— L'essentiel —

On vient d’inventer sans le dire une nouvelle activité : le ski artificiel !

Neige artificielle : le point de vue de FNE Auvergne-Rhône-Alpes actualisé par Hervé Billard, pilote du Pôle Montagne.

A l’occasion de la baisse du niveau du lac d’ANNECY, certains médias nous ont interrogés sur ce que nous pensions de la neige artificielle et des conflits d’usage éventuels que son développement pouvait engendrer…

Au lieu de dire en réponse, qu’il n’y avait pas de lien entre la neige artificielle-retenues collinaires et le niveau du lac, ce qui constitue une évidence compte tenu des niveaux d’eau en cause ce qui nous a valu d’être accusé  » de répandre des fake news (nous ne sommes tout de même pas aussi c… que ça !), nous avons développé notre argumentaire déjà publié dans nos documents de positionnement post colloque COP 21, chapitre tourisme.
La neige artificielle, ce n’est pas blanc ou noir, on n’est pas « pour » ou » contre » ! La neige artificielle a été inventée pour pallier des déficiences d’enneigement : retours station ou pistes stratégiques où il fallait mettre des « rustines » et non pour transformer le « ski » en « ski artificiel »  sans tenir compte des incidences environnementales.
Non la neige artificielle, ce n ‘est pas que de l’air et de l’eau : il y a des effets collatéraux que l’on omet de prendre en compte…

Nous constatons que, simplement pour copier les pays concurrents, l’équipement en neige artificielle devient systématique sur les domaines skiables où désormais on raisonne en « taux de couverture ». On ne résonne plus en adéquation des seuls besoins et surtout de l’évolution prévisible du changement climatique : saison de neige retardée et plus courte ; pluies plus abondantes que les chutes de neige. Des investissements lourds amortissables sur de longues périodes ne sont également pas en adéquation parce que trop fortement aidés par de l’argent public.

Alors nous disons gaspillage !

Gaspillage d’équipements à trop basses ou trop fortes altitudes, gaspillage de ressources qui localement peuvent entrer en conflit d’usage avec d’autres besoins notamment pour ce qui concerne l’eau potable, gaspillage d’argent public.

De la neige de culture au ski artificiel, histoire d’une dérive

Préambule

Les observatoires départementaux de la neige ne fonctionnent plus (le manque de moyens est mis en avant comme justification par les DDT) donc seules les données récupérées auprès des professionnels et celles produites par des programmes de recherche servent de base pour observer l’évolution dans ce secteur.

La neige artificielle, que nous nous refusons à appeler « neige de culture » parce que nous ne voyons, je ne vois pas, ce qu’il y a de « culture » dans la production de grains de glace amorphe qui ne sont pas des cristaux et donc pas de la neige, qui est ensuite utilisée soit en sous couche de piste en avant saison soit en rajout et en mélange avec de la neige naturelle en cours de saison.

Il est possible que le mot culture soit employé en déclinaison de la maxime : « la culture c’est comme la confiture moins on en a plus on l’étale » ?

Or depuis une époque très récente les modes de production de la neige artificielle ont eux aussi évolué.

  • Mode traditionnel : les canons ou diffuseurs le long des pistes alimentés par des canalisations enterrées.
  • Fabrication en usine d’un stock de neige, le « snow-farming », ensuite transporté et épandu damé sur les pistes (de ski de fond généralement).
  • Stock de neige constitué en fin de saison et entreposé en « carrière » ou non et isolé par une couche de sciure de 30 cm ou autre isolant pour passer la saison estivale et automnale. Ces stocks sont utilisés par reprise en fin d’automne début hiver pour garantir la tenue du calendrier de manifestations sportives dans des stations de moyenne altitude (ski de fond en général). Les professionnels du Tourisme viennent de reconnaître qu’il serait peut-être judicieux de réviser les calendriers des manifestations qui n’a pas bougé depuis 20 ans.

 Au chapitre de l’opportunité

Si la neige de culture a été conçue à l’origine (et utilisée à ces fins), c’était pour servir de « rustines » le long de pistes, de garantir un retour station et garantir l’ouverture des stations par quelques pistes jugées stratégiques et permettant de déclarer la station « ouverte » et encaisser des forfaits.

Depuis la neige artificielle a été utilisée bien au-delà de secteurs vulnérables, à l’enneigement de « tout le domaine skiable » et de façon de plus en plus systématique. Alors que des progrès dans la connaissance des zones de vulnérabilité ont été fait, notamment par des travaux de recherche, l’équipement en station a fait fi de ces zones stratégiques pour raisonner et surtout pour communiquer en termes de « taux de couverture » des domaines skiables et du nombre de canons à neige ; ce qui a eu pour effet de lancer une course insensée à la surenchère sur ces critères.

Argumentant sur un contexte concurrentiel notamment au niveau international : Autriche, Italie Suisse qui avançaient ce critère de taux de couverture (60 % pour l’Autriche, 70% Italie ,48% Suisse) les domaines skiables français ont entrepris de rattraper d’urgence ce « retard ». Laurent WAUQUIEZ, Président du Conseil Régional a d’ailleurs fixé un objectif très court terme de 50% de taux de couverture (actuellement de 35% en France).

De notre enquête les taux de couverture dans les pays voisins ont été fixés sur des fondements politico-économiques : « assurance tous risques » quoi qu’il en coûte.

