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Valbonne : une forêt en péril

Interview de Jean-Paul Mandin, docteur en écologie, professeur de biologie, président de la Société botanique de l’Ardèche et membre du conseil scientifique de la Réserve des gorges de l’Ardèche.

En quoi la forêt de Valbonne est-elle intéressante pour les scientifiques ?

Jean-Paul Mandin : « Cette forêt est extraordinaire. Une partie est une hêtraie méditerranéenne, ce qui est très rare. Il n’en existe en tout et pour tout que cinq ! Le hêtre est une espèce qui a besoin d’une humidité atmosphérique assez forte et que l’on trouve dans les régions méditerranéennes au-dessus de 800 mètres. On a longtemps pensé qu’elle avait été implantée par les moines de la Chartreuse de Valbonne, mais une étude du CRNS sur les charbons de bois fossiles prélevés dans les sols a montré qu’elle date de la dernière période glaciaire. Le hêtre s’est implanté vers Marseille à cette époque et a remonté la vallée du Rhône au cours du réchauffement. A l’époque des Romains il y avait des forêts de plaines un peu partout, qui ont été coupées par les hommes. En l’an 1000, il n’en restait plus. Cette hêtraie est donc ce qu’on appelle une relique glaciaire, rarissime. Une autre partie de la forêt de Valbonne est une chênaie pubescente à houx, ce qui est aussi très rare.»

 

Le fait que les hêtres ne se trouvent pas à l’altitude habituelle, est-ce intéressant à étudier par rapport au changement climatique ?

J.-P. M. : « Effectivement. Même si les hêtres souffrent en ce moment suite aux nombreuses sécheresses que nous avons eues. Cette hêtraie est une sorte de conservatoire, une ressource génétique intéressante pour les chercheurs, qui est suivie de loin par plusieurs laboratoires. »

 

Que peut-on dire des espèces végétales et animales qui peuplent ces forêts ?

J.-P. M. : « Ce sont des espèces de milieu plus froid. Elles ne sont pas forcément rares en soi, mais c’est leur présence à cet endroit qui est rare. Il est exceptionnel de voir ici l’érable à feuille d’obier par exemple, ou les grenouilles agiles. Mais cet intérêt est déjà connu et reconnu par tous. La zone est Natura 2000, quand on lit les discours sur la forêt de l’ONF ils sont très écologistes. Ce qu’on leur reproche, c’est de ne pas faire du tout sur place ce qui est prévu en terme de conservation dans ces discours.»

Publié par FRAPNA Ardèche

Le Vendredi 10 janvier 2020

https://www.fne-aura.org/actualites/ardeche/valbonne-une-foret-en-peril/

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