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Restauration écologique des milieux aquatiques : l’exemple de l’Isère

Longue de 286 km, l'Isère est emblématique de notre territoire. La restauration écologique d'une partie de la rivière permet aujourd'hui d'éviter les crues et préserver sa biodiversité, notamment sa forêt alluviale.

L’Isère et le Grésivaudan

La rivière Isère prend sa source en Savoie dans le parc de la Vanoise. Longue de 286 km, elle traverse la Savoie, l’Isère et la Drôme. Sa confluence* historique avec le Rhône se situe à la Roche-de-Glun, mais aujourd’hui, l’Isère rejoint le canal de dérivation du Rhône à Pont-de-l’Isère.

La vallée du Grésivaudan est l’une des vallées de l’Isère dans les Alpes située en amont de Grenoble. Il s’agit d’une zone moins pentue pour la rivière, qui a naturellement tendance à faire des méandres et à déborder. Les terres sont alors fertilisées par les limons* et l’importante nappe phréatique* accompagnant l’Isère permet un apport en eau même en été.

Tracé de l'Isère de sa source à sa confluence avec le Rhône - Carte OpenStreetMap

Contrôler la rivière pour cultiver les terres

Dès le Moyen-Âge, différents aménagements ont canalisé la rivière, libérant des terres, notamment pour l’agriculture. Dans la partie savoyarde de l’Isère, son endiguement s’est fait de façon concertée sur le territoire. Dans la vallée du Grésivaudan, il a été laissé à la charge des propriétaires des parcelles, sans réfléchir au fonctionnement global de la rivière.

L’Isère endiguée adopte alors un tracé plus rectiligne, accélérant son débit et érodant davantage ses berges. La rivière s’enfonce. Ces endiguements et son abaissement ont aussi comme conséquences de déconnecter la rivière de sa ripisylve*. Lors des crues importantes, le surplus d’eau ne s’étend plus dans toute la vallée du Grésivaudan mais se concentre sur Grenoble qui peut se retrouver sous l’eau comme en 1859.

Photo : Repère de crue de l’inondation du 2 novembre 1859 à Grenoble. ©Elisa Burlet – CC BY-SA 4.O

Le projet Isère Amont

Afin de mieux prévenir ces événements climatiques extrêmes, le Syndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l’Isère (SYMBHI) a lancé en 2004 le projet Isère Amont. Ce projet concerne 29 communes du Grésivaudan, entre Pontcharra et Grenoble. L’objectif principal est la protection contre les inondations, en intégrant le retour à un meilleur état écologique de la rivière. Les travaux hydrauliques se sont achevés au printemps 2021.

Différents travaux de restauration écologique sont également réalisés, notamment des reconnexions piscicoles entre l’Isère et ses affluents, ainsi que des renaturations de gravières. Il était également essentiel de reconnecter l’Isère à sa forêt alluviale.

Un méandre de l'Isère après des travaux de restauration écologique (plantation des berges pour réduire l'érosion) © Annaëlle Deville

La forêt alluviale

La forêt alluviale se développe au bord des cours d’eau. Cette proximité fait qu’elle est souvent inondée. Cet écosystème, essentiel au fonctionnement naturel des rivières, accueille de nombreuses espèces particulières. Il permet d’avoir une « zone tampon » entre l’eau et les terres, qui améliore la capacité d’autoépuration de la rivière. Les racines des végétaux et les bactéries absorbent les pollutions chimiques et les transforment. La forêt alluviale a également une fonction importante de modération des crues comme des sécheresses.

La reconnexion de la forêt alluviale de l’Isère a un intérêt non négligeable pour limiter les inondations, mais aussi pour la biodiversité. En effet, ces forêts abritent de nombreuses espèces, permanentes comme de passage. La préservation et la restauration des boisements alluviaux sont des priorités pour le réseau eau de France Nature Environnement Isère. À moyen et long terme, les ripisylves pourront retrouver un fonctionnement écologique, et fournir à nouveau tout leur éventail de services écosystémiques*.

La forêt alluviale abrite de nombreuses espèces animales et végétales. © B.Bouvier

Définitions :

Confluence : jonction de cours d’eau.

* Limon : terre ou fines particules entraînées par les eaux (généralement en suspension) et déposées sur le lit du cours d’eau.

* Nappe phréatique : réservoir d’eau souterrain formé par infiltration des eaux de pluie. Le terme désigne le contenant mais également le contenu (l’eau).

* Ripisylve : boisement naturel qui longe les rives d’un cours d’eau. La forêt alluviale est une ripisylve particulièrement étendue.

* Services écosystémiques : regroupent les fonctions des écosystèmes (stockage du CO2, régulation du cycle de l’eau, formation du sol…) et leurs contributions au fonctionnement de notre société ainsi qu’à notre bien être général (approvisionnement en nourriture ou en médicaments, spiritualité…).

* Gravière : lieu d’où l’on extrait le gravier.

Photo de couverture : Matthieu Riegler, CC-BY

Publié par FNE Isère

Le Mardi 17 août 2021

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