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Les acteurs locaux montrent l’exemple

Le climat général n’est pas à l’euphorie en matière agricole. Heureusement d’autres approches sont possibles, respectueuses de l’environnement, de la santé.

Mardi 17 juillet 2018 Agriculture

Nous avons rencontré un agriculteur bio heureux de l’être, et qui n’est pas pris à la gorge comme beaucoup de ses confrères « conventionnels ». Nous relatons une initiative –Incroyables comestibles – qui, pour être limitée dans l’espace et sur les surfaces concernées, exerce une action de sensibilisation auprès du public, et notamment des jeunes, afin qu’ils se réapproprient les espaces urbains délaissés, au profit de tous. Enfin nous évoquons les moyens de lutter contre le gaspillage alimentaire.
Face aux initiatives qui fleurissent sur le terrain les « mastodontes » et « lobbies » en tous genres, affûtent leurs armes de destruction massive.

Les agro-carburants en sont un exemple flagrant. Autorisés à être incorporés par l’Union Européenne à hauteur de 7% dans le diesel, ils cumulent toutes les incohérences de notre système.
En se mobilisant contre l’importation d’huile de palme issue d’une culture intensive qui est un fléau pour la forêt qu’elle détruit et le climat, la FNSEA ne cherchait pas tant à préserver l’environnement qu’à  sauvegarder  une pratique d’un autre âge, celle de l’huile de colza, produite « localement » dans l’hexagone, comme additif pour les carburants. Un autre syndicat agricole, la Confédération Paysanne, n’est pas dupe qui dénonce à juste titre l’incohérence qu’il y a à cultiver du colza sur notre territoire pour les carburants alors que l’on en importe pour la consommation humaine. Seulement voilà, la Confédération Paysanne relève que sur le marché des agro-carburants, les intérêts du groupe Avril pour lequel la FDSEA a les yeux doux sont ainsi préservés. Tout s’explique !

La loi alimentation qui avait fait naître beaucoup d’espoirs va-t-elle accoucher d’une souris ? FNE (France Nature Environnement) dont fait partie la FRAPNA, s’interrogeait à l’issue de l’examen de la dite loi par l’Assemblée Nationale sur ses insuffisances comme sur les pesticides. L’épandage près des zones d’habitation resterait autorisé. Quant à l’interdiction du glyphosate dans les trois ans il ne figure pas dans la loi. Même si le gouvernement vient d’entrer dans le concret en lançant la concertation pour arriver à cette interdiction la vigilance s’impose, selon FNE.

En positif FNE se félicite de l’amendement voté pour rendre un étiquetage environnemental plus clair et plus transparent sur les aliments. « Cette demande forte de France Nature Environnement serait une victoire si elle se confirmait au Sénat ».
A l’heure où ses lignes sont écrites, le Sénat examine ce projet de loi alimentation. Faut-il croiser les doigts ?

Le bio c’est bon et rentable

Ce jeudi-là Franck Vuillermet, sa compagne Carole Durand, leur salarié et un stagiaire, sont très affairés. Normal. Le lendemain, comme chaque vendredi de 12 h à 18h, ils vont vendre sur l’exploitation, dans leur magasin à l’enseigne « Petite Nature », toute une gamme de légumes.

A deux pas du Phare et du parc des expositions de Chambéry, ils font mieux que résister à la pression urbaine de l’agglomération au cœur d’un quartier de Bissy où les exploitants agricoles étaient autrefois nombreux.

Sous les serres de l’exploitation de Franck et Vuillermet Carole Durand, on termine la récolte des radis. (Crédit photo : M. Lévy)

« Mon père était maraîcher. Je représente en fait la quatrième génération d’agriculteurs ». Et Franck Vuillermet n’est pas prêt de ranger ses outils. Certifiée bio, son exploitation, sur deux terrains de Bissy et un autre sur les hauteurs de Chambéry-le-Vieux, tourne bien. Les vendredis après-midi jusqu’à 200 personnes viennent s’approvisionner en légumes : « Nous produisons 40 espèces de légumes, et un grand nombre de variétés, comme pour les tomates ».

Sur les murs du bureau de Franck et Carole des photos d’un Bissy presque vierge de constructions. « On oublie facilement à Chambéry qu’il y a eu ici un marché de gros avec 80 places ».
Le secteur de la restauration y faisait ses emplettes, comme les primeurs dont certains descendaient des stations. Puis les temps ont changé. Les grandes surfaces ont essaimé partout. En 1998, le marché de gros a définitivement fermé ses portes. Franck a livré à quelques grandes surfaces de l’agglomération. Mais il s’est vite aperçu que la grande distribution étranglait les agriculteurs.

