Une coupe rase à la Motte-Servolex pose le débat sur l’avenir de la forêt

Le bois de La Combe est une forêt résineuse plantée (Epicéas, mélèzes, pins douglas…), destinée à être exploitée. La coupe rase, sur plus de 3 ha,  nécessitait une autorisation . Celle-ci  a été demandée par le propriétaire et obtenue, semble-t-il assez facilement, sans étude naturaliste préalable, en avril 2022, auprès de la Direction départementale des territoires (DDT de Savoie). Il s’agissait aussi de considérer les épicéas dépérissants car touchés par le scolyte (18% du peuplement), un parasite très dévastateur et contagieux.

Sur le plan administratif, la coupe rase est donc légale, cela conformément aux usages, toutefois sans envisager les alternatives proposées par la commune, en lien avec l’ONF (Office National des Forêts) pour réduire l’impact.

Ce qui se passe dans le bois de La Combe ouvre bien le débat de la conservation durable des forêts, de leur mode de gestion et de leur exploitation qui, en grande majorité, considère seulement la valeur marchande du bois. Le débat est d’autant plus sensible que le boisement de La Combe était un lieu de promenade de proximité, apprécié par les habitants. Des animaux telles que des biches y  étaient parfois rencontrés… Il est à coté d’une zone humide et d’un ruisseau, alimentés par des résurgences traversant le bois exploité, donc désormais en péril, avec la microfaune qui y est installée. De plus, la période printanière est critique pour la nidification des oiseaux.

Le mode d’exploitation d’une futaie résineuse « équienne » (ou « régulière », tous les arbres sont à peu près du même âge) sans régénération naturelle en sous-bois est le plus souvent la coupe rase : ce n’est pas nouveau ! Cela est suivi, ou non, de plantations qui reprennent  le cycle de ce type de peuplement forestier de futaie régulière peu favorable à la biodiversité.

Par ailleurs, ces plantations de résineux acidifient les sols sur lesquels plus grand chose ne pousse et sont extrêmement sensibles au feu.

Pour tenter de pallier à ces inconvénients et réduire l’impact, la certification PEFC a été mise en place pour encourager les exploitants (publics ou privés) à une « gestion durable » des forêts, c’est à dire une gestion qui met en valeur la diversité des essences et atteste du respect des fonctions environnementales, sociétales (rétablissement des chemins) et économiques de la forêt tout en assurant la traçabilité du bois depuis la forêt jusqu’au produit fini. 39% de la surface forestière est ainsi certifiée en Savoie. Tout est donc – a priori – à encourager dans ce sens dans la manière de gérer les forêts du futur.

Les boisements de résineux comme celui de La Combe n’ont rien à voir avec les forêts d’altitude que l’on rencontre dans nos montagnes :  hêtraie-sapinière, pessière, pinède ou mélezin… Celles-ci, poussent, pour la plupart, de manière naturelle avec leurs sous-bois spécifiques écologiquement riches. Elles sont parfois également maltraitées, soit par des exploitations forestières brutales, soit par le passage de conduites forcées ou pistes de ski…

 Ceci étant, le débat sur la place de la forêt, en tous lieux et à toutes altitudes, mérite d’être examiné, au mieux des intérêts pour la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique.