— L'essentiel —

Pour une bonne gestion de la ressource en eau sur le bassin Chambéry – Aix-les-Bains

Implication et réussites de FNE Savoie

Un 3e contrat pour le lac du Bourget

Plus grand lac naturel d’origine glaciaire de France, le lac du Bourget représente une importante réserve d’eau douce. C’est également le support d’une biodiversité exceptionnelle.

Le réseau hydrographique qui alimente le lac draine un bassin versant de 588 km², depuis les contreforts de la montagne de l’Epine au plateau du Revard en passant par le versant nord de la Chartreuse. Sur ce territoire, les deux agglomérations de Chambéry et d’Aix-les-Bains accueillent à elles-seules près de la moitié de la population du département de la Savoie.

Entre 2002 et 2019, deux contrats de bassin versant du lac du Bourget se sont succédés.

Un Contrat de bassin est un engagement moral, technique et financier entre maîtres d’ouvrages locaux et partenaires financiers (Europe, Etat, Agence de l’eau, Région, Conseil départemental de la Savoie). Il définit et met en œuvre de manière concertée un programme d’actions afin de concourir à une gestion globale, équilibrée et durable des milieux aquatiques et des zones humides à l’échelle du bassin versant. Le Comité InterSyndical pour l’Assainissement du Lac du Bourget (CISALB), structure porteuse, est chargé de son élaboration et de sa mise en œuvre sur le territoire.

Pour ces deux contrats qui ont mobilisé 230 millions d’euros, les efforts ont porté non seulement sur la lutte contre les inondations, mais aussi sur l’amélioration de la qualité des eaux avec d’importants travaux d’assainissement, et la restauration écologique de rivières comme la Deysse, la Leysse, l’Albanne, le Sierroz ou encore le Tillet.

Parallèlement, la question de la gestion équilibrée de la ressource en eau s’est imposée rapidement comme prioritaire en raison du contexte démographique et économique du territoire, et des épisodes de sécheresses alarmants : comment garantir de l’eau en quantité suffisante à la fois pour les usages humains et le bon fonctionnement des milieux aquatiques ?

Le 03 juillet 2019, le 3e Contrat de bassin versant du lac du Bourget a été signé pour la période 2019-2022, pour un montant de 67 millions d’euros. Il devrait permettre de poursuivre et de consolider les actions déjà entreprises lors des précédentes décennies. La gestion partagée de l’eau reste un enjeu crucial dans ce nouveau contrat car notre territoire va devoir s’adapter face aux conséquences induites par le changement climatique.

Jean-Claude Madelon est administrateur et référent sur les questions liées au cycle de l’eau à FNE Savoie. Il est impliqué depuis de nombreuses années sur le suivi des actions concernant le bassin du lac du Bourget. Il s’est mobilisé très tôt sur les questions d’équilibre quantitatif de la ressource en eau. Voici un bref historique de son implication et des avancées sur ce sujet.

Depuis quand êtes-vous investi sur cette thématique et comment cela s’est-il concrétisé sur le terrain ?

En fait, c’est l’évènement climatique fort de l’été 2003, sécheresse la plus sévère depuis 1976, qui a été le déclencheur. Nous avions alors constaté que des ruisseaux en tête de bassin versant étaient à sec et que la vie aquatique en souffrait, frayères de Truite fario et écrevisse à pattes blanches déjà rare notamment. C’est le début d’une vigilance écologique renforcée, surtout sur les ruisseaux de la chaine de l’Epine et du pied du Revard qui va malheureusement mettre en évidence les répercussions sur les ruisseaux, des captages pour l’alimentation en eau potable et de certains prélèvements ni autorisés, ni déclarés.

Rapidement nous avons noué des contacts fructueux avec les gestionnaires de la ressource en eau sur le territoire des agglomérations de Chambéry et d’Aix-les-Bains. Cela nous a permis de nous familiariser avec les synoptiques de distribution de l’eau et de faire des propositions alternatives pour soulager les sources à l’étiage en sollicitant, guère d’avantage d’ailleurs, le pompage dans les nappes.

