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Hommage à Marcel Macaire

Secrétaire Général de la fédération plusieurs années durant, sa discrétion ne peut occulter un engagement de plus de 40 ans dans la protection de la nature ordinaire dont on peut distinguer sa passion pour la rivière Isère et la vallée du Grésivaudan, de la Combe de Savoie au seuil calcaire de Poliénas : sa contribution à la défense des boisements et des forêts alluviales y a été décisive.

Mercredi 29 octobre 2025 Vie associative

Marcel cachait bien son jeu. Sa discrétion n’avait d’égal que sa richesse. Elle aurait pu passer complètement inaperçue… Heureusement il y a l’héritage immense de nos souvenirs communs … et de ses écrits.

Marcel était le défenseur de la nature ordinaire : celle qu’il observait autour de lui, presque de sa fenêtre.

Autodidacte et travailleur infatigable, il réunissait la connaissance livresque et académique, aux données de terrains tirées de l’exploration et de l’observation de la nature. Ses résultats, démontrés par les nombreuses notes et documents qu’il produisait inlassablement, nous étonnaient et nous enchantaient.

Cette compétence était bien vite reconnue par tous ses interlocuteurs tant elle était évidente dans la qualité et la profondeur de ses travaux. Le monde académique avec lequel il avait su tisser des liens ne s’y était pas trompé.

Marcel a été de longues années durant, aux côtés de Robert Javellas, l’infatigable animateur de la commission eau à la FRAPNA Isère maintenant devenue France Nature Environnement  Isère. Il a pris sa part au fonctionnement de notre structure en siégeant au Conseil d’Administration et au Bureau souvent en qualité de Secrétaire Général.

Le temps manque ici pour rappeler toutes les actions auxquelles il a pris part, parfois de façon décisive. Il a été presque aussi difficile de choisir parmi ces actions celles que j’évoque devant vous en ce jour.

On ne peut passer sous silence son attachement à la rivière Isère. C’était véritablement un amoureux de cette rivière aux eaux parfois un peu grises trop souvent ignorée y compris de ses riverains. Il nous en a fait connaître les secrets.

Je me souviens d’une présentation devant le Conseil d’Administration de la FRAPNA et de son histoire dans cette plaine alluviale entre Moirans et Tullins où nous nous trouvons rassemblés aujourd’hui autour de sa mémoire

Dans cette plaine, il avait très tôt identifié les secteurs à enjeux de biodiversité aujourd’hui pour la plupart heureusement protégés par le département : la boucle des Moïles, l’étang de Mai …

Il m’est impossible ici de taire le travail de romain ou plutôt de chartreux qu’il avait entrepris sur la haut Grésivaudan en amont de Grenoble pour identifier les parcelles encore occupées par des boisements spontanés, conservant quelques lambeaux de l’ancienne forêt alluviale de l’Isère. Grâce à son travail et son engagement, quelques-unes de ces parcelles, les plus grandes et les plus riches ont pu être protégées à l’issue des travaux récents menés par le Symbhi pour prévenir le risque inondation dans la cuvette grenobloise.

Lorsque la vieillesse l’a retenu à son domicile, j’avais quelque fois le bonheur d’entendre sa voix au téléphone. Il  se révoltait contre un projet ou une action entreprise sur les boisements de la vallée de l’Isère. Il bouillait de nous voir agir de façon trop modeste à son goût, avant de comprendre que ce n’était pas la motivation qui faisait défaut mais les moyens.

« Un homme qui disparaît, c’est une bibliothèque qui brûle ». Cette phrase s’applique parfaitement à Marcel qui a toutefois transmis beaucoup de ses trésors sous la forme de rapports, de notes, de comptes rendus et tout ce qu’il avait rédigé.

La dernière fois que j’ai vu Marcel, c’est chez lui à Saint-Egrève où il mettait la dernière main à un système d’alimentation d’une mare qu’il avait créée dans son jardin. Je me souviens de Marcel maîtrisant dans son potager la germination de la petite massette, plante protégée des berges de l’Isère à des fins de réintroduction dans son habitat naturel. Je ne peux m’empêcher alors d’associer sa silhouette à celle d’Elzéard Bouffier, personnage de la célèbre nouvelle de Jean Giono « L’homme qui plantait des arbres »[1]  pour lequel l’agent des eaux et forêts venu constater les résultats d’une action menée une vie durant, ne pouvait que justifier son silence devant cet homme en disant « Il en sait bien plus que moi, il a trouvé un fameux moyen d’être heureux ».

Jacques Pulou

[1] https://www.youtube.com/watch?v=n5RmEWp-Lsk

Publié par FNE Isère

Le Mercredi 29 octobre 2025

https://www.fne-aura.org/actualites/isere/hommage-a-marcel-macaire/

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