Balade nature dans les Combrailles à Bellenaves !
Réflexions d'un observateur de la Nature : Jean-Luc Marandon, membre de FNE Allier
L’art de la traque… à la jumelle
L’observation des rapaces, et l’identification des différentes espèces, sont souvent difficiles pour un amateur ; il faut bien connaître leurs habitudes et modes de vie pour savoir où les rechercher, et il faut un œil exercé pour les distinguer, qualités qui ne peuvent être acquises que par une longue pratique – que je ne prétends pas posséder complètement, d’ailleurs, mais me permet tout de même quelques rencontres rares de temps en temps. Ainsi, en ce qui concerne les rapaces diurnes, dont l’alimentation est essentiellement constituée par les petits mammifères qui peuplent nos champs et prairies, l’accès à ces garde-manger, lorsqu’il est facilité par les pratiques agricoles, permet des observations nombreuses et variées. Chacun de nous a pu remarquer, par exemple, de grands rassemblements de rapaces sur les prairies récemment fauchées, exposant à la vue les campagnols dont elles regorgent, tant qu’ils n’ont pas compris comment adapter leur comportement à cette situation nouvelle pour eux, ce qui demande deux ou trois jours.
Voilà pourquoi, début juin – la fenaison ayant cette année commencé nettement plus tôt que d’habitude en raison des conditions climatiques – je commençais à chercher des sites présentant les caractéristiques requises.
Je n’avais pas à aller bien loin : la région où je réside, au nord de la Combraille, est essentiellement exploitée en prairies, pour l’élevage de vaches à viande. Et je connaissais une zone propice, pour y avoir déjà observé quelques espèces particulières comme le milan royal et le circaète Jean-le-blanc : la vallée de la Bouble, entre Monestier (rive gauche) et Bellenaves (rive droite). A cet endroit la rivière est fort encaissée, présente des falaises fréquentées par le hibou grand-duc, et de vastes zones boisées et tranquilles, favorables à la nidification des rapaces. Ma première sortie, le vendredi 2 juin, me porta sur un rocher surplombant la rivière, d’où je pus observer le ballet des agriculteurs endainant et bottelant le foin récemment fauché, et, suivant de près le passage des tracteurs, une kyrielle de milans, buses, faucons, etc. Je me promis de revenir le lendemain avec ma compagne, pour lui faire partager ce beau panorama.
La Combraille bourbonnaise, site propice
Je n’avais pas à aller bien loin : la région où je réside, au nord de la Combraille, est essentiellement exploitée en prairies, pour l’élevage de vaches à viande. Et je connaissais une zone propice, pour y avoir déjà observé quelques espèces particulières comme le milan royal et le circaète Jean-le-blanc : la vallée de la Bouble, entre Monestier (rive gauche) et Bellenaves (rive droite). A cet endroit la rivière est fort encaissée, présente des falaises fréquentées par le hibou grand-duc, et de vastes zones boisées et tranquilles, favorables à la nidification des rapaces. Ma première sortie, le vendredi 2 juin, me porta sur un rocher surplombant la rivière, d’où je pus observer le ballet des agriculteurs endainant et bottelant le foin récemment fauché, et, suivant de près le passage des tracteurs, une kyrielle de milans, buses, faucons, etc. Je me promis de revenir le lendemain avec ma compagne, pour lui faire partager ce beau panorama.
Il est long et beau le chemin
Nous sommes d’abord montés en début d’après-midi au-dessus du hameau de Thélien, pour nous poster entre l’autoroute et la départementale 42, sur le chemin communal qui ressort vers Bannassat-le-Château. Les oiseaux étaient au rendez-vous : buses variables, milans noirs et royaux, faucons crécerelle, circaètes, et un rapace de taille moyenne, pratiquement tout blanc, que je pense être un aigle botté – mais sans certitude. C’est un oiseau que je connais mal. Je n’ai pas réussi à le cadrer dans ma longue-vue avant qu’il ne s’envole, et n’ai pu l’examiner en détails.
