Notre sélection de livres du moment
Pour des idées cadeaux ou des moments de réflexion et de détente, nos bénévoles vous partagent leurs avis sur des ouvrages nature et environnement.
Manières d’être vivant – Baptiste Morizot, Actes sud, 2020
Synopsis :
Imaginez cette fable : une espèce fait sécession. Elle déclare que les dix millions d’autres espèces de la Terre, ses parentes, sont de la “nature”. À savoir : non pas des êtres mais des choses, non pas des acteurs mais le décor, des ressources à portée de main. Une espèce d’un côté, dix millions de l’autre, et pourtant une seule famille, un seul monde. Cette fiction est notre héritage. Sa violence a contribué aux bouleversements écologiques. C’est pourquoi nous avons une bataille culturelle à mener quant à l’importance à restituer au vivant. Ce livre entend y jeter ses forces. En partant pister les animaux sur le terrain, et les idées que nous nous faisons d’eux dans la forêt des savoirs. Peut-on apprendre à se sentir vivants, à s’aimer comme vivants ? Comment imaginer une politique des interdépendances, qui allie la cohabitation avec des altérités, à la lutte contre ce qui détruit le tissu du vivant ? Il s’agit de refaire connaissance : approcher les habitants de la Terre, humains compris, comme dix millions de manières d’être vivant.
Comment aborder le vivant d’une autre manière ?
Avec style et poésie, l’auteur décrit le pistage des loups. A cette occasion, il arpente le massif du Vercors. Il déroule l’évocation de cette expérience souvent de nuit, dans différents chapitres. Il développe aussi une réflexion philosophique sur la conception de l’animal. En effet, dans ce livre, il met en cause la modernité occidentale qui a conduit à une exploitation du vivant. Il fait aussi le procès de notre morale, qui aurait contribué à dévaloriser l’animal. Et il critique la domestication de façon argumentée. De fait, l’auteur renouvelle notre définition des animaux et des plantes. En effet, ils sont une autre manière d’être vivant.
Comment réconcilier les différents acteurs ?
Il propose finalement, de façon nuancée, un rapprochement entre le loup, le pastoralisme et la préservation de la biodiversité. L’apiculture peut constituer un autre exemple. C’est ce qu’il appelle « une approche diplomatique des interdépendances interespèces ».
L’Europe réensauvagée – Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet, Actes sud, 2020
Synopsis :
Ce tour européen de l’état de réensauvagement des différents milieux naturels révèle que, malgré un passage par la quasi-extinction de beaucoup d’espèces iconiques, dans tous les pays des initiatives inspirantes et couronnées de succès voient le jour. Bisons, ours, aigles, esturgeons et phoques reviennent. La cohabitation de l’homme et du sauvage s’avère donc possible.
Ce livre, basé sur le partage d’expériences positives, incite à la réflexion et à l’action. Pour avancer et surmonter les obstacles, il suffit parfois de changer de point de vue.
De façon très accessible, ces experts énumèrent les espèces présentes en Europe. C’est le résultat de nombreux voyages en Europe. Celle-ci est définie de façon classique de l’Atlantique à l’Oural et ils ont aussi rencontré des acteurs de terrain.
Des raisons d’espérer
Ils décrivent de façon détaillée et intéressante, les nombreuses réintroductions d’espèces quasiment disparues et se montrent optimistes quant aux résultats. Tout ceci est très encourageant. A la destruction, a succédé la protection. Finalement ils promeuvent une libre évolution de la nature et s’opposent de fait à une régulation humaine.
Quelle cohabitation pratique entre les hommes et les animaux ?
Selon Baptiste Morizot qui s’exprime dans l’introduction, les auteurs défendraient un réensauvagement humaniste. Celui-ci n’exclurait pas les hommes. Pourtant, l’être humain et ses activités possibles sont absents dans ce livre. Il est un protecteur uniquement de la nature. Et les auteurs n’évoquent pratiquement pas les conséquences du réchauffement climatique sur la faune.
La fabrique des pandémies – Marie-Monique Robin, Editions La découverte, 2021
Synopsis :
« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la covid-19 relève du surréalisme, pas de la science ! », affirmait Luc Ferry en mars 2020, accusant les écologistes de « récupération politique ». Voilà un philosophe bien mal informé. Car, depuis les années 2000, des centaines de scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement de la biodiversité, ont créé les conditions d’une « épidémie de pandémies ».
C’est ce que montre cet essai, mobilisant de nombreux travaux et des entretiens inédits avec plus de soixante chercheurs du monde entier. En apportant enfin une vision d’ensemble, accessible à tous, Marie-Monique Robin contribue à dissiper le grand aveuglement collectif qui empêchait d’agir. Le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et la globalisation économique menace directement la santé planétaire.
Cette destruction est à l’origine des « zoonoses », transmises par des animaux aux humains : d’Ébola à la covid-19, elles font partie des « nouvelles maladies émergentes » qui se multiplient, par des mécanismes clairement expliqués dans ce livre. Où on verra aussi comment, si rien n’est fait, d’autres pandémies, pires encore, suivront. Et pourquoi, plutôt que la course vaine aux vaccins ou le confinement chronique de la population, le seul antidote est la préservation de la biodiversité, impliquant d’en finir avec l’emprise délétère du modèle économique dominant sur les écosystèmes.
L’avis de Philippe :
« Marie Monique Robin, pour réaliser ce livre, a rencontré 60 scientifiques dans le monde et en a tiré une conclusion: Ce sont bien les activités humaines qui provoquent l’émergence des maladies infectieuses et c’est bien la perte de biodiversité qui est à l’origine de la pandémie de Covid19. Je cherchais depuis longtemps une explication et des perspectives. D’autres pandémies vont apparaître si l’on ne restaure pas cette biodiversité, si l’on ne met pas fin aux élevages industriels, à la déforestation, à la monoculture et à cette idée que la technologie (les vaccins) va tout solutionner. Il est urgent de promouvoir à grande échelle l’agro écologie et écoutons ce que les peuples indigènes ont à nous dire. Il y a encore un espoir ! »
Publié par FNE Isère
Le Jeudi 28 octobre 2021
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/notre-selection-de-livres-du-moment-2/
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