On vient d’inventer sans le dire une nouvelle activité :  » le ski artificiel « 

Même s’il n’a pas neigé, on doit être capable d’offrir en ouverture de saison un taux de pistes blanches déclarées ouvertes même si, à côté, l’herbe est encore à découvert. On notera une ouverture encore plus tôt pour certaines stations, comme BESSANS : cette année le 26 Octobre !

L’utilisation de la neige artificielle s’est donc élargie :

  1. Créer précocement la couche de fondation du manteau neigeux (neige humide à 450 kg/m3 qui servira de support à la neige naturelle).
  2. Constituer un matelas de frigories qui permettra la conservation de la neige naturelle.
  3. Conforter les zones d’usures (soit en préventif par surépaisseur, soit en curatif par production au jour le jour) = neige sèche souple à skier.
  4. A minima, garantir la fonctionnalité de l’ossature du domaine skiable.

Il est fait fi que le ski sur neige artificielle n’a pas les mêmes propriétés et n’offre pas et loin s’en faut, les mêmes sensations que la neige naturelle : neige dure et abrasive, peu de souplesse, plus de glissades et dérapages que de douceur ; plus dure en cas de chute… Il est probable que les skieurs traditionnels et moins inconditionnels finiront par s’en apercevoir. A observer la presse on constate une augmentation importante de  » fractures » à cette époque de saison de fin d’année 2018. Certes la neige artificielle n’est pas la seule en cause car il n’a pas neigé sur la période mais plutôt plu et que pluie et neige ne font pas bon ménage et se transforment en glace !

Autre prétexte avancé, c’est celui d’offrir un terrain d’entraînement pour les professionnels. Mais Martin FOURCADE pourtant familier de la neige artificielle aux derniers championnats du monde, s’entraîne, en l’absence de neige, sur patin à roulette : pour ces professionnels, il faut savoir ne pas être totalement dépendant de la neige !

Certaines compétions (voir les derniers championnats du monde) et certaines stations notamment en Chine, en Bulgarie mais aussi en France sont équipées à 100 % en neige artificielle et ce sont elles qui vont servir de modèle pour les ventes d’équipement et de matériels de ski !

Pratiquement aucun critère d’altitude ne prévaut à l’installation à l’équipement en neige artificielle !

On équipe autant HAUTEVILLE Lompes à 900 m, qu’AUTRANS ou VILLARD de LANS dans le VERCORS que VAL D’ISERE, COUCHEVEL, TIGNES ET VAL THORENS. Ces dernières sont pourtant quasi garanties d’un enneigement naturel suffisant mais pèse sur elles le risque d’un retard de saison qu’on ne veut absolument pas prendre quel qu’en soit le prix….

« L’esprit de concurrence » règne de façon forte entre stations. Si une station s’équipe pourquoi pas sa voisine ?  Les grandes stations d’altitude développent à fond la neige artificielle alors que le besoin est loin d’être prouvé tandis que les stations de moyenne et de plus basse altitude semblent avoir levé le pied et s’orientent vers une moindre dépendance à la neige.

Alors les canons « tirent » dès la mi-novembre s’il fait froid et si la station dispose des ressources en eau suffisantes (50% à 60% de leur utilisation annuelle), faisant fi de l’hypothèse qu’il neigera peut-être même abondamment dans les semaines qui suivent…

On maintient donc une offre touristique de ski à tout prix, pour une clientèle en baisse de fréquentation ( -14% en 10 ans : une érosion faible mais régulière) et alors que le ski en lui-même est une activité parvenue à maturité. Le client demande de la diversité et ne skie plus que 2-3 heures par jour. Du fait des très bonnes performances des Remontées Mécaniques (où on ne fait plus la queue selon DSF !), il est habituel, surtout chez les jeunes, de zapper et l’« à coté ski » ou l’«après ski » sont au moins aussi attractifs que le ski lui-même. L’essor du ski de randonnée est incontestable pour goûter à la « vraie neige », aux « vrais paysages », à un environnement préservé et, quelque part, fuir la cité urbaine que sont devenues les stations. Cet essor du ski de randonnée n’est d’ailleurs pas sans poser des problèmes de sécurité mais aussi de protection de la faune sauvage par sur-fréquentation de courses très populaires et de la forêt avec des impacts sur les jeunes boisements et les baliveaux.

Incidences environnementales

Ce développement de la neige artificielle qui nécessite des aménagements et équipements est mal encadré réglementairement. Les incidences environnementales ne pèsent pas lourds face aux enjeux économiques qui sont primordiaux : 1.2 milliards de euros de CA – 9 milliards d’euros dépensés en station chaque hiver – 120 000 emplois – 10 millions de touristes en hiver dont 7 millions pratiquant les sports de glisse.

A l’occasion de la loi montagne Acte 2 de décembre 2016, il a été refusé d’inclure les opérations d’enneigement artificiel dans la nomenclature des UTN pas même celles des UTN locales. Idem pour les retenues collinaires alors que l’on a fait remarquer que ces opérations répondent parfaitement à la définition des UTN inscrite dans la loi.

