Elle est pas belle la vie ?

Chers amis,

Pour une fois, on ne va ni se plaindre des misères que l’on nous fait, ni râler des multiples agressions contre la nature que nous aimons. Nous allons nous faire du bien en pensant à tous les beaux succès de nos associations car il y en a et plus d’un !

Par quoi commençons-nous ? Par « que la montagne est belle » et le restera ! La vallée de la Maurienne restera un jardin d’Éden et ne subira pas les outrages dont rêvaient les élus des stations. Tous les projets d’agrandissement de domaines skiables et de liaisons entre stations ont été censurés par la justice et sont désormais abandonnés. Le massif du Haut-Giffre ne sera pas sacrifié sur l’autel des désirs du maire de Sixt-Fer-à-Cheval. Ici encore la justice a tranché et la nature a gagné. Le béton ne coulera pas à flots à Salvagny et la combe des Foges restera sauvage pour le plus grand bonheur des libellules. Et la liste ne s’arrête pas là car des Aravis en passant par l’Oisans, les aménageurs reculent ! Ne boudons pas notre plaisir et respirons à pleins poumons cet air encore frais du mois de mai qui sonne le réveil d’une montagne pleine d’une vie que nous ne nous lassons pas d’admirer… A propos de vie, les arrêtés préfectoraux autorisant la chasse des lagopèdes alpins, tétras lyres et autres bartavelles sont annulés en 2023 en Savoie et en 2024 en Isère et en Drôme. La chasse recule et c’est tant mieux car en dépit de la propagande des chasseurs, elle participe au déclin de ces espèces.

Il fait meilleur temps pour les blaireaux et leurs petits. A part dans les départements du Rhône et de la Loire, les autorisations préfectorales de déterrage printanier des blaireaux et de leurs petits sont censurés systématiquement par les tribunaux. Nous pouvons espérer que bientôt, ces sympathiques animaux inoffensifs (accusés à tort de propager la tuberculose bovine dont ils ne sont qu’une victime collatérale) pourront à nouveau s’épanouir sans crainte au sein de leurs groupes familiaux.

La rumeur du « vautour prédateur » n’a pas fait long feu dans notre région. Ces charognards exclusifs étaient accusés par les affidés de la FNSEA/JA et les enragés de la Coordination rurale de dévorer les animaux vivants. La vive réaction de nos associations conjuguée à des expertises vétérinaires systématiques ont mis fin à cette campagne de désinformation. Les vautours fauves, quasiment disparus de notre pays au milieu du XXème siècle, peuplent à nouveau les airs et leurs populations se sont reconnectées du Maghreb à la Croatie.

L’interdiction des néonicotinoïdes commence à porter ses fruits et dès les premiers beaux jours, plus d’insectes viennent s’écraser sur le pare-brise de nos véhicules, preuve (certes un peu morbide) d’une présence significative et de la résilience de la Nature. Et grâce à la mobilisation des associations et de scientifiques, le retour des insecticides néonicotinoïdes, via la proposition de loi du Sénateur Duplomb, semble barré par l’Assemblée Nationale. Les insectes ont peut-être de meilleurs jours devant eux.

La protection des milieux naturels reste d’actualité et la consultation en cours pour la protection des falaises du Vercors en est un bel exemple.

En ce joli mois de mai, savourons ces victoires du vivant, admirons ces paysages grandioses, régalons-nous de la générosité des floraisons printanières et de la vie animale si riche de notre région. Félicitons-nous d’avoir réussi, avec les associations amies que sont Mountain Wilderness et la LPO notamment, à préserver des pans entiers de nature et à permettre le rétablissement des effectifs de nombre d’espèces animales dont la contemplation nous procure tant de joie. Rien n’est jamais acquis définitivement, il faut continuer les combats mais ils ne sont pas vains et chaque année les destructeurs reculent un peu plus.

Eric Feraille
Trésorier et pilote des Réseaux Montagne et Juridique