Less is more* n’est pas français !
En toute matière, y compris en hydroélectricité, le bon sens pousse d’abord à l’amélioration des installations existantes plutôt qu’à la réalisation de nouveaux barrages. C’est une question de moindre coût, d’opérationnalité, d’efficacité.
En toute matière, y compris en hydroélectricité, le bon sens pousse d’abord à l’amélioration des installations existantes plutôt qu’à la réalisation de nouveaux barrages. C’est une question de moindre coût, d’opérationnalité, d’efficacité. Cette démarche a logiquement été suivie par nos voisins Genevois qui ont considérablement amélioré la production d’électricité du barrage de Verbois sur le Rhône.
On attendrait une telle démarche d’optimisation au pays de la logique cartésienne. Eh bien il n’en est rien ! Le renouvellement de la concession du Rhône à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) s’analyse en ce moment au Parlement. C’est l’occasion de ressortir un projet de barrage, proche de la confluence Ain-Rhône, pourtant abandonné en 1985 en raison de ses impacts trop élevés sur l’environnement.
Ne serait-il pas plus profitable, à la fois pour la production d’énergie et le maintien d’une compétence industrielle, d’améliorer la production de nos ouvrages dont les équipements énergétiques datent, pour certains, d’avant la seconde guerre mondiale ? Ce sont 19 chutes qui, tout au long du fleuve Rhône, méritent d’être modernisées.
Au-delà du Rhône, nos dirigeants choisissent de subventionner la destruction de nos derniers cours d’eau encore libres par des centaines de projets de microcentrales et pour un gain de production négligeable.
Le développement massif de l’hydroélectricité est fait. C’est l’œuvre du 20ème siècle. On connaît bien aujourd’hui les impacts sur le trafic sédimentaire, sur la morphologie des cours d’eau et au final sur la vie aquatique. Pour une production d’électricité non significative au regard de la transition énergétique à opérer, il est bien difficile de comprendre que l’argent public soit encore investi dans de nouvelles bétonisations de nos rivières.
Ce n’est pas la pollution mais bien les atteintes à la continuité des cours d’eau et à leur morphologie qui sont la première cause de leur mauvais état écologique. Quant à l’arrêt du trafic sédimentaire par les barrages et ses conséquences, la Camargue en est le malheureux témoin : elle disparaît sous les eaux, non pas à cause de la montée du niveau des océans sous l’effet du réchauffement climatique mais parce que le fleuve Rhône ne lui apporte plus les sédiments nécessaires pour compenser l’érosion marine.
Ces quelques lignes permettent de comprendre aisément la position de FNE AURA concernant l’hydroélectricité : réhabilitons l’existant et laissons nos cours d’eau encore intacts en paix pour préserver ces écosystèmes. La menace d’une diminution de 30% des débits du bassin rhodanien au cours des prochaines décennies fait bien partie du scénario du réchauffement climatique et impactera tout autant la production d’hydroélectricité que la vie aquatique !
Eric Feraille
Président de FNE AURA
Édito de la newsletter de janvier 2022.
* Moins c’est mieux
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Mardi 25 janvier 2022
https://www.fne-aura.org/actualites/region/less-is-more-nest-pas-francais/
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