Ferraillant d’arrache-pied avec les opérateurs qui ne « voulaient aucune étude d’impact  » pour les opérations d’enneigement, il a heureusement été rappelé qu’elles sont soumises à étude d’impact (« évaluation environnementale »). Éventuellement pour les plus petites d’entre elles, en fonction de la décision de l’Autorité Environnementale, et après analyse au cas par cas comme les retenues collinaires de plus de 3 hectares de surface lorsque leur volume est inférieur à 1 millions de m3 ce qui est pour l’instant[1] toujours le cas pour les retenues destinées à la production de neige artificielle [2].

Pour connaître la réglementation applicable on se reportera utilement à l’ouvrage édité par FNE AURA en Novembre 2017  » Guide montagne  » pour l’instruction technique et juridique de projets et plans programmes  » chapitre 5 « équipements pour le recours à la neige artificielle » et chapitre 6  » retenues collinaires et ouvrages connexes su cours d’eau « .

Si les installations de neige artificielle échappent à une réglementation globale qui leur serait spécifiquement dédiée, leurs constituants : groupe de Haute Pression, Usine à neige, stockage, retenues collinaires, prise d’eau sur un cours d’eau, pose de conduite d’adduction d’eau … répondent suivant leur taille et le contexte d’installation à diverses réglementation pour la protection de l’environnement : Code de l’Urbanisme, ICPE, IOTA… et peuvent donc être soumis à autorisation ou à déclaration auprès des services préfectoraux.

De l’air et de l’eau ? Vraiment ?

La neige artificielle, contrairement à ce que certains énoncent, ce n’est pas que de l’eau et de l’air. Les incidences sont nettement plus notables que cela :

Aménagements : les pistes bénéficiant d’un équipement de neige artificielle sont souvent remodelées pour des pentes plus douces[3], facilitant le damage lui-même devenu indispensable comme disposition d’accompagnement de la production de neige artificielle. Si les techniques de damage ont fait de très grands sauts technologiques pour damer la quantité suffisante : 30cm pendant 100 jours, c’est au prix d’un damage quasi journalier sur des surfaces devenues de plus en plus grandes (les pistes sont devenues de véritables autoroutes de la neige). Les dameuses restent aujourd’hui alimentées au gazole carburant très fortement contributeur aux émissions de GES facteurs du Changement climatique. Nous avons tenté d’évaluer les émissions de GES dues au transport, régalage de la neige artificielle puis à son damage mais s’il est possible de connaître les consommations de carburant des dameuses il ne serait pas équitable de les attribuer à la seule neige artificielle.

L’enterrement des conduites d’eau, intéressant sur le plan esthétique, n’est pas sans risques. Des ruptures de canalisations se sont déjà produites entraînant d’importants dégâts (déstabilisation de terrain).

Ressource en eau : La production de neige artificielle est fortement consommatrice d’eau, généralement de qualité  » eau potable « . Une proportion importante (30 à 40%) est renvoyée à l’atmosphère par évaporation ou sublimation. Il s’agit donc de gaspiller une eau qui ne s’écoulera pas, ne s’infiltrera pas et ne servira pas pour d’autres usages …

Sans parler des inévitables pertes mécaniques : vent, dépôt derrière l’enneigeur, dépôt en dehors de la piste.

Les consommations d’eau sont de l’ordre de 4000 m3 à l’hectare pour chaque couche. Il y a généralement plusieurs « couches « de neige passées tout au long de la saison … et 4000 m3/hectare correspond à une consommation d’eau supérieure aux exigences du maïs en été, culture avide d’eau s’il en fût !

Les périodes d’utilisation se répartissent dans le temps suivant les proportions suivantes :

  • 50% de production avant le 20/12
  • 40% entre le 20/12 et le 20/02
  • 10% entre le 20/02 et le 31/03.

La coexistence des divers usages à ces périodes d’étiage hivernal des cours d’eau de montagne n’est souvent pas évidente localement.

La « bonne » gestion consiste à savoir quand il ne faut pas produire et à ajuster les objectifs de production en veillant à ne jamais être en surcapacité par rapport aux besoins. La station du Grand Bornand se vante d’avoir une capacité de stockage largement supérieure aux besoins (sans préciser lesquels) et pourtant envisage d’ici 5 ans une nouvelle retenue collinaire !

Les « partisans » du recours important à la neige artificielle voudraient maintenant justifier voire partager les frais de construction des retenues collinaires, par le fait qu’elles pourraient servir à plusieurs usages. Ceci est un leurre parce qu’on remplit généralement les capacités de stockage au printemps ce n’est pas pour les vider en période estivale pour de soi-disant autres besoins !

Mettons deux chiffres face à face : la construction de retenue collinaire c’est plusieurs millions d’euros ; pour alimenter les canons en moyenne 150 h/an ! c’est aussi de notre point de vue, un autre aspect du  » gaspillage ».

Si on globalise les consommations au niveau des Alpes françaises, ce sont entre 15 à 17 Millions de m3 par an qui sont consommés pour la fabrication de la neige artificielle ce qui équivaut à la consommation annuelle d’eau potable d’une ville comme Grenoble !

Très loin de nous de penser que l’eau stockée et prélevée pour les canons à neige est responsable de la baisse exceptionnelle du niveau d’eau du lac d’Annecy ou de celui du Bourget début d’automne 2018. On n’est pas dans ces proportions-là heureusement ! Mais la baisse du niveau des lacs a mis en évidence que les cours d’eau en amont, ont atteint cette année des niveaux de débits faibles très rarement connus et donc que tout prélèvement sur ces cours d’eau pouvait se retrouver « en concurrence » avec d’autres usages dont celui de l’eau potable pour les réseaux de distribution publics.

