Bilan, orientations et perspectives de l’agriculture cantalienne
FNE Cantal souhaite porter un regard sur l'agriculture de notre département et sur ce qu'est en droit d'attendre la population, à savoir, une agriculture durable à l'inverse du modèle productiviste actuel. Explications.
Pour notre association une agriculture durable doit répondre aux critères suivants :
1- Protéger l’ensemble des ressources naturelles sur lesquelles s’appuie la production agricole à long terme.
2- Mettre sur le marché des produits alimentaires en quantité et en qualité ne présentant pas de risque sanitaire pour le consommateur.
3- Garantir des revenus nets aux agriculteurs et leur assurer une vie décente.
Au regard de ces objectifs ce que nous constatons dans notre département depuis des années ce sont des évolutions inverses :
1- Dans leur course à la productivité, les nouveaux moyens de production ont abouti à la pollution des eaux et des sols par les nitrates et les pesticides, perte de biodiversité notamment dans les prairies cultivées en constante expansion, déboisement pour création de terres agricoles, simplification des écosystèmes cultivés spécialisés (maïs, prairies artificielles, …).
2- Du fait de l’hyper spécialisation sur des productions « iconiques » du Cantal : le lait (fromages) et la viande, toutes les autres productions qui était assurées auparavant par des exploitations en polyculture/élevage sont déficitaires sur notre département et particulièrement en agriculture
biologique (fruits, céréales, légumes, petits élevages …). Dès lors, ces produits doivent être importés d’autres régions comme nous pouvons le constater à la biocoop d’Aurillac qui a pourtant une politique volontariste en faveur des producteurs et productions locales.
3- Depuis des années, la baisse tendancielle des prix agricoles et le relèvement du seuil de renouvellement ont entrainé l’agrandissement incessant d’un nombre toujours plus réduit d’exploitations et l’exclusion progressive de la très grande majorité des autres et la disparition des petites unités et ateliers de transformation et de valorisation des produits qui existait sur le territoire du département.
Le contexte et quelques faits majeurs des évolutions actuelles :
– Très fortes tensions sur la ressource en eau du fait du réchauffement climatique avec des périodes de sécheresse intenses et de plus en plus longues et la pollution par les énormes quantités d’effluents animaux des élevages bovins lait et viande. La vulnérabilité des sols est accrue du fait de la géologie du Cantal : absence de nappes phréatiques, résurgences dans des sources peu profondes dons très sensibles aux pollutions de surface et aux aléas de la sècheresse.
– Appauvrissement des sols et perte de fertilité dus à un travail trop intensif de sols peu profonds et à l’utilisation d’intrants qui diminuent la capacité de maintien de la vie biologique des sols.
– Des rendements agricoles des plus en plus inquiétants : il faut par exemple 3 tonnes de pétrole pour fabriquer 1 tonne d’engrais ; il faut consommer environ 10 à 15 calories d’énergie pour produire 1 calorie alimentaire ; il faut de 10 à 12 protéines végétales pour obtenir 1 protéine animale.
– Le réchauffement climatique auquel il convient certes de s’adapter mais qu’il ne faut surtout pas renoncer à limiter en agissant sur les causes connues en agriculture et en particulier l’élevage de bétail très producteur de GES.
– Le système agroalimentaire est au cœur de l’effondrement du vivant ; la priorité est de réduire la part des produits animaux dans l’alimentation » selon l’IDDRI à l’analyse du rapport de l’IPBES cité par Mr E. Macron le 13 FEV 2020. (IPBES : interface entre sciences et politique).
Aussi notre association demande une réorientation des systèmes agroalimentaires du Cantal vers :
– la priorité donnée à la satisfaction des besoins alimentaires locaux et régionaux et l’accès pour tous à une alimentation équilibrée, saine, de qualité, plutôt que de viser la productivité maximale pour l’exportation voire la spéculation financière ;
– la création d’emploi dans le secteur agricole en favorisant les petites exploitations de polyculture/élevage et le soutien aux équipements locaux de transformation (abattoirs, laiteries et coopératives laitières, minoterie, légumerie, plates-formes de producteurs) et aux circuits de proximité
pour réduire les distances de transport ;
– la généralisation des Plans Alimentaires Territoriaux PAT/PAIT/SAT (voir encadré ci-dessous) ;
– la réduction des grandes exploitations spécialisées bovins lait, bovins viande et une véritable réforme agraire visant à augmenter le nombre d’exploita ons pour des productions plus diversifiées (légumes, fruits, céréales, légumineuses, petits élevages, sylviculture, …) ;
– la fin de l’élevage hors sol et le développement des élevages en plein air et l’autonomie protéique ;
– la réorientation des aides vers une agriculture dont la fertilité des sols repose sur des fonctions naturelles qui rapprochent les agrosystèmes des écosystèmes, vers l’agriculture Bio qui rencontre un vrai succès populaire.
Le Cantal, vers l’autosuffisance alimentaire ?
La crise sanitaire du Covid a fait resurgir dans les territoires les questions de sécurisation des approvisionnements, et de l’autonomie alimentaire. C’est l’occasion de lancer une réflexion/action sur le thème de la souveraineté alimentaire au travers des PAT (Projets Alimentaires Territoriaux) et des
SAT (Systèmes Alimentaires Territorialisés).
Les systèmes alimentaires territorialisés (SAT) constituent une forme émergente alternative au modèle dominant agroindustriel, inspirée par un objectif de réduction des externalités négatives et de valorisation des impacts sociaux, environnementaux et économiques positifs.
Les SAT sont fondés sur des initiatives innovantes généralement issues des acteurs-producteurs, des consommateurs et des mouvements associatifs, accompagnées, voire encouragées par des démarches de politiques publiques le plus souvent territoriales (villes ou régions), parfois nationales.
Publié par FNE Cantal
Le Mercredi 13 janvier 2021
https://www.fne-aura.org/actualites/cantal/bilan-orientations-et-perspectives-de-lagriculture-cantalienne/
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