60 000 loups en France selon certains élus ruraux, qui dit mieux ?!

À l’approche de l’élection présidentielle, les organisations professionnelles agricoles et les chasseurs contestent le chiffre d’environ 700 loups publié par l’Office Français de la Biodiversité (OFB, juillet 2021) en déclarant qu’il est largement sous-estimé. Et certains élus ruraux n’hésitent pas à plonger dans le ridicule en parlant de 60 000 loups en France, soit cinq fois plus que la population des loups de toute l’Europe ! Jeudi dernier, 21 octobre, lors du congrès des élus de montagne au Grand-Bornand (Haute-Savoie), le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, emboîte le pas et demande un « recomptage » des loups.

L’objectif sous-jacent des lobbies anti-loup est de faire « recompter » coûte que coûte les loups par les chasseurs, les louvetiers et les éleveurs. Mais les loups, animaux essentiellement nocturnes et se déplaçant sur des territoires de plusieurs dizaines de km², ne se comptent pas comme des brebis dans un enclos !
Reconnaissons que la manœuvre est astucieuse : sachant que le plan de tirs des loups français est fixé à 19% de la population estimée, plus l’estimation est élevée, plus le nombre de loups à abattre sera important, etc.

France Nature Environnement Auvergne Rhône-Alpes (FNE AURA) soutient l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS, aujourd’hui intégré à l’OFB). En effet, sa méthode de comptage, parfaitement transparente, mise en place depuis plus d’une décennie, a été saluée par la communauté scientifique internationale comme « une des plus complètes et mieux détaillées d’Europe ».
Pour cela, l’OFB fait appel à un réseau de près de 4 000 correspondants formés, issus de tous les acteurs du monde rural (dont les chasseurs et les éleveurs) qui recueillent, deux fois par an, des milliers d’indices de présence des loups (empreintes, crottes, images captées par les pièges photographiques, etc.).
Ensuite, tous ces indices sont analysés par les agents de l’OFB et des relevés de profil génétique sont pratiqués sur tous les excréments récoltés. La synthèse permet de cartographier les meutes de loups et d’estimer l’effectif présent. Et enfin, en août, des opérations dites de « hurlements provoqués » pilotées par l’OFB, auxquelles se joignent des chasseurs et des éleveurs, sont destinées à confirmer ou infirmer la reproduction de certaines meutes.

FNE AURA dénonce une grossière manœuvre électoraliste sans le moindre fondement scientifique, issue des groupes de pression anti-loup portés par le slogan « il faut recompter les loups ». FNE AURA demande au préfet de région, coordinateur du Plan national « loup et activités d’élevage », Monsieur Pascal Mailhos, de saisir le Conseil scientifique loup afin qu’il se prononce sur les déclarations des chasseurs et des organisations agricoles remettant en cause le travail de l’OFB.

Pour aller plus loin

• Protéger le loup en Auvergne Rhône-Alpes (FNE AURA)
• Gestion de la cohabitation du Loup et des activités pastorales (FNE AURA)
• Combien y a-t-il vraiment de loups en France : la guerre est déclarée entre pro et anti-loups (Charente Libre)
• Situation du loup en France (OFB)
• Le loup en France : Suivi – Analyses et indicateurs (OFB)
• Conseil scientifique du plan national d’actions sur le loup (Ministère de la transition écologique et solidaire)

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