(Ordres de grandeur : La Tarentaise reçoit 2 000 000 000 de m3 de précipitations annuelles ; EDF turbine 400 000 000 de m3 et en stocke sans doute au moins la moitié ; la population consomme 20 000 000 de m3 (entre 0,100 et 0,150 m3 par jour et par personne : 100 à 150l/jour) ; la neige de culture consomme 3 000 000 de m3).

Ceci est surtout vrai à cette époque de pénurie pour la neige artificielle qui s’approvisionne directement sur des cours d’eau (alors en période d’étiage) ou sur des retenues collinaires qui n’ont pas pu reconstituer leur stock au cours des mois de printemps-été. Cela le sera également en février si les prélèvements pour la neige artificielle viennent en concurrence avec la demande d’AEP. Il faudra en effet au même moment, alimenter en pleine période touristique, les hébergements pour lesquels la demande augmente pour piscine, jacuzzi, spa, et autres qui puisent tous sur la même ressource.

A l’échelle d’un bassin versant et en moyenne, l’eau utilisée par la fabrication de la neige artificielle provient à :

  • 60% des retenues d’altitudes
  • 25% de prise directe sur des ruisseaux
  • 15% du trop-plein de l’eau potable.

Ce risque de conflit est aujourd’hui mieux reconnu par les stations et nous sommes moins dans le déni qu’auparavant (Voir Annexe).

Alors la solution envisagée par les stations n’est pas de réduire leur consommation pour les canons à neige, ni d’être moins dépendant des conditions d’enneigement naturel, mais de conserver le même modèle et pour ce faire, « s’assurer » contre les aléas de l’enneigement naturel, en créant de nouvelles capacités de stockage en multipliant les retenues collinaires… qu’il restera à remplir !

Créer un maximum de stockage d’eau en montagne, la retenir à tous prix … cette situation mérite que l’on s’y arrête pour en poser les limites et en circonscrire les usages.  Le nouveau SDAGE devrait en fixer les conditions en étendant celles déjà contenues dans le SDAGE actuel et les pouvoirs publics devraient en fixer les règles pour l’attribution du concours de financements publics pour ce type d’investissements.

La consommation d’eau pour la neige artificielle doit être confrontée, comme toute autre consommation, au niveau de la disponibilité réelle de la ressource et ce, sur le long terme, c’est à dire en prenant en compte les effets du changement climatique.

A notre époque on pourrait penser que la ressource ne diminue pas : les approvisionnements par la fonte des glaciers (tant qu’ils existent !) et la pluviométrie étalée sur l’année apparaît comme une constante. Mais cela masque en fait un déficit de stockage d’eau dans les nappes et un déficit des débits de cours d’eau qui ont atteint des niveaux proches du « jamais vu » après un été et un début d’automne (jusqu’à la Toussaint environ) de sécheresse exceptionnelle.

Oui la ressource en eau n’est pas illimitée et il faut la GÉRER

En face le déficit d’enneigement moyen n’est jamais que de 25 jours par an. Faut-il compenser absolument ce déficit de neige par le recours à la neige artificielle ? Ne vaut-il pas mieux accepter que la saison propice au ski ne s’étale pas sur 140 jours mais sur 120 ou 100 (qui semble être cohérent avec l’équilibre économique des stations) ?

Les PGRE sont des outils indispensables pour bien quantifier les ressources et en fonction de leur disponibilité et selon les périodes les possibilités des prélèvements souhaités. D’une réglementation qui ne fixait qu’un pourcentage du débit réservé on pourra passer à qui peut prélever, quand, où et combien ?

Rappel règle fondamentale : Attirer l’attention des porteurs de projets sur l’obligation de compatibilité avec le SDAGE du Bassin Rhône Méditerranée 2016-2021. Pour nous limiter à quelques points importants nous citerons d’abord la compatibilité vis-à-vis de l’adaptation au changement climatique (Orientation 0 du SDAGE) qui ne doit pas être limitée à la « nécessité » complaisamment avancée de produire de la neige artificielle pour des raisons d’accroissement ou de maintien de la fréquentation et des revenus touristiques) mais doit prendre en compte les autres facteurs pouvant obérer la possibilité technique de cette production (évolution de la température de l’air extérieur, disponibilité de la ressource en eau…), facteurs qui sont susceptibles d’être péjorés par le Changement Climatique. Cette obligation découle également de l’orientation 3 du SDAGE en particulier la disposition 3-04 : « développer l’analyse économique dans les programmes et projets » alors que le 2ième paragraphe de la disposition 7_04 traite explicitement de ce type d’installation au sein de l’Orientation 7 (Gestion quantitative).