Quelques points ont jalonné les actions et les interventions nombreuses de la FNE Savoie.

D’abord en 2005, l’association a apporté une importante contribution à l’enquête publique sur le SCOT car il ne conditionnait pas les pôles préférentiels d’urbanisation à la disponibilité de la ressource en eau !

Puis dès 2006, ce sont des propositions étayées et précises pour ménager le ruisseau du Lard (source du Forezan) et de la Meunaz (affluent du Sierroz). A cet effet, FNE Savoie a aussi réalisé des diaporamas et une affiche destinés à la sensibilisation pour une gestion équilibrée de la ressource en eau.

 

Enfin le 26 février 2009, l’association avait organisé une conférence-débat ouverte au public sur le thème de la gestion de la ressource en eau et ses effets sur l’étiage des rivières. Des élus du bassin versant du lac du Bourget y ont participé et un compte rendu est paru dans le Dauphiné Libéré sous le titre accrocheur « La FRAPNA tire la sonnette d’alarme ».

 

Quelles ont été les avancées pour le territoire ?

Depuis 2006, FNE Savoie n’a plus l’impression de prêcher seule dans le désert puisque le CISALB réalise alors une première étude sur l’impact des prélèvements, puis des études sur des « Volumes Maximums Prélevables » permettant de respecter un Débit Minimum Biologique sur les cours d’eau. Pour chaque sous bassin versant, FNE Savoie a participé aux comités de pilotage. Elle y a préconisé l’anticipation des effets du changement climatique sur les milieux aquatiques. Ces études inscrites au contrat de bassin du lac du Bourget seront le fondement des débits de restitution à laisser à l’aval des sources pour préserver la vie aquatique.

Côté administratif, les études « Volumes Maximums Prélevables » ont été validées par un arrêté du Préfet de Région tandis qu’un projet de zone de répartition des eaux a été adopté lors d’une commission préfectorale avec le soutien de FNE Savoie. Dix communes de la chaine de l’Epine et du Pied du Revard sont concernées et en stade ultime un Plan de Gestion de la Ressource en Eau a été notifié au CISALB par le Préfet de la Savoie le 23/03/2017. C’est une belle satisfaction pour FNE Savoie de voir officialiser enfin des débits de restitution allant de 3 l/s sur le ruisseau du Lard de Vimines à 28 l/s sur le Nant Varon au Bourget-du-lac, et la poursuite d’études pour le bassin versant du Sierroz. Et c’est finalement une bonne concrétisation du SDAGE en ce qui concerne la gestion équilibrée de la ressource en eau, même si FNE Savoie estime que l’avenir n’est pas encore suffisamment anticipé.

Consignes de restitution aux sources (document CISALB)

Justement, pensez-vous que des inquiétudes subsistent pour l’avenir ?

Les craintes de FNE Savoie demeurent réelles pour l’avenir. Car le renforcement des réseaux pour optimiser les substitutions prévues au Plan de Gestion pour la Ressource en Eau et la création d’interconnexions comme entre Grand Chambéry et Grand Lac peuvent avoir pour conséquence de doper l’urbanisation de secteurs attractifs tant que la distribution de l’eau le permet. C’est ce que l’on observe déjà au nord de la Motte-Servolex avec l’important projet d’éco-hameau des Granges, et au Bourget du lac où les projets immobiliers se multiplient. Deux communes pourtant classées en zone de répartition des eaux ! A terme, dans un contexte croisé de développement démographique et de diminution de la ressource en eau liée au changement climatique, le risque est grand de devoir subir des arbitrages en faveur de l’alimentation en eau potable, ceci au détriment des débits de restitution censés maintenir la biodiversité dans les petits ruisseaux en tête de bassin versant.

 

Avec le soutien de

Publié par FNE Savoie

Le Lundi 16 décembre 2019

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