L’environnement, un sujet trop sérieux pour être traité à la légère
La sensibilité grandissante des citoyens au réchauffement climatique, à la qualité de l’air, de l’eau, des sols , du respect des ressources naturelles , est une excellente chose pour la planète ! En réponse à ces nouvelles exigences, des initiatives naissent, des modèles plus vertueux émergent.
La tentation peut alors être grande pour les acteurs économiques de lancer des projets à tout prix et avec la plus grande célérité pour être les premiers « sur le marché » ou pour répondre à des urgences. Mais encore faut-il se donner pleinement les moyens de la réussite !
L’exemple récent du saccage d’herbiers dans la baie du lac d’Annecy, au droit du quai des Marquisats, est éloquent : il s’agissait de mettre en place une « boucle d’eau » destinée à chauffer le nouvel ensemble immobilier de l’Avant-Scène. Un décalage hâtif des plans initiaux, validé à la hâte et en toute discrétion par les services de l’État, a conduit l’exploitant à détruire des herbiers de grande valeur écologique. Cette destruction irrémédiable n’aurait-elle pas pu être évitée avec une meilleure anticipation et une concertation préalable ? Si un chantier classique peut supporter quelques modifications non substantielles, il n’en est pas de même lorsque le travail s’effectue dans un milieu vivant et fragile.
La cartographie complète des herbiers du lac demandée en compensation n’aurait-elle pas due être un préalable au démarrage du chantier et un élément capital à intégrer de même qu’une sensibilisation exigeante du maître d’œuvre et de ses exécutants par des experts du milieu (association de pêcheurs, associations environnementales…) ? Certes, le projet était séduisant, innovant et prometteur… et pourtant l’irréparable s’est produit.
Pour prendre d’autres exemples, comment ne pas s’inquiéter de voir bientôt un collège installé sur une « zone humide » de Vetraz-Monthoux dont on sait parfaitement l’importance pour le maintien de la biodiversité ? Ou encore un collège à Thonon sur un camping privé au moyen d’une Déclaration d’Utilité Publique ? Certes, la pression démographique, énorme en Haute-Savoie, impose de la réactivité et un effort soutenu en matière d’équipements publics incontournables.
Mais, là encore, l’anticipation est nécessaire de la part des pouvoirs publics s’ils ont à cœur d’intégrer systématiquement la réalité environnementale : proposer un terrain et s’assurer et qu’il possède l’emprise foncière attendue est une chose, prévenir les dommages potentiels à l’environnement en est une autre.
On peut toujours rétorquer, en dernière minute, que le temps presse , mais ne serait-il pas plus logique de commencer à imposer à chaque commune une cartographie » vertueuse » des réserves foncières prioritaires pour les équipements publics, ce qui permettrait alors de préempter des zones libres de toutes contraintes naturelles… et dans certains cas refuser des permis de construire privés qui, en grignotant le territoire, ne laissent, au bout du compte, que des portions congrues et inadéquates quand le besoin public se manifeste.
Le droit environnemental a le mérite d’exister mais ne reste encore trop souvent connu que des seuls spécialistes ou trop souvent traité comme un bonus quand il ne dérange pas trop les habitudes.
En bref, le temps semble venu d’inverser les priorités, d’aménager le territoire avec un nouveau regard, de sensibiliser et former tous les acteurs en vue de la sauvegarde première des milieux naturels et des espaces agricoles.
FNE Haute-Savoie, depuis longtemps investie dans la protection de la nature avec l’ensemble de ses associations fédérées, est prête à mettre son expertise au service des décideurs et des biens communs, préférant, comme elle en a l’habitude, l’échange préalable et le travail concerté aux « rafistolages » trop souvent insatisfaisants ou aux recours juridiques coûteux pour tous en temps et en énergie.
Publié par FNE Haute-Savoie
Le Mercredi 05 mai 2021
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