Les retenues collinaires qui accompagnent de plus en plus systématiquement la neige artificielle ont des incidences sur l’environnement en engendrant une forte artificialisation des paysages. D’autant plus qu’il s’agit maintenant d’ouvrages très conséquents, leur volume dépasse très souvent maintenant 100 000 m3. Leur impact sur la biodiversité est important, à commencer par celle occupant l’emplacement choisi pour leur établissement. Les retenues collinaires sont souvent installées dans des dépressions souvent occupées par des Zones Humides qui sont irrémédiablement détruites avec elles, les services éco-systhèmiques de régulation de l’hydrologie. A ces altitudes, l’impluvium de ces retenues est généralement trop faible pour assurer un remplissage par le seul ruissellement et on doit recourir à des captages complémentaires dans des cours d’eau du voisinage par des dérivations plus ou moins longues qui sont aussi la source d’impacts de toute nature (paysage, biodiversité…). On pense d’abord à leur effet sur les cours d’eau qui peuvent voir leurs eaux totalement dérivées vers la retenue à l’étiage hivernal. Tous ces impacts apparaissent difficilement réductibles sauf à limiter les fonctions mêmes de la retenue. La compensation des impacts résiduels est prévue dans la loi en particulier pour les Zones Humides mais leur « re-création ex nihilo » si tant est que cela est vraiment un sens, reste une gageure et la restauration de Zones Humides dégradées ailleurs suppose le rétablissement de toutes les fonctions assurées par une Zone Humide dans son intégrité. Ceci est sinon illusoire du moins un sujet d’interrogations.

Quid de l’imperméabilisation des sols ?

Enfin le dernier problème est celui de l’imperméabilisation des sols par la glace formée ultra damée au cours de la saison qui aura du mal à fondre et permettra davantage le ruissellement (risque d’érosion sur sol nu) que l’infiltration vers les nappes qui pourtant ont fort besoin. Cette imperméabilisation (dont le taux n’est pas encore quantifiée) sera aussi source d’un retard à la re-végétalisation des pistes.

Nous ne reviendrons pas sur les aspects qualitatifs des eaux de fonte. Ceci a déjà été développé dans une note précédente. En principe il n’y a plus de produits d’ajout au niveau de la fabrication sauf peut-être des sels au niveau de damage. Il est prétendu qu’il n’y a pas d’ajout de biocide dans les retenues collinaires mais il est prouvé que si l’eau prélevée pour remplir les retenues ou alimenter les canons est impropre biologiquement, cette qualité ne sera pas améliorée et rétablie par son passage au stade de « neige ».

Malgré notre demande que l’ARS fasse des contrôles surtout sur les eaux qui seront ensuite utilisées en eau potable à notre connaissance aucun contrôle de qualité notamment sanitaire n’a été fait !

La commune de Chamrousse près de Grenoble a cru bon d’utiliser les eaux d’un bassin recevant les eaux de lessivage de la chaussée pour alimenter son réseau de fabrication de neige artificielle. L’idée d’utiliser autre chose que de l’eau potable pour cet usage pouvait séduire et ne manquait pas d’attrait. Malheureusement au printemps, l’eau résultant de la fonte de la neige fabriquée à partir de ces eaux, a traversé une aire d’alimentation de captage, rendant temporairement ses eaux impropres à la consommation.

Incidences énergétiques

Le second problème que pose le développement de la neige artificielle, c’est sa consommation énergétique au niveau de la production-diffusion à partir des canons à neige. On ne va évidemment pas dans le sens des obligations de réduction par 2 d’ici 2030 des consommations électriques tous usages confondus et de réduction des consommations de gazole des dameuses qui accompagnent la production de neige artificielle.

Consommation de 2 à 3 KWh par m3 de neige produite !

Cette consommation ne fera encore que croître si on se dirige vers un objectif de couverture de domaine skiable qui voudrait passer de 35% à 50 % … et cesser de raisonner en besoins minima selon les risques de déficiences locales.

De plus, il convient de savoir quand il ne faut pas produire : ajuster le timing (juste à temps!).

Incidences économiques

Les enneigeurs ou les usines à neige accompagnés de création de retenues collinaires sont des investissements lourds dont la rentabilité exige de longues durées d’amortissement.

De 2012 à 2017 ce sont 284 millions d’euros qui ont été investis tous massifs confondus, avec une accélération de la progression d’année en année…  et ce n’est pas fini !

Les investissements sont largement subventionnés par les Régions et les Départements qui surenchérissent rendant minoritaire la part relevant des bénéficiaires investisseurs et raccourcissant de façon artificielle le délai d’amortissement. Il s’agit pourtant de fonds publics dont le poids pèse sur tous les citoyens.

C’est pour cela que certaines communes n’hésitent pas à s’y lancer ou s’étendre sans besoin évident. Puisqu’un guichet fort attractif est ouvert, allons-y ! La Région Auvergne-Rhône-Alpes qui s’était donnée une enveloppe initiale de 30 Millions €, l’a largement dépassée et apparemment fonctionne toujours à guichet ouvert.

1 m3 de neige produit et travaillé, coûte à l’exploitant environ 1,5 €, 

et il faut  1 m3 d’eau pour produire 2 m3 de NA

Surface couverte = 3 300 m2 par enneigeur (soit 3 enneigeurs/ha)

  • 1 ha de piste enneigée nécessite l’apport d’environ 4 000 m3 d’eau pour une couche de neige skiable (il peut y avoir nécessité de plusieurs couches de neige dans l’année)
  • Durée de fonctionnement (moyenne) d’un enneigeur = 150 h/an
  • Masse de neige produite par enneigeur par an (moyenne) = 800 t.

900 000 € par 1000 ml pour un équipement complet.

365 000 à 390 000 € / 1000 ml (mètre linéaire) pour une extension réseaux soit un investissement de 150 000 € pour 1 ha de piste (largeur de piste moyenne de 25 m).

