiples et des tresses au 18ème (carte de Cassini à gauche) et l’Isère canalisée avec des boisements réduits au 19ème siècle (carte de l’état-major à droite)
Malgré leur anthropisation, ces boisements à forts enjeux écologiques sont classés en ZNIEFF de type 1. Découvrons deux espèces patrimoniales méconnues qui affectionnent ces milieux.
La Rainette verte
Rainette verte (Source : Saxifraga-Kees Marijnissen)
Non, les rainettes ne sont pas toutes des espèces exotiques. La Rainette verte (Hyla arborea) est un tout petit amphibien (maximum 5cm), vert vif avec une ligne brun-noire traversant ses yeux et ses flancs. Comme ses cousines d’Amazonie, c’est une espèce arboricole : ses longs doigts adhésifs lui permettent de grimper aux arbres. En phase terrestre, elle habite des milieux composés d’une mosaïque d’habitats avec des strates végétales variées. Lors de la période de reproduction, elle fréquente des pièces d’eau stagnante assez ensoleillées et relativement riches en végétaux. Ainsi, les boisements alluviaux de l’Isère sont des milieux de vie privilégiés pour ce batracien ! L’espèce est malheureusement menacée dans notre région avec des indicateurs de conservation assez défavorables. Les individus ainsi que ses habitats sont donc protégés nationalement.
Le Lucane cerf-volant
Lucanes cerf-volant femelle (en bas) et mâle (en haut) (Source : Saxifraga-Al Vrezec)
Avec sa taille impressionnante (jusqu’à 9cm de long pour les mâles), le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) est l’un des plus gros coléoptères d’Europe. Ce nom provient des mandibules très développées des mâles rappelant les bois d’un cerf. Elles lui servent à se battre avec ses concurrents en période de reproduction. Après l’accouplement, la femelle va venir pondre ses œufs à proximité des racines d’un arbre en décomposition. Les larves sont en effet saproxylophages : elles consomment le bois mort de feuillus. Les adultes se nourrissent quant à eux de sève provenant de plaies dans les arbres. La présence de vieux arbres et de bois mort est donc essentielle à la préservation de cette espèce. En Auvergne-Rhône-Alpes, elle est pourtant menacée par la perte de ses habitats et une gestion forestière inadaptée. La présence du lucane-cerf-volant met en lumière le potentiel écologique de ce boisement alluvial.
La protection des boisements alluviaux de l’Isère
En Isère (38), cette forêt est classée en Arrêté Préfectoral de Protection du Biotope (pour la protection de la Nivéole d’été notamment). En Savoie, il n’existe aucune protection pour ces boisements. A la demande de notre fédération, ils sont maintenant ciblés dans le plan d’actions de la Stratégie Aires Protégées. Ils doivent faire l’objet d’une étude par le CEN Savoie avant de pouvoir envisager des mesures de protection.
https://www.fne-aura.org/ripisylves/