Nouveau Plan loup : première réaction de France Nature Environnement
Après plus d’un an de groupes de travail sur des sujets très intéressants (programmes de recherche, suivi de la population de loup, statut juridique du chien de protection, attaque sur les bovins, etc.), d’échanges constructifs, parfois vifs, de contributions et de propositions notamment associatives, l’Etat a présenté en Groupe national Loup ce 18 septembre 2023, le contenu du plan national d’actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage.
On aurait pu s’attendre à ce qu’après l’expérience d’une trentaine d’années de présence de l’espèce, la priorité soit donnée à l’organisation de la coexistence entre la présence de l’espèce et les activités humaines, avec un Etat qui assume cette présence pérenne, affirme l’objectif légal d’un bon état de conservation pour l’espèce, définisse une vision à moyen terme et présente des mesures acceptables par toutes les parties prenantes et basées sur l’expérience acquise dans les territoires, sur ce qui fonctionne, sur ce qui n’a pas donné les résultats escomptés.
Malheureusement, le contenu de ce nouveau plan s’avère totalement déséquilibré, les 6 organisations de protection de la nature (ASPAS, Ferus, France Nature Environnement, Humanité & Biodiversité, LPO et WWF) ont annoncé leur retrait du Groupe National Loup.
Ce plan ne repose sur aucune évaluation du PNA précédent, ni analyse de l’évolution de la situation en termes de dommages, de développement de la population, de valorisation des expériences de terrain qui ont favorisé la coexistence. Il repose sur les récits de certaines organisations professionnelles et cynégétiques, repris sans filtre voire amplifiés par des parlementaires, sur l’accroissement de la population de loup, la mise en péril du pastoralisme, la remise en cause de la qualité et du professionnalisme de l’Office français de la biodiversité.
Aussi, le gouvernement affiche un objectif de modification du statut de protection du loup, ceci alors même que le loup n’est pas en état de conservation favorable en France et que déjà le cadre juridique actuel permet l’usage de dérogation pour gérer des situations problématiques. Notons que le plafond actuel de destruction du loup est fixé à 209 loups, soit près de 20 % de la population.
Les conditions de tirs du loup sont facilitées, avec l’autorisation de l’usage de matériel de vision nocturne et la présence de deux tireurs pour un « tir de défense simple », ce qui correspond à des tirs autorisés pour un faible niveau de dommages et avec plus de 2 500 autorisations actuellement en cours sur 25 départements. En clair, cela ouvre la possibilité de destruction de loups dès qu’il y aura eu une attaque, même si le nombre de victimes est très faible, au lieu de réserver les tirs aux foyers de prédations où les attaques sont réellement nombreuses.
En dépit des propositions associatives, l’Etat ne modifie pas sa doctrine dans les territoires de présence nouvelle du loup et autorise des tirs létaux alors que les troupeaux ne sont pas protégés. Ainsi, 90 % des loups en cours.
d’installation dans une dizaine de nouveaux territoires ont été tués au cours des cinq dernières années. Par ces mesures, l’Etat organise le contingentement géographique du loup et l’empêche d’atteindre le bon état de conservation sur l’ensemble de son aire de répartition naturelle.
L’Etat autorise des tirs sur des troupeaux bovins non protégés dans des situations où l’état des dommages, la récurrence des attaques ne sont pas caractérisés.
Il n’y a toujours pas d’évaluation ni de l’efficacité des tirs pour faire baisser la prédation, ni des impacts de ces tirs sur l’évolution de la population de loups.
Le plan ne fait mention que des impacts négatifs de la présence du loup et pas des bénéfices qu’elle apporte, notamment pour la régulation des populations de grands ongulés pourtant nécessaire pour le bon fonctionnement des écosystèmes forestiers.
Aucune proposition associative n’a été retenue, et sans explication sur les raisons de leur rejet.
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Roger Mathieu : rogermathieu1@gmail.com 06 30 12 20 52
Publié par FNE Auvergne Rhône Alpes
Le Jeudi 21 septembre 2023
https://www.fne-aura.org/nos-avis/region/nouveau-plan-loup-premiere-reaction-de-france-nature-environnement/
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