Pour protéger les habitants des pesticides : soyons exigeants
Le gouvernement affirme vouloir encadrer l’utilisation de produits phytosanitaires à proximité des habitations pour des raisons de santé publique. Dans ce cadre, une consultation publique a été ouverte jusqu’au 1er octobre 2019 au sujet de la distance des zones de non-traitement.
Un enjeu majeur
Les mesures proposées par le gouvernement sont illusoires. Face à cet enjeu de santé publique, il est nécessaire d’être plus exigeant. La loi « Egalim » prévoit d’instaurer des mesures de protection des riverains de zones traitées à partir du 1er janvier 2020.
Les mesures proposées
Il est proposé la création de zones de non-traitement (ZNT) entre les zones résidentielles et les espaces traités. Les distances proposées vont de 5 m pour les cultures basses (céréales) à 10 m pour les cultures hautes (arboriculture) et les substances les plus dangereuses. Ces ZNT seront appliquées au travers de chartes départementales.
Des distances dérisoires
La volonté de renforcer la protection des populations face aux phytosanitaires est bienvenue. Toutefois les mesures avancées dans le projet de décret s’avèrent dérisoires.
• La proposition de zones de non-traitement de 5 à 10 m est minimaliste. La dérive de pulvérisation lors des traitements phytosanitaires est mal connue et l’étude référencée remonte à 2001 (Rautmann et al.).
• La toxicité des substances les plus dangereuses est sous-estimée. Cancérogènes, mutagènes, et reprotoxiques, elles contribuent à l’effet cocktail auquel nous sommes exposés y compris à faible dose.
• L’instauration de chartes départementales est un cheval de Troie. Elles offriront la possibilité de réduire localement les zones de non-traitement à respectivement 3 et 5 m et ne seront pas contraignantes.
Une protection inefficace
Les mesures de protection proposées ne protégeront pas la population d’une exposition prolongée aux pesticides, lors des traitements, par inhalation et par voie cutanée. La contamination du public sera prolongée par les émanations et volatilisations post-traitement.
Un manque de cohérence
La faiblesse des mesures proposées va à contre-courant des plans nationaux « Ecophyto » et « Santé-environnement ». Alors que les collectivités et les particuliers cessent le recours aux phytosanitaires de synthèse, ils continuent d’être contaminés par d’autres usages.
Ce que demande FNE Loire
En attendant la sortie définitive des pesticides, FNE Loire demande des mesures sérieuses etplus exigeantes pour protéger la population et plus précisément :
• une zone non-traitement de 150 m à proximité des zones résidentielles : en absence de données actualisées sur la dérive des pesticides lors des traitements, il est nécessaire d’adopter une mesure de protection maximale.
• une réglementation nationale à la place d’une multitude de chartes départementales : par souci d’égalité et de lisibilité, les citoyens doivent être protégés équitablement et les usagers de pesticides doivent respecter les mêmes mesures.
• l’inscription d’objectifs de résultats dans le projet de décret : aucune dérive, aucune émanation post-traitement ne peut être acceptée lors de traitements chimiques.
• la considération des aires d’alimentation de captage pour que les territoires sensibles au regard de la qualité des eaux soient mieux protégés.
Participez à la consultation du public
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/consultation-publique-sur-un-projet-de-decret-et-a2032.html
Crédit photo de l’en-tête : © Pixabay
Publié par FNE Loire
https://www.fne-aura.org/actualites/loire/proteger-habitants-des-pesticides/
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