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La France a besoin d’une loi Mobilités bien plus ambitieuse

Les enjeux de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), dont l’examen a débuté le 3 juin, sont majeurs et doivent répondre aux demandes d’amélioration de la mobilité quotidienne des français et de développement des solutions pérennes qui s’offrent à eux. Cette loi doit aussi être à la hauteur de l’urgence climatique et sanitaire, puisque le transport est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, ainsi que l’émetteur majoritaire de la pollution de l’air au dioxyde d’azote. Des décisions courageuses doivent pouvoir proposer aux français un avenir plus serein, moins dépendant de la voiture individuelle et du pétrole.

Les travaux étaient pourtant bien partis, avec les Assises de la mobilité, à l’automne 2017, qui avaient fait émerger une panoplie de solutions pour nos déplacements quotidiens, ainsi que pour le transport des marchandises. La Ministre des transports, compétente et active, avait entendu une grande partie des demandes qui remontaient de la société civile et semblait prête à agir, sur tous les domaines.

Or, le projet de loi actuel proposé par le gouvernement ne fait qu’une partie du chemin et le pas est hésitant. Avec un nombre record de près de 3 500 amendements déposés, un grand nombre de députés veulent tenter de redonner de l’étoffe à cette loi  vidée de sa portée.

La crise des gilets jaunes a ébranlé le gouvernent, qui tremble devant l’idée de se mettre à dos des acteurs comme les transporteurs ou les entreprises. Par conséquent, des tabous ont surgit. Exit la question du transport de marchandises, de peur de mécontenter les routiers et de les voir bloquer les routes. Exit la mise en place d’un droit à un forfait mobilité pour les salariés, qui sera facultatif pour ne pas froisser le MEDEF. Exit toute notion de péage de congestion qui permettrait de libérer les centre-villes des véhicules polluants, de peur d’attiser la colère des défenseurs de l’automobile.

Le volet financement de cette loi est également incomplet. 200 millions d’€ sont nécessaires au développement des infrastructures cyclables en France. La loi ne propose que 50 millions. Il manque 500 millions d’€ par an pour le financement de la politique de régénération des réseaux ferroviaires, routiers et fluviaux par l’AFITTF [1]. Ces trous budgétaires ne permettront pas la mise en œuvre  des mesures indispensables, et maintes fois promises, afin d’améliorer les transports du quotidien.

Cette loi, qui sera un marqueur du quinquennat, manque d’ambition. Les députés auront-ils le courage de remettre dans le corps de cette loi les pans entiers qui ont été supprimés ? La maison brûle de toute part et l’heure n’est vraiment plus à regarder ailleurs.

La Loi d’Orientation des Mobilités doit proposer des alternatives efficaces et réalistes à la voiture, au camion et au pétrole, dont le prix est durablement orienté à la hausse et dont les effets intolérables sur la santé et le climat doivent être combattus avec vigueur.

Chacun doit payer sa part dans le financement de la nécessaire transition énergétique du secteur des transports. Les exonérations fiscales sur les carburants pétroliers, dont bénéficient les modes de transports les plus polluants (poids lourds, aviation), sont injustifiables et doivent être supprimées progressivement. Si besoin, leur suppression peut être compensée par des aides à la transition de secteurs en difficulté.

Hésiter aujourd’hui et proposer des demi-mesures et trop d’angles-morts ne fera que reporter de quelques temps la gestion des crises qui couvent : la crise sanitaire liée à la pollution de l’air, responsable de 10% de la mortalité en France, la crise énergétique et sociale, liée à notre trop grande dépendance aux énergies fossiles et surtout la crise climatique, qui exige un virage dans la politique des transports et de la mobilité.

Contact presse :
Anne Lassman-Trappier
Référente Loi d’Orientation des Mobilités
France Nature Environnement

[1] Agence de financement des infrastructures de transport de France.

Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes

Le Jeudi 06 juin 2019

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