Sécheresse 2019 : la préfecture s’est moquée de la biodiversité
FNE Isère dénonce l'inaction de la préfecture en matière de sécheresse durant cet été 2019. Au cœur du problème de la mise en application des arrêtés sécheresse, le maintien de l'irrigation pour les activités agricoles. Ce sont finalement les cours d'eau et la vie aquatique qui sont mis en danger.
Une sécheresse chronique renforcée par les épisodes de canicule
Depuis l’hiver 2017-2018, nous connaissons une période de faibles précipitations en automne et en hiver. Les nappes souterraines, ressources principales de l’alimentation de la partie nord et ouest de notre département, n’atteignent plus les niveaux habituels : par exemple, la nappe de l’Est Lyonnais n’a pas quitté l’état d’Alerte depuis l’année dernière ! Ce déficit chronique a des répercussions sur la vie aquatique : ces nappes alimentent habituellement des cours d’eau et des zones humides notamment en période estivale pérennisant ainsi leur alimentation en eau. Cette année, les orages de fin de printemps ont pu préserver les cours d’eau jusqu’au début de l’été mais les épisodes de canicules, aggravés par l’absence de précipitations, ont frappé de plein fouet ceux que la sécheresse de l’année dernière n’avait pas éradiqués.
La biodiversité aquatique paie le prix des activités agricoles
Il aura fallu attendre la dernière extrémité pour que les arrêtés paraissent en juillet (1) et en août (2). Chaque fois, les prescriptions ont été en deçà de celles de la DDT 38, tout cela sur injonction de la Chambre d’agriculture qui menaçait de ne pas appliquer les contraintes cohérentes avec la situation (comme cela a été dit par son représentant le 16 juillet).
Le seul objectif poursuivi a été de ne gêner en rien les activités agricoles irriguées dans le plus parfait mépris pour notre environnement aquatique : en tirant jusqu’à la corde les délais de parution des arrêts sécheresse, les contraintes véritables perdurent durant tout l’automne alors que toute demande agricole est terminée.
Nos lettres ne servent à rien, nos interventions partent au panier, les demandes de nos amis pêcheurs sont inopérantes : nous en déduisons que les moyens que nous employons ne sont pas les bons.
Une action publique incohérente malgré l’urgence de réchauffement climatique
L’inaction de la préfecture de l’Isère ôte toute crédibilité à la politique publique d’encadrement de l’irrigation (autorisation unique pluriannuelle de prélèvement sur les territoires) qui repose sur ces arrêtés sécheresse (3). Plus grave encore, cette situation bloque l’adaptation des usages de l’eau à la nouvelle donne imposée par le changement climatique, compromettant de ce fait les conditions de vie à venir dans certains territoires. A la demande de notre Fédération Nationale, la Ministre Elisabeth Wargon s’est engagée à diligenter une mission d’inspection du CGEDD sur l’application de la circulaire du 18 mai 2011 (4), relative aux mesures exceptionnelles de limitation ou de suspension des usages de l’eau en période de sécheresse, notamment sur l’étiage 2019. Le moment venu, nous demanderons à être entendus par cette mission pour lui expliquer la situation de sabotage que nous avons vécu dans l’Isère cet été et en 2018.
(1) Concertation le 24 juin, réunion le 16 juillet, parution de l’arrêté le 5 juillet, réunion de concertation le 16 juillet, parution de l’arrêté le 25 août
(2) Concertation par voie électronique le 6 août, parution de l’arrêté le 20 août
(3) http://www.isere.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Eau/Secheresse2/Secheresse
(4) http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2011/07/cir_33530.pdf
Publié par FNE Isère
Le Mercredi 04 septembre 2019
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/secheresse-2019-la-prefecture-sest-moquee-de-la-biodiversite/
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