Ces frais se répercutent sur le prix du forfait par une hausse de 10 à 15 % ce qui éloigne encore davantage du ski les personnes et les familles modestes alors que, dans le même temps, l’aide financière publique explose.

Nous rappelons que face à ce développement forcené de la neige artificielle nous ne sommes pas restés inactifs :  

  • Revue documentaire et scientifique.
  • Tournée des DDT et de leur mode d’instruction des projets.
  • Courrier adressé aux préfets de région, de départements pour les sensibiliser sur les incidences environnementales et les inviter aux points de vigilance suivants :

1 ) Rappeler aux maîtres d’ouvrages des installations d’enneigement artificiel (particulièrement aux 50 auxquels le Conseil Régional a décidé d’accorder une aide) des installations d’enneigement artificiel que leurs projets sont visés par les dispositions du code de l’environnement imposant une évaluation environnementale, de façon systématique ou après un examen au cas par cas.

2) Interdire par voie d’arrêté, comme cela semble être le cas en Haute-Savoie, tout produit d’ajout dans la fabrication de la neige et surtout l’adjonction de produits biocides dans les retenues collinaires et tous autres stockages destinés à la fabrication de neige artificielle.

3) Systématiser les contrôles de respect de vos arrêtés « loi sur l’eau » pour s’assurer que les « débits réservés » sont bien respectés (Articles L 214-18 et R 214-111 du CE), en toute période et particulièrement en période de sécheresse comme certains départements en rencontrent au début 2017 ; les stockages destinés à la fabrication de neige artificielle.

4) Procéder ou faire procéder par l’ARS (Agence Régionale de la Santé) à des contrôles de la qualité des eaux utilisées pour la fabrication de la neige et de celles de fonte particulièrement dans les endroits où l’eau peut rejoindre les aires d’alimentation des captages d’eau potable : les contrôles dont nous avons connaissance, réalisés par les agents des DDT et les services départementaux de l’AFB (services chargés, entre autres fonction, de fonction de police de l’environnement en matière aquatique, issus de l’ancien ONEMA) ne portent que sur les aspects quantitatifs et non pas sur la qualité notamment sanitaire des eaux (bactériologie, pollution chimique).

4) Attirer l’attention des porteurs de projets sur l’obligation de compatibilité avec le SDAGE du Bassin Rhône Méditerranée 2016-2021). Pour nous limiter à quelques points importants, nous citerons d’abord la compatibilité vis-à-vis de l’adaptation au changement climatique (Orientation 0 du SDAGE) qui ne doit pas être limitée à la «nécessité » complaisamment avancée de produire de la neige artificielle pour des raisons d’accroissement ou de maintien de la fréquentation et des revenus touristiques, mais doit prendre en compte les autres facteurs pouvant obérer la possibilité technique de cette production (évolution de la température de l’air extérieur, disponibilité de la ressource en eau…), facteurs qui sont susceptibles d’être péjorés par le Changement Climatique. Cette obligation découle également de l’orientation 3 du SDAGE en particulier la disposition 3-04 : « développer l’analyse économique dans les programmes et projets » alors que le 2ème paragraphe de la disposition 7-04 traite explicitement de ce type d’installation au sein de l’Orientation 7 (Gestion quantitative).

6) Rendre publiques les données collectées sur les paramètres directeurs de l’utilisation de la neige artificielle détenues par les observatoires interdépartementaux de la neige artificielle logés dans les DDT, apparemment recueillies mais non traitées faute de moyens.

En résumé

  • Déséquilibre des masses d’eau par des transferts importants entre sous-bassins dans une situation déjà fragilisée par des sécheresses récurrentes comme le démontrent les arrêtés préfectoraux pris en Isère d’année en année d ‘où une course sans limite pour l’instant à créer des stockages d’eau en capacité suffisant pour couvrir tous les besoins d’alimentation des canons à neige.
  • Prolongation artificielle de la durée d’enneigement et création d’un « permafrost « qui retarde une re-végétalisation des sols et donc d’être pâturés.
  • Réalisation d’ouvrages dans des zones d’écosystèmes fragiles, ZH d’altitude notamment, sans aucune mesure d’évitement et la compensation étant purement théorique.
  • Consommation d’énergie pour l’enneigement dans une période de sobriété énergétique exigée par la loi de la transition énergétique.
  • Investissements des collectivités dans des équipements structurants et lourds à court terme (alors que leur amortissement se compte en décennies) au détriment d’une réorientation de l’activité tenant compte du changement climatique.
  • et, en termes de procédures à forte conséquence au fond, absence d’évaluation des incidences environnementales et d’intégration à l’encadrement « UTN » alors que ces installations ne sont évidemment pas sans effets indirects et cumulés avec la pratique du ski d’une part et qu’elles répondent bien à un objectif de développement économique du tourisme en discontinuité de l’urbanisation d’autre part.

Conclusion :

La France est un pays riche ! L’économie du tourisme certes importante pour celle du pays prévaut dans bien des cas sur tout autre argument et notamment sur la protection de l’environnement et la préservation des ressources en eau.

Le Changement Climatique bouleverse les conditions d’enneigement naturel qui ne sont plus celles de années glorieuses de l’or blanc. On voudrait faire passer pour adaptation ce qui est avant tout obstination : surtout ne pas faire évoluer un modèle qui a déjà tant rapporté ! On raisonne encore à court terme alors qu’il faudrait prendre en compte maintenant le long terme.