Ensuite nous sommes passés de l’autre côté de la vallée, empruntant en voiture la route qui mène de Chantelle-la-Vieille à Bellenaves, puis tournant à droite juste après le pont sur l’autoroute, pour gagner le lieu-dit les Nières ; une grosse ferme dont dépendent les prairies environnantes. Nous nous sommes garés à l’entrée du bois de Bochat et avons continué à pied. Je voulais depuis longtemps parcourir ce site au printemps, parce que je pensais y rencontrer une autre bestiole tout-à-fait différente, et je ne fus pas déçu : sur le chemin qui descend vers la Bouble (longeant la clôture du parc de Banassat-la-Ville), dans une petite ornière, nous pûmes observer un beau spécimen de crapaud sonneur à ventre jaune Bombina variegata. Je ne sais si ce site était déjà connu des naturalistes qui suivent cette espèce, qui fait l’objet d’un plan national d’actions pour sa protection (une centaine d’espèces diverses dans toute la France bénéficient de cette mesure particulière).
Suivant le chemin jusqu’en bas nous avons accédé à la Bouble, pour une pause rafraîchissante. (Notons que sur les cartes anciennes le tracé de ce chemin traverse la rivière à gué, pour rejoindre le château de Bannassat par la rive gauche ; ce qui est impossible aujourd’hui.) Puis nous sommes revenus sur nos pas pour nous poster près des Nières, et des prairies débarrassées depuis la veille de leur récolte.
Et au bout du chemin, la récompense!
Alors que nous arrivons sur les lieux, nous découvrons à une cinquantaine de mètres un oiseau de couleur sombre, aussi gros qu’une dinde, qui semble manger quelque-chose sur le sol. Très intrigué je chausse les jumelles, et aussitôt je resonnais un vautour moine Aegypius monachus, espèce que je connais pour l’avoir observée dans la Drôme, sur la région de Rémuzat où je travaillais dans les années 1990 ; j’avais participé à la première réintroduction du vautour fauve sur ce site. L’oiseau qui se tient devant nous semble être un immature, reconnaissable à la couleur de sa tête presque entièrement noire, âgé donc de moins de cinq ans, stade où les jeunes sont erratiques et se déplacent d’une région à l’autre avant de se fixer avec un(e) partenaire pour la reproduction. Il mange semble-t-il un cadavre, peut-être d’un animal tué lors de la fauche de la prairie ; lièvre ou jeune chevreuil probablement. Il n’est pas rare d’observer ainsi des vautours dans le sud de l’Allier.
Notre oiseau s’envole et nous pouvons admirer l’envergure de ses ailes, jusqu’à 2,90 m – le plus grand rapace de France. Levant les yeux nous voyons planer haut dans le ciel quatre autres vautours, sans doute des fauves, que nous n’avons pas le temps d’identifier précisément. Les deux espèces cohabitent régulièrement. Les oiseaux s’éloignent ensuite vers le sud, sans donner un coup d’aile.
Voilà deux belles observations, d’un amphibien et d’un rapace rares, que j’ai renseignées sur le site web Faune AuRA.
Jean-Luc Marandon
Jean-Luc a effectué toute sa carrière de Garde-Faune puis Inspecteur de l’Environnement au sein de l’ONCFS devenu OFB. Ses ouvrages « Garde-faune en France » et « Entre sauvages » retracent certaines situations rencontrées au cours de son activité. Toujours impliqué dans la protection de la nature en tant que membre de plusieurs associations dont FNE Allier et toujours observateur passionné de la faune et de la flore, il vit aujourd’hui dans le département de l’Allier où il a pris sa retraite.
Ne ratez pas son dernier romain « Le refuge au Désert » qui est un hymne à la défense à tout prix des milieux sauvages et le respect des équilibres naturels, garants de la survie de l’espèce humaine elle-même : les principes en sont donc ceux de l’écologie la plus stricte et la plus extrémiste.
A suivre pour notre plus grand plaisir!
Publié par FNE Allier
Le Lundi 25 septembre 2023
https://www.fne-aura.org/publications/allier/balade-nature-dans-les-combrailles-a-bellenaves/
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