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— Actualités —

13/ Éclairage nocturne et biodiversité

Mercredi 05 décembre 2018 Pollution lumineuse

Quelques éléments d’information

L’homme fait partie de la nature. Nous avons pris une place dominante marquée par nos impacts importants sur la planète à tel point que l’époque géologique dans laquelle nous vivons est en train de prendre le nom d’anthropocène. Nos actions ont des conséquences durables sur les autres espèces et sur le milieu physique ; d’un point de vue éthique, il est plus que temps de respecter ce qui cohabite avec nous sur notre planète.

L’alternance jour/nuit règle la vie depuis son apparition sur terre : elle est fondamentale pour le bon fonctionnement de la plupart des organismes vivants (dont l’Homme) qui ont développé des mécanismes physiologiques adaptés à ce rythme circadien.

D’un point de vue physique, cette alternance se traduit par un rayonnement lumineux différent le jour et la nuit :

  • une lumière solaire le jour sur la totalité du spectre visible par l’homme (du violet au rouge) avec une prédominance du bleu en milieu de journée
  • une lumière très faible la nuit liée aux phases de la lune et à l’éclairement diffusé par les étoiles et les planètes, dont l’intensité dépend des conditions météorologiques

A l’échelle de l’apparition de la vie sur terre, l’avènement très récent de l’éclairage artificiel nocturne, a bouleversé le paysage nocturne. Cette artificialisation s’accélère puisqu’en 10 ans 30 % de points lumineux supplémentaires ont été installés en France (source : CERA).
Le schéma ci-dessous montre le spectre solaire (sunlight) et les spectres de quelques sources lumineuses artificielles : LED, ampoules incandescentes, et ampoules fluocompactes (CFL).

Spectres comparés de la lumière solaire et de quelques sources lumineuses artificielles (source ©Popular mechanism)

Changer de regard : de nombreuses espèces ne voient pas comme nous

Notre vision humaine est le fruit d’une évolution très particulière ; les autres formes de vie ont une histoire évolutive différente se traduisant par une perception de leur environnement qui n’a souvent rien à voir avec le nôtre.

Faisons un pas de côté pour imaginer comment d’autres animaux peuvent voir le monde…

Le grand sphinx de la vigne (Deilephila elpenor) perçoit les couleurs la nuit à la lueur des seules étoiles ; (source)

 

Photos : Grand sphinx de la vigne. Auteur hamon jp (source wiki)

Le gecko casqué (Tarentola chazaliae) perçoit les couleurs à une faible lueur lunaire ;

Photo : Le gecko casqué. Auteur Fabien Valable (source wiki)

De nombreux mammifères amplifient la lumière nocturne grâce à une membrane réfléchissante située derrière leur rétine, le tapedum lucidum ;

Photo : Loup la nuit : le tapetum lucidum fait luire ses yeux ©E. Pebay

Les chauves-souris s’orientent dans le noir grâce à l’écholocation ;

Photo : Petit rhinolophe. Auteur F. C. Robiller / naturlichter.de (source wiki)

Pour capter un maximum de lumière la nuit, les rapaces nocturnes ont développé des grands yeux. La taille de ceux-ci étant limitée par la taille du crâne, les yeux se sont développés de manière tubulaire en excroissance de l’orbite. Cette forme particulière limite la rotation de l’œil et oblige les chouettes et hiboux à tourner la tête pour tourner le regard, d’où leur extraordinaire capacité de mobilité sur 270° (source).

On peut donc affirmer que la vision humaine est inadaptée pour évaluer les impacts de la lumière artificielle la nuit. Or les unités pour qualifier la lumière comme les lumens, les lux, l’indice de rendu des couleurs ou la température de couleur sont des indicateurs de perception humaine de la lumière qui ne permettent pas de préjuger de sa perception par d’autres espèces.
Seule l’énergie de la lumière émise par une source lumineuse (en watt par mètre carré) et sa composition spectrale sont des informations objectives.

Il existe une grande variété de sensibilités spectrales en fonction des espèces :
Les spectres étroits minimisent l’impact sur la biodiversité en touchant le moins d’espèces possibles (source).

Cas particulier de la lumière bleue


La communauté scientifique a montré que parmi toutes les longueurs d’ondes visibles, c’est le bleu qui a la plus grande influence sur les rythmes circadiens du vivant. De nombreuses publications scientifiques sont consultables à ce sujet sur le site Nuit France et une synthèse des connaissances (datant de 2010) est proposée dans le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES ; rapport en cours de mise à jour). Parmi les effets les plus notoires on peut citer les atteintes à la rétine ou les dérèglements du sommeil. (voir aussi fiche « Les différentes technologies de lampes »)

Quelques pistes d’action

Préserver des zones de nuit naturelle
Préserver au maximum des zones non éclairées comme lieux de vie et de déplacement des espèces sauvages.Les bâtiments éclairés représentent également une source de mortalité importante pour les oiseaux comme on peut le voir sur cette vidéo.

S’intéresser à la biodiversité de sa commune
Les municipalité peuvent faire appel à des associations pour des soirées d’écoute de chauves-souris (au détecteur à ultras-sons), d’observation d’insectes ou d’écoute de rapaces nocturnes. Ces animations peuvent avoir lieu préférentiellement à l’occasion du Jour de la nuit.

Publié par FNE Isère

Le Mercredi 05 décembre 2018

https://www.fne-aura.org/actualites/isere/13-eclairage-nocturne-et-biodiversite/

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