Le juge suspend le projet d’extension d’une carrière située dans le Parc national des Ecrins

FNE Isère et Biodiversité sous nos pieds ont engagé en août 2021 un recours en annulation et un recours en référé contre un arrêté préfectoral portant autorisation de renouvellement et d’extension de la carrière du Peuye aux Deux-Alpes (Vénosc), délivré en juin 2021.

La nouvelle autorisation d’exploitation, pour une durée de 30 ans, prévoit une augmentation de plus de 50 % de la production de granulats et une extension, portant la surface d’exploitation actuelle de 3 ha à 20 ha.

Situé en réservoir de biodiversité, en face du vallon très fréquenté du Lauvitel, le site d’implantation du projet constitue une zone présentant de très forts intérêts écologiques et paysagers.

Les travaux de défrichement et de décapage vont se traduire par un impact paysager majeur dans la vallée du Vénéon et la destruction d’habitats de nombreuses espèces protégées. Une perte de surface instantanée d’habitats de reproduction, liés aux éboulis et aux pelouses sèches, comprise entre 1,8 et 2,5 ha est à prévoir. L’autorisation permet la destruction des spécimens de 8 espèces protégées, dont une est menacée d’extinction et dont trois sont quasiment menacées d’extinction : Bergeronnette grise, Bouvreuil pivoine, Traquet motteux, Coronelle lisse, Lézard des murailles, Lézard à deux raies, Vipère aspic, Apollon.

Le tribunal administratif de Grenoble a considéré qu’il existait un doute sérieux quant à l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur. Concrètement, le projet ne semble pas présenter un intérêt dont l’importance pourrait être mis en balance avec les objectifs de conservation d’habitats naturels, et de la faune sauvage. Le juge retient notamment qu’il n’est pas établi que les matériaux produits soient exclusivement, ni même majoritairement, destinés à approvisionner les besoins locaux en granulats.

« Pour France Nature Environnement Isère, les discours de l’Etat et des collectivités locales sur la nécessaire protection de l’environnement et sur la transition du tourisme en montagne doivent se traduire en actes. Il n’est plus acceptable de sacrifier l’environnement pour maintenir un système économique à bout de souffle, fondé sur l’immobilier. Le développement de l’Oisans ne doit plus s’appuyer sur l’extension sans fin des résidences et des infrastructures touristiques consommatrices d’espaces naturels et de béton. Il est temps de ménager les territoires de montagne, si fragiles, au profit de tous les usagers et habitants du monde vivant », conclut Francis Odier, président de FNE Isère.