Déchets du BTP : des solutions pour les réemployer
FNE Isère a organisé le 27 avril 2022, à Grenoble, une table-ronde sur la réutilisation et le recyclage des déchets du BTP. Nous en donnons ici un aperçu.
Des événements sont organisés pour faire le point sur les déchets
Le secteur du BTP représente, en tonnage, une très large part des déchets produits annuellement. Par ailleurs, les carrières ont un fort impact environnemental. Le réemploi et le recyclage des déchets du BTP apparaît ainsi comme une voie prometteuse, à promouvoir. Ainsi une réunion d’information et d’échange avec des professionnels du secteur a été organisée. Cet événement fait suite à la réunion que nous avions organisé en octobre 2021 sur la prévention des déchets, dans le cadre de la concertation sur le plan national de prévention des déchets. Nous prévoyons d’autres réunions d’information – débat sur ces thèmes très importants que sont l’économie circulaire et la sobriété dans nos consommations de matériaux.
Les déchets sont suivis en Auvergne Rhône Alpes
Dominique Delorme, secrétaire général de l’UNICEM AURA (qui est l’organisation professionnelle qui représente la filière des matériaux de construction issus de carrières en Auvergne Rhône-Alpes), nous a décrit comment sont suivis les déchets inertes du BTP en AURA depuis plusieurs années. En fait les déchets du BTP ne sont une préoccupation pour les entreprises que depuis très peu de temps (à titre d’exemple, la directive cadre Européenne sur la gestion des déchets date de 2008). L’une des premières étapes – fondamentale – pour s’attaquer au problème des déchets, c’est de quantifier les flux. C’est pourquoi avec le CERC et la Région Auvergne Rhône Alpes, un outil d’analyse avec des indicateurs a été créé. Voilà quelques chiffres intéressants : 91% des déchets inertes sont recyclés ou valorisés ; en revanche ils ne couvrent que 25% des besoins du BTP, d’où le besoin d’extraction et surtout de réduction des ‘besoins’.
Circulère incorpore les déchets du BTP à son processus de fabrication de ciment
Thibaud Labussière, chargé de développement dans la filiale Circulère du Groupe Vicat (cimentier), nous a expliqué que des déchets du BTP sont incorporés dans la fabrication du ciment (afin de ne pas avoir à extraire davantage de matériaux) et que des déchets sous forme de CSR (combustibles solides de récupération) sont également utilisés pour une partie des besoins énergétiques qui sont très élevés (valorisation énergétique des déchets, qui permet de remplacer l’utilisation d’une énergie carbonée). Cependant les déchets (plastiques, papiers) doivent être calibrés au préalable. Ils sont donc sélectionnés ou préparés par un prestataire.
Eco’Mat38 propose un suivi complet dans la déconstruction sélective des bâtiments
Cécile Magnin-Feysot a présenté l’association Eco’Mat38, qui a pour objectif de développer et massifier le réemploi dans le secteur du bâtiment. Elle agit sur l’ensemble de la filière : elle propose du diagnostic ressources, le suivi d’une déconstruction de bâtiment sélective (à opposer à une démolition), la collecte et le stockage des matériaux, et enfin la vente (réemploi, réutilisation ou up-cycling) ou transformation de matériaux (création de nouvelles ressources). Le but est d’éviter que toutes ces ressources potentielles qui constituent un bâtiment ne passent par le statut de déchet. Fait marquant, ce sont les déchets ayant les plus faibles tonnages (typiquement, les équipements de l’intérieur du bâtiment tels que les luminaires par exemple) qui ont parfois le plus d’intérêt à être réemployés : 1% de masse de déchets en ressources, c’est 30% d’économie carbone par chantier.
Grenoble-Alpes Metropole travaille avec l’ensemble des maillons de la filière
Grenoble-Alpes Métropole intervient dans différents domaines de compétences dont fait partie la gestion des déchets. Depuis 2019, elle s’est engagée dans un contrat d’objectifs déchets et économie circulaire (CODEC) financé par l’ADEME. Ce plan d’action vise à réduire la production de déchets et à augmenter leur valorisation sur 3 flux de déchets spécifiques, dont le flux du secteur du bâtiment. Pour y parvenir, une feuille de route a été établie afin de travailler avec l’ensemble des maillons de la filière sur la mise en place d’une boucle d’économie circulaire territoriale. La mise en place en janvier prochain de la REP (responsabilité élargie du producteur) pour les matériaux du bâtiment va favoriser le recyclage. Toutefois il faut qu’elle laisse la place aux petites initiatives et à l’ESS (comme l’exemple du cadran solaire à La Tronche). C’est ce que nous a détaillé Quentin Desvaux, qui fait une thèse au service gestion des déchets du BTP de Grenoble Alpes Métropole.
Pistes pour éviter les déchets du BTP
La discussion qui a suivi a soulevé beaucoup de questions. D’abord la sobriété : la densification des villes mène à la démolition de constructions qui pourraient durer bien plus longtemps – le béton a une durée de vie potentielle très longue. Il faut aller vers plus de rénovation, qui actuellement coûte plus cher que la construction à neuf mais qui peut se révéler en réalité rentable sur le long-terme. Il faut également miser sur la qualité et construire des bâtiments évolutifs. Mais les règles d’urbanisme ne permettent pas toujours l’évolution. D’autres pistes sont à explorer, comme le fait d’économiser l’espace afin d’aller vers le zéro artificialisation nette. Les gens sont conditionnés à aspirer à un certain type d’habitat (pavillonnaire notamment) mais il est possible d’avoir des espaces partagés (buanderie etc.), et même de l’habitat partagé. Pour les chantiers, il faut penser aux compétences des maîtres d’ouvrage et des artisans pour gérer correctement les déchets, et notamment préserver ceux-ci pour le réemploi. Il faut aussi pouvoir les stocker. Un travail est nécessaire sur la garantie des matériaux de réemploi.
Pour résumer
Dans son projet associatif, FNE prône le fait de sortir de l’économie extractiviste et de passer à une économie plus économe en ressources. De gros progrès ont été faits récemment pour augmenter le recyclage et la réutilisation des déchets du BTP. Toutefois, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Ainsi parmi tous nos leviers d’action, c’est la sobriété qui pourrait avoir le meilleur impact environnemental.
Publié par FNE Isère
Le Mercredi 01 juin 2022
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/dechets-du-btp-des-solutions-pour-les-reemployer/
Partager