— L'essentiel —
Les priorités de France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes pour une autre Politique Agricole Alimentaire Commune (PAAC) post 2020.
La PAC actuelle ne répond pas aux attentes de la société, ni des paysans. Elle doit être réformée en profondeur. La Politique Agricole Alimentaire Commune (PAAC) post 2020 est l’opportunité de réaliser ce changement de cap.
France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes (FNE AURA) défend l’idée d’une PAC forte à condition qu’elle permette une production alimentaire durable, en améliorant les pratiques agronomiques des agriculteurs grâce à des mesures simples et identiques pour tous les agriculteurs de l’Union Européenne.
Dans le contexte du changement climatique, avec l’érosion de la biodiversité, la pollution des sols, des eaux et des aliments, la PAAC post 2020 doit être un projet avec des objectifs avant d’être un budget !
Il s’agit de rendre à l’Europe son autosuffisance alimentaire, produire une alimentation de qualité accessible à tous. La PAAC doit permettre d’avoir suffisamment d’agriculteurs et des exploitations à dimension humaine, pour initier la transition vers une agriculture économe en intrants qui contribue à l’atténuation du changement climatique et procurer une rémunération juste du travail des agriculteurs.
En n’imposant pas de limites de surface par unité de travailleur, la PAC encourage l’utilisation des intrants et pesticides qui simplifient le travail et l’exploitation de surfaces importantes par unité de travailleur (UTH).
Les décisions de la PAC échappent au contrôle démocratique.
Le budget français de la PAC est de 9,1 milliards d’euros (courants) de crédits européens par an sur la période 2014/2020, dont 1,4 milliards pour le deuxième pilier.
De nombreux exemples montrent que la production à faible niveau d’intrants est suffisamment productive pour assurer l’autosuffisance alimentaire et respecter l’environnement, mais au moment de la transition, l’agriculteur prend un risque financier.
La Politique Agricole Commune (PAC) a été mise en place en 1962, elle répondait à trois principes : la fin des barrières douanières et un début de la standardisation des règles sanitaires, la préférence communautaire et la solidarité financière grâce à un budget commun. Elle avait pour objectifs de :
Depuis sa création, la PAC a favorisé la mise en place d’une agriculture calquée sur le modèle industriel productiviste et a conduit à la spécialisation de régions entières, en remplacement d’une agriculture familiale de polyculture élevage, plus diversifiée.
Après plusieurs réformes, elle est maintenant organisée autour de deux piliers :
Après 50 ans d’agriculture dite « intensive » encouragée et soutenue par la PAC, le constat est sans appel, ce système productiviste est à bout de souffle; désormais, les rendements plafonnent ou régressent et de nombreux agriculteurs sont au bord de la faillite.
On constate que l’utilisation massive de l’azote soluble de synthèse et de pesticides ont appauvri les sols, 93% de nos cours d’eau et 70% de nos eaux souterraines sont pollués par les pesticides et les nitrates. Cette agriculture simplifiée a provoqué une perte importante du stock de carbone des sols, le CO2 de la matière organique se retrouve dans l’atmosphère et contribue à l’augmentation de 10% des gaz à effet de serre. On estime que l’agriculture est responsable de 20% des émissions des gaz à effet de serre, dus à la fabrication énergivore et à l’épandage des engrais azotés (émissions de dioxydes d’azote).
L’agriculture affecte gravement la nature, la biodiversité, le climat et notre santé. Le nombre d’agriculteurs chute inexorablement et les crises se succèdent.
Particulièrement inéquitable au sein de l’UE, la répartition des aides de la PAC ne contribue pas non plus, aujourd’hui, à enrayer la diminution des emplois dans le secteur agricole. On considère que 20% des exploitations accaparent près de 80% des aides directes, pour 59% des superficies et seulement 25% d’emplois. Les aides de la PAC se destinent prioritairement aux grandes cultures et aux grands élevages, tandis que d’autres secteurs comme les fruits et légumes ou les vaches laitières sont très peu soutenus. Ceci fait donc de la PAC une politique socialement très contestable.
Si la PAC s’avère injuste à l’égard des actifs agricoles européens, elle l’est aussi vis-à-vis des agriculteurs des pays en développement. En effet, le système d’aides économiques a longtemps permis de subventionner des exportations vers les pays du Sud. Grâce à cette politique de subventions, les produits européens étaient vendus moins chers que s’ils étaient produits localement en Afrique ! C’est ainsi qu’à la fin des années 90, les Sénégalais ou les Camerounais se sont mis à consommer massivement des poulets et des céréales européens, avec toutes les conséquences désastreuses sur l’agriculture vivrière et les marchés africains. L’abandon des subventions à l’exportation s’est reporté sur d’autres formes d’aides mais n’ a pas fondamentalement changé les effets négatifs de la PAC.
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Jeudi 14 mars 2019
https://www.fne-aura.org/essentiel/region/la-politique-agricole-commune-post-2020/
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