Restauration de la Continuité Écologique des Cours d’Eau : L’exemple du Seuil de Mûre sur l’Ouvèze

Des aménagements pour laisser libre cours aux rivières

Des solutions variées sont possibles : effacement des ouvrages, la création d’échancrures, la construction de passes à poissons ou encore la mise en place de rivières de contournement. Le choix de la solution à appliquer dépend de nombreux facteurs, notamment des usages, des caractéristiques et des préférences des propriétaires des ouvrages.

Certains projets requièrent des solutions plus originales, c’est le cas pour le seuil de Mûre sur l’Ouvèze, où la CAPCA (Communauté d’Agglomération Privas Centre Ardèche) a dû innover pour concilier différents enjeux.

Un cas particulier : le seuil de Mûre sur l’Ouvèze

L’Ouvèze est une rivière marquée par une incision généralisée, un tiers de son lit coule sur de la roche nue, en l’absence de sédiment. Cette carence de matelas alluvial engendre plusieurs problèmes : abaissement de la nappe, réchauffement de l’eau, disparition d’habitats pour la faune et la flore aquatique, diminution de la qualité de l’eau etc.

Or, le seuil de Mûre a piégé des sédiments qui se sont accumulés et ont comblé la retenue, alors qu’à l’aval, la rivière coule sur la roche. Il était à craindre, au vu du dysfonctionnement profond du transit sédimentaire de la rivière, qu’un effacement engendre une disparition des sédiments piégés sans pour autant bénéficier à l’aval.

D’autre part, l’ouvrage alimente en rive droite un canal, qui souhaite être conservé.

Une solution pour concilier les enjeux

Un projet a donc dû être imaginé pour rétablir la libre circulation des espèces aquatiques, éliminer les écoulements directs sur la roche nue, tout en maintenant les sédiments présents en amont de la retenue. Pour ce faire, il a été décidé de conserver l’ouvrage et de surélever le fond du lit de la rivière en aval du seuil. Cette opération a impliqué la réinjection massive de galets dans le cours d’eau provenant des berges avoisinantes. Afin qu’ils ne soient pas entraînés vers l’aval par les crues progressives, 8 barrettes transversales, composées de blocs rocheux ont été disposées le long des 400 mètres du tronçon concerné.

En parallèle, la dérivation d’eau opérée par le canal a été réduite de manière significative, en adaptant au plus juste le prélèvement aux besoins réels.

Les résultats de l’opération

Aujourd’hui l’ouvrage, bien que toujours présent, est invisible. La continuité écologique a été restaurée tout en conservant un matelas alluvial. La nature reprend doucement ses droits. Le cas du seuil de Mûre sur l’Ouvèze met en lumière la possibilité de concilier les intérêts humains et la préservation des milieux aquatiques et nous rappelle que, face aux défis environnementaux, des solutions créatives et adaptatives peuvent être trouvées.