Aux abords du Gier, un potentiel à préserver
FNE Loire s’investit dans la protection des forêts de nos cours d’eau. Les ripisylves du Gier, à La Valla-en-Gier, ont été évaluées grâce à notre outil : l’Indice de Biodiversité et de Connectivité des Ripisylves (IBCR). Le but est d’améliorer les connaissances afin de protéger les ripisylves qui abritent une biodiversité riche mais menacée par les activités humaines.
Carte topographique IGN représentant la zone choisie pour l’étude ainsi que son contexte géographique.<br /> © IGN 2022 - Géoportail
1. Entre ville et montagne, une rivière contrastée
Le Gier est une rivière fortement urbanisée même si sa partie amont reste préservée, notamment le tronçon étudié au sud du barrage du Piney. Ce barrage n’a plus d’usage depuis une vingtaine d’années, la continuité écologique* a ainsi été restaurée. De plus, un pertuis** a été aménagé afin de restaurer la fonctionnalité hydraulique du cours d’eau.
Le tronçon étudié à l’aide de l’IBCR a obtenu une note de 65/100, notamment grâce à une bonne connectivité forestière et de faibles perturbations. Ce secteur est relativement préservé des infrastructures anthropiques : il y a peu de routes et de bâtiments à proximité. Il y a également peu d’espèces exotiques envahissantes même si quelques pieds ont été recensés. De plus, la présence de plusieurs espèces d’odonates, à savoir l’agrion à larges pattes (Platycnemis pennipes), le cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii), l’aeschne paisible (Boyeria irene) ou encore le calopteryx vierge (Calopteryx virgo) est encourageante. En effet, leur présence est déterminante pour la création de Zones Naturelles d’Intérêt(s) Écologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF).
2. Entre ville et montagne, une rivière contrastée
D’imposants aulnes se succèdent le long de la berge. A mesure que l’on s’éloigne de la rivière, des arbres plus jeunes apparaissent. Ce phénomène est à rattacher au passé pastoral du vallon. Autrefois pâturées, les berges ont peu à peu été délaissées par les éleveurs compte tenu de leurs fortes pentes. Aujourd’hui, la forêt reprend lentement sa place. Le gradient d’âge des arbres offre des conditions écologiques variées susceptibles d’accueillir une riche biodiversité. De plus, le gros bois et le bois mort présents favorisent la création de nombreux microhabitats pour la faune. En effet, cette dernière utilise les cavités, entrelacs racinaires, plantes et champignons épiphytes comme abris.
Gérée par Saint-Etienne Métropole, la zone se situe à proximité de la ZNIEFF des « Coteaux du Piney et Croix du Planil ». Cette zone abrite des espèces forestières et rupicoles patrimoniales, telles que l’engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) et le grand-duc d’Europe (Bubo bubo).
3. Des menaces écologiques à contenir
Malgré cette biodiversité remarquable, les berges de la rivière connaissent les prémices d’une colonisation par des plantes exotiques envahissantes. Le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) et le buddléia de David (Buddleja davidii) menacent la biodiversité locale. De plus, la fréquentation humaine en dehors des sentiers de randonnée représente un facteur de dérangement et de dégradation potentiels du site.
Afin de pouvoir contenir ces menaces, l’amélioration des connaissances sur les ripisylves de la vallée du Gier est primordiale. FNE Loire a choisi d’étudier une zone relativement préservée des pollutions. Cette étude a ainsi permis d’encourager les actions entreprises sur ce bassin versant. A titre d’exemple, un tronçon du Gier a fait l’objet de travaux de découvrement par Saint-Etienne Métropole. La non-intervention peut aussi être envisagée car elle favorise la biodiversité associée au gros bois et au bois mort. La ripisylve a ainsi été laissée en libre évolution par la métropole.
4. Des pistes de gestion pour une meilleure protection des ripisylves
La présence d’espèces exotiques envahissantes reste limitée sur cette ripisylve. Seul le robinier s’est significativement étendu, surtout sur la rive gauche. Afin de contenir son développement, différentes méthodes peuvent être envisagées.
L’ajout de panneaux informatifs sur les sentiers de randonnée peut permettre de sensibiliser les promeneurs au fonctionnement écologique de la ripisylve et aux menaces qui pèsent sur elle.
FNE Loire et les autres fédérations d’association de France Nature Environnement en région AuRA comptent de nombreux bénévoles mobilisables sur ces actions. Grâce aux « Sentinelles de l’Eau », elles disposent également de personnes motivées pour surveiller l’état écologique de nos rivières. Tout le monde peut participer, alors rejoignez-nous !
Pour aller plus loin
Au-delà des études IBCR, France Nature Environnement se mobilise en région Auvergne-Rhône-Alpes pour la protection des milieux rivulaires. Notre fédération prône la réalisation de projets de préservation ambitieux, notamment la protection de longs linéaires de ripisylves constituant des corridors écologiques indispensables.
* continuité écologique : libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur cycle de vie, le bon déroulement du transport naturel des sédiments ainsi que le bon fonctionnement des réservoirs de biodiversité (Office Français de la Biodiversité).
** pertuis (hydraulique) : ouverture restreinte pratiquée dans un barrage afin de laisser l’eau et les sédiments s’écouler tout en limitant le débit en cas de crue.
Ce projet a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. L’agence de l’eau est l’établissement public de l’Etat qui œuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations) selon les priorités inscrites dans son programme « Sauvons l’eau 2019-2021 ». Plus d’informations sur www.eaurmc.fr
Publié par FNE Loire
Le Jeudi 23 mars 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/loire/aux-abords-du-gier-un-potentiel-a-preserver/
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