Soutenez-nous, faites un don !

— Actualités —

Changement d’approche en montagne

La baisse de l’enneigement oblige les stations de ski à se réinventer. Le Covid et la fermeture des remontées mécaniques ont donné un coup d’accélérateur à une évolution qui était déjà engagée et qui apparaît de plus en plus inéluctable et souhaitable.

Mercredi 10 mars 2021 Montagne

Le formidable attrait de la montagne

Il est désormais impossible de ne pas voir l’évidence : les urbains ont un besoin vital de nature, la montagne peut y répondre. La fréquentation estivale 2020 a été très élevée. Quant à l’hiver, dès les premières neiges les stations ont été prises d’assaut. La fermeture des remontées mécaniques n’a pas fait obstacle au désir d’aller en montagne. Ce sont bien les grands espaces, la nature, les paysages, les milieux où l’on peut exercer et sentir son corps en effort qui attirent.

Limiter la dépendance à l’industrie du ski

Les signaux sont de plus en nombreux : en ces années 2020 – 2021, les acteurs économiques et professionnels de la montagne prennent enfin conscience que le modèle « tout ski » n’est plus tenable. Le tourisme doit se transformer pour devenir moins énergivore et plus respectueux de la nature et de l’environnement.

Certes, l’évolution est lente, chaotique, tous les territoires n’avancent pas à la même vitesse, certains ont pris de l’avance, par exemple le Queyras, d’autres persistent comme autrefois avec des projets de remontées mécaniques ou d’enneigement artificiel néfastes à l’environnement et inutilement coûteux. Mais, dans l’ensemble, la bataille des idées a été gagnée, le consensus se fait sur la nécessité de changer d’approche et de s’orienter vers de nouvelles formes de développement en montagne. Reste à passer aux actes…

Vers un tourisme durable ?

C’est dans ce contexte que l’Etat, via l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires, lance un « programme montagne » pour « proposer dans les années à venir une offre plus verte, plus diversifiée et plus compétitive ».

FNE a participé à la consultation qui a précédé ce programme. Dans notre contribution, nous mentionnons un critère essentiel de durabilité : les aménagements doivent être légers et réversibles, à l’inverse de la culture du béton qui prévaut trop souvent.

Il est nécessaire de rompre le cercle vicieux de construction de nouveaux aménagements qui ne seraient rentabilisés que si l’on construit à nouveau de nombreux logements touristiques et ainsi de suite… Ce qui conduit à l’impasse, d’autant que ce modèle ne tient qu’avec des financements publics importants (fiscalité et soutiens directs).

Nos actions en montagne, dans les dispositifs de concertation et, parfois, au tribunal administratif, s’inscrivent dans cette philosophie : préserver les espaces naturels, valoriser la montagne à vivre, arrêter la fuite en avant des constructions superflues, du bétonnage, de la consommation des sols.

Partager les milieux naturels entre tous les vivants

L’activité humaine en montagne, qu’elle soit touristique ou économique, est facilement source de nuisances pour la faune, la flore, les sols. Toute action de développement en montagne doit donc s’accompagner de mesures de protection. Nous en sommes loin, même si les aires protégées, notamment les parcs nationaux, jouent leur rôle.

Certains milieux irremplaçables, par exemple les tourbières, doivent être protégés réglementairement par l’Etat, comme FNE le propose dans sa contribution à la stratégie nationale des aires protégées. Mais d’une manière générale, pour la montagne comme pour d’autres territoires, la solution n’est pas dans l’extension des parcs et réserves naturelles. Elle réside plutôt dans un cocktail de mesures de veille, de régulation et d’éducation avec comme fil conducteur de rechercher une cohabitation pacifique et mutuellement respectueuse entre tous les vivants, humains, autres animaux et végétaux.

Les milieux montagnards sont fragiles et demandent d’autant plus de soin et de prévention des conflits d’usage. Les exemples de situations conflictuelles, avérées ou potentielles, sont faciles à trouver : dérangement de la faune par des randonneurs, destruction du couvert végétal par piétinement, conflits entre piétons et VTTistes sur les sentiers, nuisances sonores par les aéronefs, dégradations ou salissures autour des parkings ou d’aires de bivouac, engins motorisés de loisirs sur des chemins, prédation des animaux d’élevage par le loup, agression de touristes par des chiens de protection…

Partout, on retrouve la même problématique : la présence des uns ne devrait pas nuire ou exclure les autres.

Retrouver des villes vivables

En conclusion, il faut s’interroger sur ce besoin de montagne exprimé par les urbains. L’attirance pour la montagne, havre de respiration et de ressourcement, n’est-elle pas aussi fuite de la ville invivable ou de la vallée polluée ?

Un raisonnement trop cloisonné, territoire par territoire, nous ferait manquer l’essentiel : les êtres vivants sont mobiles ; le refuge en montagne, pour les humains comme pour d’autres espèces, est souvent la conséquence de la dégradation d’un habitat.

La protection de la montagne se joue aussi en ville et dans les vallées. Partout, nous avons besoin d’espaces de biodiversité, naturels ou jardinés, peu importe, mais facilement accessibles et de proximité avec la vie.

Pour aller plus loin

Cinq propositions pour sortir la montagne du tout ski, une tribune à signer et à partager.

Publié par FNE Isère

Le Mercredi 10 mars 2021

https://www.fne-aura.org/actualites/isere/changement-dapproche-en-montagne/

Partager


Je relaie

J'agis

Soutenez notre indépendance financière

Adhérez Faites un don

Avantage réduction d'impôts