La ressource en eau dans la région grenobloise : pas de développement soutenable sans associer les citoyens

La ressource en eau au cœur des préoccupations dans la région grenobloise

Après l’épisode de sécheresse de l’été 2022, plusieurs faits ont récemment entamé la confiance des populations dans l’approvisionnement en eau de la région grenobloise, au-delà des limites de l’agglomération centre.

• La faible pluviométrie hivernale qui n’a pas permis aux ressources souterraines de se rétablir à leur niveau habituel, conduisant la Préfecture à prendre des mesures contraignantes dès le printemps en prévision d’un été difficile. La période pluvieuse actuelle qui se maintient depuis le mois de mars, aussi bienvenue soit-elle, n’inversera sans doute pas cette tendance.

• L’annonce du niveau de pollution exceptionnel de la nappe aquifère de la rive droite du Drac mais aussi de la vulnérabilité des captages d’eau potable de sa rive gauche qui alimentent la moitié de la métropole grenobloise, vulnérabilité attestée par les traces de pollution révélées par le rapport ANTEA [1].

• Les demandes de la Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais et de la Communauté de Commune de Saint Marcellin Vercors Isère Communauté de bénéficier des ressources en eau potable du Drac et de la Romanche exploitées par les services de Grenoble-Alpes Métropole.

• Plus récemment, les demandes en eau potable exprimées par la Communauté de Communes Le Grésivaudan afin d’alimenter les extensions des usines microélectroniques des zones industrielles de Crolles Bernin ont propagé ces inquiétudes dans le Grésivaudan.

Les perspectives d’augmentation de la consommation d’eau dans le Grésivaudan sont-elles soutenables ?

FNE Isère et Grésivaudan Nature Environnement (GRENE) ont rencontré les dirigeants de STMicroelectronics à l’invitation de ces derniers. A cette occasion, l’entreprise a présenté un éventail de mesures susceptibles d’être déployées concernant les ressources en eaux sollicitées et leur qualité brute, ainsi que les quantités totales d’eau prélevées.

STMicroelectronics nous a affirmé vouloir atteindre l’état de l’art de cette filière en matière de consommation d’eau et de rejet chaque fois que cela était possible et justifié. Ces techniques sont déjà mises en œuvre par des acteurs de la filière y compris dans des usines de ce groupe. Leur faisabilité est donc avérée. Cependant, le taux de recyclage atteignable, et donc la consommation d’eau finale et la quantité totale de polluants rejetés dans l’Isère, dépendent étroitement des circulations d’eau des unités de fabrication existantes ou prévues. Il reste donc à fixer l’ambition en matière de recyclage tant pour les ateliers existants que pour les unités futures de fabrication.

Nos associations n’ont pas d’expertise particulière sur ces techniques mais les perspectives affichées par STMicroelectronics sont susceptibles de conduire à des évolutions significatives sur les conditions d’alimentation en eau de cette entreprise et au-delà, telles qu’elles sont connues du grand public. 

Une concertation citoyenne nécessaire autour de la ressource en eau

FNE Isère constate aujourd’hui un manque d’information de la population concernant la ressource en eau, manque auquel les pouvoirs publics n’ont à cette heure pas répondu.

Nous préconisons donc la mise en place rapide d’une structure de concertation [2] à l’échelle du SCOT Grenoblois sur la ressource en eau. Une de ses premières tâches serait d’organiser l’association des citoyens à la gouvernance et au partage de la ressource en eau, sous la forme de « conférence des citoyens » ,« convention citoyenne »  ou de « parlement de l’eau ».