A l’ombre bleue de la ripisylve
Mieux connaître les milieux naturels et leur biodiversité est indispensable pour améliorer leur préservation. FNE Ain a évalué la ripisylve de l’Albarine et confirme sa richesse exceptionnelle.
Le long de l’Albarine
Cet été, alors que la sécheresse battait son plein, FNE Ain est allé se rafraîchir sur les berges de l’Albarine, afin d’évaluer la biodiversité de ce milieu grâce à l’IBC (Indice de Biodiversité et de Connectivité) ripisylves. Cet indice, développé par FNE AuRA et ses partenaires, mesure la qualité de la ripisylve, pour restaurer ou préserver correctement ces milieux exceptionnels et riches de vie.
Les ripisylves sont une composante de la trame bleue. Source de nombreux services écosystémiques et oasis de biodiversité, elles disparaissent de plus en plus de nos territoires. Il est urgent d’agir pour qu’elles soient mieux protégés.
L’Albarine
L’Albarine est un affluent de l’Ain et sous-affluent du Rhône.. La ripisylve étudiée se situe à Chaley, en aval de la cascade de Charabotte.
La richesse du milieu rivulaire
Cette ripisylve est intéressante car la rivière présente des méandres, des lônes et une végétation abondante, offrant une biodiversité diversifiée. La réalisation de l’étude confirme unmilieu riche avec une note globale de 65 sur 100.
Le premier point fort de la ripisylve est son contexte environnemental de forêt ancienne. En effet, la forêt n’a pas subi de dégradation depuis des décennies et comporte des arbres de très haute tige avec un fort degré de naturalité. Elle s’étend sur plusieurs hectares pour offrir un magnifique site naturel. Un autre point fort de la ripisylve est la forte connectivité des milieux. La rivière coule au fond d’une vallée, entourée de la forêt, sans infrastructure de transport à proximité immédiate. Cela offre un paysage non fragmenté et très intéressant pour la faune. Cette ripisylve est en effet un véritable corridor biologique, entre les prairies humides, les marais, les falaises et le vallon boisé. Elle permet à de nombreuses espèces de se reproduire, de s’alimenter et de se déplacer.
Une faune insoupçonnée
On y trouve par exemple le putois d’Europe (mustela putorius). Ce petit carnivore de la famille des mustélidés, parfois qualifié de mammifère semi-aquatique, affectionne les zones humides. Cette espèce est malheureusement en déclin au niveau national. Préserver les environnements dans lesquels il peut s’épanouir, comme les ripisylves, est primordial pour sa survie, d’autant plus quand la connectivité à d’autres milieux (marais, prairies…) est forte. En effet, les milieux naturels diversifiés et humides sont l’habitat de prédilection du putois en France, du fait des possibilités d’alimentation plus importantes pour lui. Etant le carnivore le moins connu sur notre territoire, sa préservation est un enjeu.
Le putois d’Europe (mustela putorius)
Une beauté sauvage mais fragile…
La ripisylve est victime de la présence de plusieurs espèces exotiques envahissantes. On retrouve ainsi sur ses berges le buddléia de David, le fameux arbre à papillons, ainsi que le solidage. En outre, la ripisylve n’a pas une strate arbustive très fournie pour lutter contre les envahisseurs. Elle manque également d’hélophytes. Par ailleurs, si les arbres de haute tige présentent des micro-habitats intéressants, la présence de chemins de randonnée, empruntés, pourrait être un inconvénient pour la tranquillité de la faune sauvage propre à ce milieu. On note également la pratique d’activités sportives à proximité, pouvant avoir un impact sur la vie de la rivière (canyoning, spéléologie…). La ripisylve a un très fort potentiel écologique mais est susceptible de subir plusieurs dégradations si l’invasion d’espèces non indigènes et l’intensité des pratiques sportives deviennent trop importantes.
Le buddléia de David, le fameux arbre à papillons est une espèces exotiques envahissante
Un site naturel emblématique
Le site de la Charabotte est emblématique des rivières et des ripisylves du Bugey. Il offre des paysages d’une beauté sauvage et de véritables services écosystémiques : fraîcheur, ressource en eau, dépollution de l’eau grâce à la ripisylve, abris et nourriture pour la faune… Sa proximité avec le site touristique de la cascade de la Charabotte le rend facilement accessible et attractif pour les bénévoles du réseau de FNE. Ce site a d’ailleurs été retenu pour des études IBC Ripisylves par le syndicat de rivières gestionnaire, le SR3A (Syndicat Rivière Ain Aval Affluents) pour sa forte patrimonialité (lônes, gorges sauvages).
La ripisylve de la Charabotte, le long de l’Albarine
La ripisylve de la Charabotte, le long de l’Albarine, représente un havre de paix et un véritable corridor écologique, qui mérite toute notre attention, pour une protection durable de cet environnement exceptionnel.
Publié par FNE Ain
Le Mercredi 15 février 2023
https://www.fne-aura.org/actualites/ain/a-lombre-bleue-de-la-ripisylve/
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