Le bouquetin des Alpes, un miraculé
Le bouquetin des Alpes a bien failli disparaître à tout jamais. Heureusement à présent il n’est plus rare de le voir pointer ses cornes au détour d’un chemin de montagne. Comme rien n’est jamais acquis cependant, nous devons rester vigilants, car il n’est pas à l’abri des passions humaines.
Un acrobate
Le bouquetin des Alpes (Capra ibex) est un acrobate. Il se plaît à escalader les parois vertigineuses entre 500 et plus de 3 000 mètres d’altitude. Il se nourrit d’herbes, de feuilles d’arbustes et, faute de mieux, de mousses et de lichen. Sauf en période d’accouplement les mâles et femelles se regroupent en hardes séparées. Il est très facile de les distinguer : le mâle – 65 à 110 kilos – arbore de spectaculaires cornes recourbées en arrière qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre de long. Moins ostentatoire la femelle, ou étagne – 40 à 70 kg – a des cornes mesurant de 20 à 30 cm. Leur pelage varie selon les saisons, de beige en été à brun foncé en hiver, celui de la femelle est cependant toujours plus clair que celui du mâle. En hiver a lieu l’accouplement et en juin l’étagne donne naissance à un petit, rarement deux, dont l’espérance de vie est de 15 à 20 ans.
Bouquetin dans le massif du Grand Paradis - Photo Pierre David
Vive le roi
Très probablement notre bouquetin doit sa survie au roi d’Italie, Victor-Emmanuel II qui en 1856, affolé par sa raréfaction, interdit totalement sa chasse dans sa réserve royale du Grand Paradis. C’est qu’à cette date il ne restait plus que quelques dizaines d’individus en tout et pour tout dans le monde, errants dans la réserve ainsi qu’en Haute- Maurienne, qui est voisine. En effet, si se réfugier sur les falaises lui suffit pour échapper aux animaux prédateurs, le bouquetin est une cible facile pour le fusil des chasseurs et pour cela il faillit disparaître. Grâce à cette intervention, il se maintint au sein de ce qui est devenu le parc national du Grand Paradis dès 1922. En France, juste de l’autre côté de la frontière, il fallut attendre 1963 pour que le parc national de la Vanoise soit créé dans le but spécifique de donner refuge à la soixantaine de rescapés vivants encore en Haute Maurienne. Ainsi protégé, mais aussi par des réintroductions, le bouquetin a reconquis les Alpes. En 2017 sa population était estimée à plus de 50 000 individus répartis dans toutes les Alpes dont environ 11 000 en France, où il garde son statut d’espèce protégée : l’arrêté de 2007 interdit de le chasser, de détruire ses sites de reproduction et de repos, de le détenir et d’en faire commerce. Ouf, voilà une belle histoire !
Bouquetins dans le massif du Grand Paradis - Photo Pierre David
Ne pas baisser la garde
Mais il nous faut penser à l’avenir. Comme l’espèce s’autorégule par baisse de la fécondité des femelles en cas de forte densité, aucune surpopulation n’est à craindre qui serait dommageable pour l’environnement et l’économie. C’est pourquoi FNE est très vigilante vis-à-vis de toutes les interventions humaines décidées en dérogation du statut d’espèce protégée. A l’instar de nombreux mammifères, le bouquetin peut être atteint par la brucellose. Cela a été le cas dans le massif du Bargy en Haute-Savoie depuis 2012 pour quelques spécimens. Cette maladie pouvant être transmise au cheptel domestique ainsi qu’aux humains, FNE comprend la nécessité d’euthanasier exceptionnellement les individus reconnus atteints, mais s’oppose à tout plan de chasse visant à diminuer la population de manière indiscriminée. Sa position est détaillée sur le site de FNE de Haute Savoie.
Publié par FNE Isère
Le Lundi 03 janvier 2022
https://www.fne-aura.org/actualites/isere/le-bouquetin-des-alpes-un-miracule/
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