S O S – NON à la surchasse du blaireau dans l’Allier

Rappelons que cette pratique consiste à envoyer des chiens sous terre afin de confiner les blaireaux dans leur terrier pendant que les chasseurs creusent des excavations autour pendant plusieurs heures (journée parfois) au moyen de pelles et pioches pour en extraire les animaux à l’aide de pinces, avant de les abattre à l’arme blanche ou au fusil ! Pour mémoire, le blaireau ne figure pas dans la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles mais reste chassable et est inscrit à l’annexe III de Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dont la France est signataire (Conseil de l’Europe 1979). Le blaireau fait partie des espèces protégées dans plusieurs pays européens, notamment en Belgique, Pays-Bas, Irlande…).

 D’après les chasseurs, 12 000 blaireaux seraient ainsi chassés et tués par an sur un effectif inconnu, aucun comptage national n’existant.

Imaginez le stress, la panique, la terreur qui, soit-dit en passant, témoignent du respect et de la considération portés au Vivant

Huit mois de lutte contre le blaireau

En France, cette pratique est autorisée de l’ouverture générale de la chasse jusqu’au 15 janvier (soit 4 mois). L’Allier par la voix de sa préfète prévoit une période complémentaire de vénerie au blaireau du :

– 1er juillet 2023 à l’ouverture de la vénerie sous terre soit le 15 septembre 2023 soit 2,5 mois
– et du 15 mai au 30 juin 2024 soit 1,5 mois.

Oui, 8 mois de guerre « déclarée » aux blaireaux au total dans l’Allier c’est-à-dire aucun répit notamment pendant la période de maternage et de dépendance des petits à leurs mères qui sont déjà peu nombreux et en plein sevrage (5-6 mois), sans compter les autres espèces protégées qui trouvent refuge dans ces terriers (le chat forestier, la loutre d’Europe, les chauves-souris). Hospitalier, il lui arrive d’abriter dans son grand logis des lapins ou des renards.

Dur, dur d’être un blaireau

Il ne s’agit pas d’une espèce prolifique, seule une femelle sur 3 environ met bas et donne généralement naissance à 2 ou 3 petits, qui sont élevés au fond de leur terrier jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 6 semaines et dont au moins la moitié n’atteindra pas l’âge d’un an sans compter les collisions routières. Les bébés naissent majoritairement en février et font leur première sortie en mai, soit lors de la période complémentaire.

Alors, blaireau t’es susceptible d’occasionner des dégâts?

Les motifs évoqués :

• Le blaireau est « susceptible » d’occasionner des atteintes à l’intégrité des cultures et des ouvrages

Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es

Rappelons que l’alimentation du blaireau est principalement composée de vers de terre, de crapauds, de grenouilles, d’insectes, de mollusques, de végétaux notamment les fruits et de petits mammifères. Le blé, l’avoine, le maïs ne viennent que très secondairement, ce qui ne soutient pas cette image d’atteinte à l’intégrité. De plus le blaireau est un grand solitaire. Il se déplace seul chercher sa nourriture, ce qui n’a rien de comparable avec un groupe de plusieurs individus dévalant un champ.

C’est pas moi, c’est lui ! Marre d’être le seul bouc émissaire !

Le blaireau ou le grand gibier ? La preuve n’est pas faite ! Les dégâts commis par des blaireaux dans les cultures sont souvent confondus avec ceux commis par d’autres espèces.

Dans les deux cas, il faut savoir que les agriculteurs ne sont pas indemnisés des éventuels dégâts possiblement occasionnés par le blaireau, ceci expliquant peut-être cela. Et puis, il existe des moyens relativement simples pouvant être mis en place (clôtures électriques, terriers artificiels, produits répulsifs olfactifs). Encore faudrait-il faire la preuve de la part à imputer aux blaireaux dans ces dégâts.

Félicitations… ils font ami/ami

Le département du Bas Rhin dont la chasse aux blaireaux est interdite depuis 2003 ne relève aucun dégât majeur sur les parcelles agricoles ni aucune prolifération de l’espèce.

En Alsace et forts de leur expérience positive, le GEPMA (Groupe d’Etude et de Protection des Mammifères d’Alsace) en lien avec la LPO suivent de près la population des blaireaux en Alsace et proposent le conseil et l’avis d’experts.

Aucune excuse à la barbarie

Et puis quel que soit le motif évoqué, aucun ne peut justifier une telle barbarie et sauvagerie éloignées de toute éthique. De plus cette pratique porte cruellement atteinte à l’image de notre département et de notre pays.

Pour rappel :

En 2021 : FNE Allier en lien avec l’ASPAS et Aves France ont déposé un recours au fond qui n’a toujours pas été jugé.

En 2022 : plusieurs associations se sont unies dont FNE Allier pour saisir la justice pour contester les arrêtés préfectoraux autorisant des périodes complémentaires de vènerie sous terre dans l’Ain, l’Allier, le Cantal, la Haute-Loire, la Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône et la Savoie. Aucune réaction du tribunal à ce jour.

2023 : Le combat continue avec vous !