Une gestion des sédiments innovante pour la rivière Ardèche

Mardi 01 octobre 2024 Eau

Le bassin versant de l’Ardèche souffre d’un profond déficit sédimentaire. Ce problème est dû à plusieurs facteurs : un faible apport en matériaux dû à la géologie naturelle de la région et une forte végétalisation des versants. Les activités humaines accentuent fortement le phénomène : c’est le cas des extractions massives de matériaux qui ont eu lieu dans les moyennes et basses vallées. En outre, les grands barrages, digues et seuils bloquent la progression naturelle des sédiments et amplifient le déficit.

L'Ardèche coule sur la dalle rocheuse en aval d'Aubenas - FRAPNA 07

Les Conséquences du Manque de Sédiments

Ce déficit sédimentaire entraîne plusieurs problèmes. Les cours d’eau s’enfoncent et la roche devient visible, tandis que la nappe alluviale s’affaisse. Cela modifie ou détruit les habitats aquatiques des rivières, assèche les zones humides et détériore les ripisylves.

De plus, en l’absence de sédiments, l’eau se réchauffe davantage et sa capacité d’auto-épuration diminue. En effet, les sédiments absorbent la chaleur, réduisent l’exposition d’une partie de l’eau aux rayons du soleil et abritent des micro-organismes qui dégradent les polluants.

D’autres problèmes incluent une dégradation de la qualité de l’eau, des problématiques d’érosion de berges, la détérioration des infrastructures et une augmentation des risques d’inondation.

L’Historique de la Gestion des Sédiments sur le bassin versant de l’Ardèche

Pour tenter de résoudre ces problèmes, diverses actions ont été menées ces dernières années. Deux plans de gestion ont été mis en place pour les rivières Ardèche, Ibie et Lignon, d’abord par le Syndicat Ardèche Clair puis par l’EPTB Ardèche. Des interventions ponctuelles ont également eu lieu dans les bassins de la Beaume et du Chassezac. Elles comprenaient la dévégétalisation des atterrissements, leur scarification (brassage et décompactage), et la réalisation de tranchées, pour aider la rivière à récupérer les sédiments lors des crues. Ces travaux étaient surtout réalisés dans des zones à risque d’inondation ou à proximité d’infrastructures comme les seuils et les ponts.

Atterrissement en aval du pont de la D104 sur l'Ardèche - FRAPNA 07

Les améliorations du Nouveau Plan de Gestion

Le nouveau plan de gestion sédimentaire vise à remédier aux déficits sédimentaires en remobilisant les matériaux stockés dans les zones excédentaires et en favorisant leur déplacement vers les zones déficitaires. L’un des objectifs est de recréer un matelas alluvial. La nouveauté de ce plan consiste à cibler les atterrissements naturels non fonctionnels, c’est à dire, ceux où il n’y a plus de dynamique naturelle de dépôt et de reprise des sédiments par le cours d’eau.

10 sites intéressants pour ce type de travaux ont été identifiés, en veillant à exclure ceux présentant des enjeux écologiques pour la faune et la flore.

Le Début du Premier Chantier

Le premier chantier de ce nouveau plan a commencé à l’automne 2024. Il concerne un atterrissement dans la rivière Ardèche, en aval du pont de la D104, entre Saint Privat et Aubenas. Ces travaux, innovants, peuvent impressionner les riverains par les changements importants qu’ils apportent à la rivière, mais si les objectifs sont atteints, cela sera bénéfique au cours d’eau. Il faudra attendre quelques mois et plusieurs crues morphogènes pour pouvoir évaluer l’atteinte des résultats escomptés sur la remobilisation des sédiments et la recharge des zones aval déficitaires.