Quand le magasin de producteurs « les Saveurs campagnardes » s’est ouvert à Chambéry puis a été transféré à la Motte-Servolex, il a été naturellement de l’aventure.
Pour des raisons personnelles Franck Vuillermet a quitté cette enseigne. Il a livré sa production à la coopérative du Tremblay à la Motte-Servolex. Avant d’entamer sa reconversion en bio en 2004, pour obtenir le logo « AB » en 2006 . Est-ce cher et compliqué comme on l’entend souvent ?
« Non les contrôles ne sont pas chers. Nous sommes suivis par l’organisme certificateur « Alpes Contrôle ». Etre agriculteur bio demande de la rigueur, un suivi administratif. C’est ce qui rebute peut-être certains. Moi non. Même avant de passer en bio j’avais déjà cette démarche. ».

Une fois l’an, l’organisme certificateur effectue un contrôle, surtout administratif où il s’annonce. Une autre fois il vient sur l’exploitation sans prévenir. Telle est la règle du jeu « bio ».
« Petite Nature » est aujourd’hui une exploitation et entreprise prospère. Elle dispose de tous les atouts pour réussir. Et montre, si besoin est, qu’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs, est non seulement possible, mais souhaitable. Un exemple à suivre et à encourager par les pouvoirs publics à tous niveaux.

Faire revivre les petits coins de terre urbains

Laisse béton ! La ville ce ne sont pas seulement des immeubles, des rues, des voitures, de la pollution. Ce sont aussi des arbres et des petits coins de terre sur des places et des squares… Jusqu’il y a peu, dans une cité comme Chambéry, personne n’y prêtait attention. En 2012, les choses ont commencé à changer. Une association de la Cité des Ducs a pris les rails du mouvement « Incroyables Comestibles » qui venait d’être lancé en France, sur la voie d’une initiative (2008) née en Angleterre. En clair : il s’agissait d’investir les espaces urbains délaissés et de cultiver en ces lieux, certes de façon modeste puisque les surfaces sont faibles, des plantes librement accessibles à tous.

lesincroyablescomestibles.fr

« L’initiative est venue des Jardins Partagés de la Leysse, près de la ZAC de Joppet,  explique François Van der Biest, président de l’association chambérienne. On se demandait, entre autres, comment trouver des débouchés pour nos graines ». Ainsi est né le mouvement sur Chambéry, d’abord timide jusqu’en 2012, puis il a été dynamisé à partir de 2016.
A tel point qu’à ce jour 70 personnes, bénévoles, font tourner le moteur de cette agriculture de proximité et conviviale à plein régime qui dispose d’un outil de communication numérique pour échanger.
Faubourg Montmélian, Joppet, Covet, maison des associations, place Monge : en ces lieux de petits coins de terre sont exploités avec amour : « nous travaillons en liaison étroite avec les services techniques de la ville de Chambéry. Nous leur exposons notre projet. Cela se passe bien . Dans certains cas des agents municipaux nous donnent même un coup de main » se félicite François Van der Biest.

Le but n’est pas de nourrir la population urbaine, mais de la sensibiliser au partage, à la convivialité. L’association enclenche la réflexion sur la nourriture, explore parfois des pratiques agricoles qui émergent doucement (permaculture). « Les gens ont parfois peur de cueillir des légumes mis à disposition, constate amusé notre interlocuteur. Si nous plantons, par exemple, des tomates cerises, c’est pour que les gens, en passant, en grappillent quelques unes et apprécient leur goût incomparable. Nous faisons également de la pédagogie, ainsi devant l’école de Joppet nous récoltons avec les enfants des pommes de terre ».

Le mouvement lancé pour la Savoie à Chambéry a tout pour générer des petits. A la clé aussi une reconquête du lien social et des espaces délaissés qui, selon le président de l’association, sont non seulement acceptés mais respectés par la population.

Michel LEVY

 

Crédit photos : CC by-nc-sa François Van Der Biest (bandeau)

Publié par FNE Savoie

Le Mardi 17 juillet 2018

https://www.fne-aura.org/actualites/savoie/les-acteurs-locaux-montrent-lexemple/

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