Soutenez-nous, faites un don !
Abonnez-vous à notre newsletter

— Actualités —

Vols au-dessus d’un nid de pollutions

Selon l'Agence de la Transition Écologique, 57% des émissions de gaz à effet de serre générés par le tourisme lié aux sports d'hiver viennent des déplacements en voiture et en avion.

Mercredi 14 décembre 2022 Pollution

Depuis les Jeux Olympiques d’Albertville (1992), les accès routiers, notamment vers la Tarentaise, se sont considérablement améliorés. Les conséquences n’ont pas été que positives ! L’afflux des véhicules vers les stations a engendré une demande touristique forte. Dans le même temps l’immobilier de montagne a continué à se développer, les domaines skiables à s’étendre, quand les prix atteignaient les sommets. La crise climatique est venue, et malgré les timides efforts de certains acteurs, elle n’a pas occasionné de remise en cause radicale d’un modèle de développement nuisible pour la planète.

Le prochain week-end marquera l’ouverture de la saison d’hiver qui s’annonce économiquement bonne (au moins en termes de réservations) mais qu’en sera-t-il en terme d’environnement ?

Notre regard se porte sur les dessertes aériennes vers la Savoie. Le département dispose d’un aéroport « classique », celui de Chambéry, et du seul altiport européen se vantant d’être déneigé en toute saison, celui de Courchevel. Courchevel où se dérouleront les mondiaux de ski en 2023.

A l’aéroport de Chambéry, qui avant la crise du Covid, accueillait plus de 200 000 voyageurs, c’est l’effervescence. Selon Mylène Leuly, directrice de Vinci Airport, citée par Actu Montagne du 7 décembre, quatre compagnies vont opérer des vols commerciaux. Deux compagnies régulières (British Airways City flyer et Jet 2.com) et deux compagnies charters britanniques (TUI Fly et Titan). A cela s’ajoute l’aviation d’affaires, entendez les jets privés qui polluent le plus. Chambéry se glorifie d’être la troisième destination française en saison hivernale. C’est-à-dire celle où, souvent, la pollution stagne près du sol. Il s’agit d’un véritable cadeau…empoisonné aux populations. Mais selon la directrice de l’aéroport « la feuille de route pour tous les aéroports européens du groupe Vinci est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 ».

Ah, comment ? Une feuille de route qui sera déchirée juste après avoir été élaborée ?  Un mirage auquel croient seulement les crédules ?

(c) Alex Grechman on Flickr CC

Prenons la route vers Courchevel, pardon l’avion (15 minutes de vol depuis Chambéry, où deux petits avions sont stockés, selon Alpine Airlines, la seule compagnie aérienne desservant Courchevel). Ou encore l’hélicoptère. A 2000 mètres d’altitude on est grisé par l’air des cimes, au point de proposer, à grand bruit, une fois l’an, des meetings aériens dont les décibels incommodent les populations de Tarentaise. Quand ce n’est pas le vacarme causé par une école de pilotage comme un lanceur d’alerte en a fait part à FNE Savoie… Pollution sonore et atmosphérique sont les deux mamelles des évolutions aériennes. Le changement climatique et le maintien de la biodiversité ne sont pas au menu du théâtre aérien à ces altitudes respectables au-dessus des contingences mortelles et terre à terre des populations captives sous les couloirs aériens.

L’altiport de Courchevel représenterait environ 6500 mouvements pendant l’hiver dont 70% seraient des hélicoptères.  Une journée de février il y a 160 mouvements aériens estimés. Seule une minorité, celle des hélicoptères de secours, est pleinement justifiée. Au rêve des pionniers de l’aviation qui, en 1961, à la création de l’altiport croyaient en un monde meilleur et de progrès, pas informés alors de la place de l’humain dans le changement climatique, succède à nos yeux le cauchemar climatique. Un grenoblois d’adoption Claude Lorius, prélevant les carottes glaciaires dans les zones polaires, en fut un précurseur il y a plusieurs décennies, avec Jean Jouzel et les travaux du GIEC. Il serait temps de s’en soucier sérieusement dans nos vallées et nos montagnes plutôt que de penser uniquement en termes de rentabilité et de gains économiques.

 

(c) Philip Myrtorp on Unsplash

Publié par FNE Savoie

Le Mercredi 14 décembre 2022

https://www.fne-aura.org/actualites/savoie/vols-au-dessus-dun-nid-de-pollutions/

Partager


Je relaie

J'agis

Soutenez notre indépendance financière

Adhérez Faites un don

Avantage réduction d'impôts