L’OCDE prévoit que, d’ici à 2030, 80 stations de moyennes et basses altitudes devront fermer en France. Ce ne sont pas celles-là qui recourent à la neige artificielle en suréquipement. Elles ont déjà opéré une reconversion dans leurs activités privilégiant la fréquentation à la rentabilité.

Face à la perspective d’enneigement insuffisant ou du moins décalé des périodes touristiques à forte fréquentation, les hautes et grandes stations qui peuvent se le payer, ne veulent prendre aucun risque et se tournent fortement et rapidement vers la neige artificielle pour préserver une activité pourtant parvenue à maturité.

Les prélèvements de ressource en eau et la consommation d’énergie entraînés par ce mouvement posent question et sont contraires à la transition écologique.

Au lieu d’adapter les activités aux ressources et n’envisager que le strict nécessaire aussi bien en équipement qu’en consommation, c’est d’abord l’esprit de compétition qui prévaut (être la première station à ouvrir) et celui d’une économie concurrentielle comme driver des investissements à réaliser qui in fine, provoque un gaspillage conséquent :

  • Gaspillage de ressources.
  • Gaspillage financier de suréquipement.
  • Gaspillage d’argent public par le fort soutien sans limites apparentes pour les projets dont l’opportunité économique est loin d’être démontrée.

Il serait préférable et surtout plus sage de constater et admettre que l’on a changé d’époque ou du moins pris un tournant. L’empreinte écologique de certains secteurs est trop forte et n’est pas supportable dès à présent et le sera encore moins dans l’avenir avec les effets du Changement Climatique.

Focus

Certains maires ont pris conscience d’un risque de conflit d’usage entre neige artificielle et eau potable.

LES GETS (rappel d’un véritable conflit d’usage qui s’est produit en 2006)

Pour Henri ANTHONIOZ le maire des Gets, la situation est préoccupante. II reconnaît que le niveau d’eau potable de 2800m3/jour requis pour la consommation pendant les vacances de février où la station affiche complet était jusqu’alors en déficit de 400 m3/j. Nous avons bien un réservoir tampon de 2000 m3 mais qui s’avérera rapidement insuffisant.

LA CLUSAZ

Le 16 novembre, la mairie de cette commune échelonnée entre 984 et 2.616 mètres d’altitude a annoncé qu’elle envisageait pour la première fois de puiser dans les réserves d’eau dédiées à la neige de culture pour approvisionner les habitants en eau potable. Un changement de politique notable, explique à Reporterre le directeur du service des pistes Guilhem Motte, le 22 novembre : « Les hivers 1989, 1990 et 1991 ont été marqués par de gros déficits d’enneigement, qui ont porté un coup très dur à l’économie de la commune. Pour stabiliser le fonctionnement de la station, quatre retenues ont été construites entre 1995 et 2000, pour une capacité totale de 271.000 mètres cubes d’eau. Avec ce principe, pour éviter les conflits d’usage, qu’elles ne serviraient qu’à la production de neige. »

En parallèle, Saint-Jean-De-Sixt, La Clusaz et le Grand-Bornand sont approvisionnés en eau potable grâce à des captages dans deux rivières, le Nom et le Borne. « A La Clusaz, le potentiel s’élève à 3.000 mètres cubes d’eau potable par jour, pour une consommation quotidienne de 900 mètres cubes. Pour l’heure, il n’y a pas de déficit », précise Guilhem Motte. C’est sans compter sur une population qui grimpe de 2.000 habitants à l’année (NDR : 200 à 300 m3/j pour l’eau potable) à 30.000 pendant la saison de ski, pile au moment de l’étiage (NDR : 3000 à 4500 m3/j). Dans l’hypothèse la plus pessimiste où pas une goutte de pluie ne tomberait d’ici janvier, la société publique locale O des Aravis a prévu de puiser jusqu’à 100.000 mètres cubes (NDR : 20 à 30 jours de Consommation en haute saison) dans une des retenues d’eau destinées aux enneigeurs. Par ailleurs, la construction d’une cinquième retenue d’une capacité de 150.000 mètres cubes et équipée d’un système de filtration est prévue sur le plateau de la Colombière, qui servira à la fois à l’enneigement de la station et à son approvisionnement en eau potable. « L’objectif est d’augmenter le nombre de pistes équipées d’enneigeurs, pour offrir plus de choix aux skieurs en cas de déficit de neige. Mais aussi d’apporter de l’eau à un nombre croissant d’habitants et de touristes, pour anticiper le développement économique de la station dans les trente à quarante prochaines années », indique le directeur du service des pistes.

Crise de l’eau en Haute-Savoie

En Savoie, sur soixante stations de ski, qui totalisent 46 % des recettes des exploitants de remontées mécaniques en France, quarante-neuf sont équipées en installations de neige de culture. Les « retenues collinaires » – ou retenues d’altitude – d’une capacité moyenne de 65 000 m3, concernent vingt-neuf sites. À la mi-décembre 2018, cette fois, c’est à Avoriaz, autre station prestigieuse du département voisin de la Haute-Savoie, que l’état d’alerte est proclamé. Comme les retenues d’altitude utilisées traditionnellement pour fabriquer de la neige artificielle manquent d’eau, et que la production de neige de culture, qui démarre traditionnellement en novembre, n’a pu s’effectuer, le service des pistes a jeté son dévolu sur un lac destiné à alimenter la station en eau potable.

Les trois retenues d’altitude du domaine skiable sont alimentées grâce à la fonte du printemps. La première se situe à Montriond (46 000 mètres cubes d’eau) et les deux autres à Morzine (84 000 mètres cubes). La station dispose également d’une autorisation préfectorale de prélever de l’eau dans le lac de Montriond dans la limite de 120 000 mètres cubes, à condition que le niveau du lac n’atteigne pas une certaine limite. Mais ce lac naturel n’est pas étanche. La sécheresse de l’été a interdit son remplissage. Le service des pistes de la société d’exploitation des remontées mécaniques de Morzine-Avoriaz (Serma) n’a donc pas pu puiser dans le lac durant l’automne pour débuter l’enneigement du domaine.

Il a donc fallu organiser un nouveau plan d’enneigement pour l’hiver sur le secteur de Montriond mais aussi celui de Morzine. « On ne sait pas si les retenues pleines aujourd’hui se rempliront demain », confiait Thomas Lemasson, directeur adjoint du service des pistes à l’hebdomadaire local Le Messager. En effet, l’eau qui se trouve dans les retenues côté Morzine ne peut être transférée côté Montriond car « elle doit retourner sur le bassin-versant d’où elle vient ».

La solution ? Réduire les secteurs d’intervention des enneigeurs. La moitié des pistes seront enneigées artificiellement à Montriond et les deux tiers à Morzine. « Nous avons choisi de miser sur la qualité de la neige donc nous attendons qu’il fasse très froid et peu humide. C’est un pari risqué car la date d’ouverture approche », poursuit Thomas Lemasson. Les enneigeurs n’ont donc commencé à fonctionner qu’à partir du 27 novembre, mais les basses températures n’ont pas permis de fabriquer de la neige tous les jours.

Autre front, l’alimentation de la station en eau potable, assurée par Suez. Comme l’autorité préfectorale n’a pas jugé bon de prendre un arrêté autorisant la réquisition de l’eau des retenues d’altitude afin d’alimenter les réseaux d’eau potable dans le Chablais, l’opérateur privé s’est retrouvé en difficulté. Il dispose de deux lacs destinés à alimenter la station d’Avoriaz en eau potable en février, lorsque les besoins sont les plus importants. Mais l’un des deux, « Lac 2000 » a dû être vidangé pour une opération de maintenance en juin dernier.

La sécheresse prolongée n’a pas permis qu’il se remplisse à nouveau. Suez a donc dû demander aux services des pistes de transférer le surplus d’eau du lac « 1730 » vers le lac « 2000 ». Le pompage s’est effectué, via le réseau de neige de culture, durant neuf jours mi-novembre. Pendant ce temps, la station n’a pas pu faire fonctionner ses enneigeurs et préparer les pistes pour l’hiver. « Ça nous a pénalisés mais on ne pouvait pas faire les deux en même temps, précise Thomas Lemasson. Mais c’est normal de prêter main forte au gestionnaire d’eau potable. C’était la priorité. Aujourd’hui, nous devons partager nos ressources. Nous ne pouvons pas garder l’eau destinée à la neige de culture pour nous. En période de crise, on doit partager. »

Annexes :

[1] D’abord de volumes se comptant en milliers de m3 on voit maintenant des projets de plusieurs centaines de m2 comme à Val Thorens (306000m2), volume en rapport avec la taille des domaines skiables et surtout avec les taux de couverture envisagés … ou espérés !

[2] ANNEXE à l’article R122-2 du code de l’environnement

Projet soumis à évaluation environnementale :  Installations et aménagements associés permettant d’enneiger une superficie supérieure ou égale à 2 hectares en site vierge ou d’une superficie supérieure ou égale à 4 hectares hors site vierge.

Projets soumis à examen au cas par cas :   Installations et aménagements associés permettant d’enneiger une superficie inférieure à 2 hectares en site vierge ou une superficie inférieure à 4 hectares hors site vierge. Pour la rubrique 44, est considéré comme « site vierge » un site non accessible gravitairement depuis les remontées mécaniques ou du fait de la difficulté du relief.  https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000033027297

[3] En vertu de l’article R122-2 du Code de l’environnement, la création de piste de ski peut être soumise également à évaluation environnementale : Pistes de ski (y compris les pistes dédiées à la luge lorsque celles-ci ne comportent pas d’installation fixes d’exploitation permanente) d’une superficie supérieure ou égale à 2 hectares en site vierge ou d’une superficie supérieure ou égale à 4 hectares hors site vierge.

ou analyse au cas par cas : Pistes de ski (y compris les pistes dédiées à la luge lorsque celles-ci ne comportent pas d’installation fixes d’exploitation permanente) d’une superficie inférieure à 2 hectares en site vierge ou d’une superficie inférieure à 4 hectares hors site vierge.

Il en est de même pour les remontées mécaniques.

Soumises à évaluation environnementale : Création de remontées mécaniques ou téléphériques transportant plus de 1 500 passagers par heure.

Soumises à analyse au cas par cas :  Remontées mécaniques ou téléphériques transportant moins de 1 500 passagers par heure à l’exclusion des remontées mécaniques démontables et transportables et des tapis roulants mentionnés à l’article L. 342-17-1 du code du tourisme.

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Vendredi 08 mars 2019

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